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Les serveurs lames affichent de meilleures performances et leurs processeurs consomment moins. Leur champ d'application s'élargit, mais leur exploitation requiert du savoir-faire.
Présentés sous la forme de cartes très compactes, recevant du mono au quadriprocesseur et s'intégrant dans des châssis au format normalisé et à connectique réseau et stockage partagée, les serveurs lames ont toujours eu de solides
arguments en leur faveur, même si leurs défauts de jeunesse étaient parfois très handicapants. Avec les progrès technologiques, un regain d'intérêt se manifeste pour ce type de matériels. Et aujourd'hui, on s'y intéresse volontiers pour répondre à
des démarches de consolidation et de mutualisation des ressources. La technologie lame étant bien adaptée à l'architecture à trois niveaux des applications modernes, il n'est pas surprenant qu'elle soit souvent mise en ?"uvre dans le cadre de
projets de centralisation des applications, exploitant le serveur de présentation de Citrix.
Utilisation : une synergie avec Citrix et VMware
Dans le cadre d'un projet de modernisation de l'informatique bureautique, l'établissement régional Île-de-France de l'EFS (Établissement français du sang) a ainsi mis en ?"uvre des châssis lames HP pour servir six cents postes
bureautiques répartis sur quarante sites. L'établissement aurait pourtant pu retenir une solution à base de serveurs conventionnels HP ' rackables ', de type DL380. Toutefois, argumente son DSI, Marc
Fantino, ' nous voulions privilégier une technologie d'avenir et ne pas avoir à changer de systèmes dans trois ans '.Opter pour les serveurs lames est également une bonne façon d'évoluer vers la virtualisation de serveurs façon VMware. De fait, il n'est pas rare d'associer trois technologies : les serveurs lames, le serveur Citrix Presentation
Server et l'hyperviseur ESX de VMware. La technologie VMware a été retenue par l'Afnor (Association française de normalisation) pour remettre de l'ordre dans le centre informatique. ' Nos serveurs frontaux devenant trop
nombreux, nous les avons remplacés par une solution basée sur ESX et des serveurs lames. Nous avons ainsi acquis trois lames quadriprocesseurs et six lames biprocesseurs. Cette combinaison ESX-lames nous paraissait être la solution la plus
intéressante du moment. Les technologies sont arrivées à maturité et les lames permettent de consolider la connectique SAN et réseau ', explique Yves Boulanger, chargé de l'administration des systèmes de l'Afnor.
Les gains : une exploitation plus flexible
Pour Yves Boulanger, le retour sur investissement de cette nouvelle architecture est indéniable : ' Sur les anciens serveurs, notre cluster d'équilibrage de charge n'utilisait que 20 % des ressources
matérielles. Avec VMware nous avons pu installer jusqu'à huit machines virtuelles sur une lame quadriprocesseur. 'En s'améliorant, les serveurs lames ont élargi leur champ d'application. On n'hésite plus à en tirer parti pour les applications critiques. Suite à un accident de climatisation de sa salle serveurs, SFD, un distributeur de solutions
mobiles SFR, a dû changer tous ses serveurs et a choisi de migrer l'intégralité de sa production informatique sur des serveurs à petits facteurs de forme. Cela l'a amené à porter sur des serveurs lames ses applications frontales, mais également son
application de gestion SAP, qui, jusqu'en 2004, était exploitée sur un serveur HP-UX. Pour Sylvain Coquio, DSI de SFD, le calcul économique fut vite fait : ' La maintenance de ce serveur revenait à environ 50 000
euros par an, alors que les serveurs lames nous coûtent annuellement 6 000 euros. ' Actuellement, le distributeur exploite et sauvegarde, sur près de quatre-vingt lames Dell et HP, la plupart de ses applications métier
(SAP, la GRC, des bases Oracle et SQL Server, la messagerie Exchange, ainsi qu'un datawarehouse développé sur SQL Server 2005).
Mise en ?"uvre : un nécessaire couplage avec le SAN
La mise en place des serveurs lames ne peut être envisagée sans une mutualisation des ressources de stockage. David Gillon, responsable solutions chez Jet Multimédia, considère que ' les serveurs lames
deviennent intéressants dès que l'on met en ?"uvre un SAN '. Dans le cadre de l'un de ses métiers, les services en mode FAH, le prestataire s'est équipé de serveurs lames en 2005, pour lancer son service de messagerie
hébergée, Jet HostedExchange. ' La performance des accès au stockage nous importait, car Exchange est très gourmand en bande passante. Nous avons donc privilégié les serveurs lames pour tirer parti de l'infrastructure réseau
et SAN intégrée des châssis lames ', explique David Gillon. La bande passante partagée des châssis semble suffisante. Ainsi, ' avec des tiroirs qui exploitent une connectique FC à 2 ou 4 Gbit/s,
nous ne souffrons d'aucune limitation ', atteste David Gillon. Même son de cloche à l'Afnor où ' les serveurs lames ne sauraient se passer du SAN, explique Yves Boulanger. Tous les
fichiers VMDK des machines virtuelles ESX sont stockés sur le SAN. Pour des considérations de haute disponibilité, nous stockons des machines virtuelles dormantes sur le SAN que nous pouvons activer en cas de panne des lames. Nous pouvons déplacer
les machines virtuelles d'une lame à l'autre, réaliser de la maintenance en ligne sans arrêter l'exploitation et faire cohabiter des machines virtuelles Windows et Linux sur une même lame '. Et bien qu'aucun logiciel
d'exploitation, mis à part ESX, ne réside sur les lames, ' nous sommes loin d'avoir atteint les limites des châssis en termes de bande passante ', ajoute Yves Boulanger.
