Les techniques subversives se propagent sur le web

Les actions spectaculaires qui apparaissent aujourd’hui dans les réseaux sociaux s’inspirent des mécanismes de rebond informationnel. C'est le cas de copwatch.
Dans les années 70, les groupes gauchistes les plus remuants compensaient leur faiblesse numérique par des méthodes très agressives de protestation afin de donner le maximum de résonance à leurs messages. L’objectif était de créer un réflexe émotionnel fondé sur les principes d’injustice et de victimisation. Les groupes maoïstes choisissaient leurs cibles pour déclencher une réaction médiatique. L’attaque du magasin Fauchon eut de la résonance parce qu’il s’agissait d’un symbole de la consommation de luxe et que la nourriture dérobée fut ensuite distribuée dans des bidonvilles. La rubrique quotidienne agitprop du Monde rendait compte de ce type de propagande subversive.
Le cas Copwatch
Les actions spectaculaires qui apparaissent aujourd’hui dans les réseaux sociaux s’inspirent des mêmes mécanismes de rebond informationnel. C'est le cas de copwatch. Ce blog s’est automissionné pour surveiller les mauvais comportements de la police. Ses auteurs dénoncent notamment les actes de racisme ou de délit de « sale gueule ». Copwatch publie des photos des policiers incriminés et les trace sur Facebook ou recoupe l’information avec des sources diverses. D’inspiration libertaire, il fait penser à la campagne intitulée « Désarmons la police », initiée par les groupes ouvriers antiflics qui menaient des actions dans la rue pour dérober l’arme de service d’un gardien de la paix, puis photographiaient la scène pour la reproduire dans la presse gauchiste.
Une subversion difficile à contrer
La force de frappe de ce type de démarche subversive est qu’elle profite de la jungle domiciliaire du net. Les deux plaintes déposées par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant n’ont pas été suivi d’un effet opérationnel, car le site est toujours en ligne et relayé par des sites miroirs. L’Etat cherche encore les parades à ce type de manœuvre subversive. Le mouvement des Indignés qui se propage à travers le monde recourt au même type de créativité, s’inspirant souvent de techniques anciennes (slogans inscrits sur des billets de banque, focalisation de la protestation sur des lieux symboliques comme Wall Street). Il est pour l’instant difficile de mesurer l’impact de tels agissements. Mais force est de constater que les méthodes répressives classiques ont atteint leur limites en termes d’efficacité.
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