Les écueils : attention à l'infrastructure d'accueil
Pour autant, les premiers utilisateurs de serveurs lames ont eu moins à souffrir de performances insuffisantes que de problèmes de dissipation thermique. Néanmoins, selon David Gillon, il convient désormais de relativiser l'importance
de ces défauts : ' Nous venons de mettre en place la deuxième version de notre service de messagerie. Cela nous a permis de constater, qu'en deux ans, les technologies lames avaient effectivement évolué. L'utilisation de
processeurs Opteron a permis de réduire de façon appréciable la dissipation thermique '. Du coup, le prestataire commence à employer des serveurs lames pour d'autres services. Dans tous les cas de figure, on ne peut faire
l'impasse sur la qualité de la salle informatique. Lorsque les serveurs lames arrivent dans un environnement d'exploitation déjà consolidé, les questions de protection électrique et de climatisation ont en principe été déjà réglées. L'EFS
Île-de-France exploite ainsi ses serveurs lames dans une salle qui était déjà équipée de trois systèmes de climatisation redondants. Il arrive cependant que le niveau technique de la salle soit insuffisant pour accueillir des baies à haute
densité ; auquel cas, il faut se résoudre à s'équiper de systèmes environnementaux performants, adaptés aux serveurs lames, voire aussi à réaménager sa salle. Ces investissements supplémentaires peuvent lourdement grever les coûts de possession
de systèmes en lames. Une façon de se libérer de ces contingences d'infrastructure est de faire appel à un hébergeur. Certes, on ne vient pas à l'externalisation pour la simple raison que l'on projette de s'équiper de serveurs lames. En revanche, le
fait que l'on se soit tourné vers un hébergeur peut faciliter le passage aux serveurs lames. Le recours à l'externalisation peut également être motivé par le fait que la salle informatique interne n'est plus conforme aux normes de protection. Après
son accident de 2004, SFD a ainsi préféré externaliser chez oXya la plupart de ses serveurs de production.Cependant, l'externalisation ne règle pas tout. En matière de configuration, les exploitants ont à répondre à deux questions antinomiques : comment minimiser les coûts d'acquisition et d'installation et maintenir les risques
d'exploitation à un niveau acceptable ? L'achat de nouveaux châssis alourdit de façon significative le coût d'une ferme de serveurs lames ; par conséquent, autant avoir une vision à long terme de l'évolution des besoins, de façon à
s'assurer que l'on remplira ?" et rentabilisera ?" les châssis. Mais, jusqu'à quel point peut-on raisonnablement les remplir ? En dépit des améliorations technologiques apportées aux lames, il reste déconseillé de trop les
concentrer, voire de porter les châssis au maximum de leur capacité d'accueil. La recherche d'un taux idéal de remplissage des châssis et de leur répartition adéquate dans les armoires serveurs est donc affaire de compromis. C'est un point auquel
SFD se montre sensible : ' Nous faisons attention à la répartition physique des serveurs lames. Pour cela, nous tenons compte des spécifications du constructeur. Les lames ne sont donc pas installées ensemble, mais
réparties sur plusieurs baies ', précise Sylvain Coquio.
Les ressources : des exploitants rompus à la supervision
Autres points à ne pas sous-estimer : la charge d'exploitation de ces nouveaux serveurs ainsi que la formation aux technologies de virtualisation. ' Aussi magique que puisse paraître cette association
serveurs lames-VMware, il faut que l'équipe d'exploitation comprenne correctement la logique de virtualisation ', avertit Yves Boulanger, de l'Afnor. Certes, l'administration des serveurs lames est facilitée par les
utilitaires de gestion des châssis que fournissent les constructeurs. Qui plus est, ' l'opération de configuration d'une lame est relativement simple, du moins avec Windows ', explique Sylvain Coquio.
Pour autant, reconnaît-il, ' l'exploitation des lames peut représenter un peu plus de travail que dans le cas des serveurs conventionnels, ne serait-ce que parce qu'il y a plus de machines à
surveiller '. D'où l'intérêt de s'appuyer aussi sur des outils d'administration et de supervision. Pour sa part, l'EFS Île-de-France se contente de l'outil système Insight Manager, tandis que SFD utilise sa console de
supervision d'entreprise OpenView pour superviser les alertes d'exploitation remontées depuis les lames HP et Dell. Le distributeur s'appuie aussi sur le logiciel de télé-distribution d'Altiris. Ces problématiques de configuration et d'exploitation
montrent que les systèmes en lames ne sont pas des équipements banalisés que l'on achèterait ' sur étagère '. Leur mise en ?"uvre doit s'inscrire dans le cadre de démarches projet. Et, s'il convient
de ne pas exagérer les défauts de ces technologies, il ne faut pas, à l'inverse, les adopter aveuglément. Aussi, conclut David Gillon, ' nous adoptons les serveurs lames au cas par cas. Dans nos projets, nous comparons ce que
nous coûteraient des solutions à base de serveurs lames par rapport à des solutions plus conventionnelles '. Les serveurs au format 1U sont en effet loin d'avoir été éclipsés.