Les télécoms militaires à l'heure de l'infogérance

La Dirisi dispose depuis cet été d'un second satellite Syracuse III, qui donne une nouvelle dimension au réseau mondial dont elle a la responsabilité.
En 2004, les armées françaises ont engagé une profonde mutation dans l'exploitation de leurs réseaux de télécommunications. Auparavant, chaque arme (terre, air, mer et gendarmerie) disposait de ses propres systèmes, une démarche
qui rendait complexes les communications interarmées, devenues la règle dans une conception de la défense de plus en plus centrée sur les réseaux. Il a donc été décidé de centraliser certains moyens de transmission sous la houlette d'une
nouvelle entité, la Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information, la Dirisi. ' Cette direction agit comme l'opérateur de télécommunications de la défense, résume le capitaine de frégate Jean?"Claude Veillon. Elle a la responsabilité des réseaux de transit
et de desserte du ministère de la Défense, des réseaux dits d'élongation (pour les opérations extérieures, les ' opex '), ainsi que des systèmes d'information. Elle intègre des personnels des quatre armes, des
spécialistes civils et des équipes déléguées par des industriels comme Thales ou Alcatel, qui interviennent en sous-traitance. 'Opérateur technique, centrale d'achat d'équipements et de capacités de transmission, organisme de normalisation et de gestion de fréquences, en charge de la sécurité matérielle et logicielle des systèmes, la Dirisi se
présente volontiers, à l'image du secteur civil, comme une structure d'infogérance informatique et télécoms agissant pour le compte des forces françaises, de certains services de l'Etat et même de clients étrangers comme
l'Otan ou les armées allemandes et belges.La centralisation des demandes et la planification des besoins s'effectuent au Kremlin?"Bicêtre et à Maisons?"Laffitte, puis ces requêtes sont répercutées vers les centres opérationnels. Parmi ceux?"ci, le Centre
spécialisé des télécommunications et de l'informatique (CSTEI) de Favières a la mission, parmi plusieurs autres, de gérer les liaisons se rapportant aux opex. A ce titre, le CSTEI est responsable de la principale tête de réseau du système
satellitaire Syracuse (SYstème de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE), dont la première charge utile a été lancée en 1984. Elle était, à l'époque, embarquée à bord du satellite Télécom 1A, copropriété de France Télécom et de la
Direction générale pour l'armement (DGA).Cette formule mixte, alliant missions civiles et militaires, a été reconduite sur les deux engins suivants, puis sur les quatre Télécom 2 qui ont été lancés à partir de 1992. ' Les spécifications du système ont été définies sur la base de scénarios précis, rappelle Caroline Laurent, directrice du programme Syracuse à la DGA. Notre cahier des charges prend en compte
le soutien à deux interventions simultanées sur deux théâtres distincts, en plus de la posture permanente, soit une opération déployant trente mille hommes (avec un trafic de 400 Mbit/s sur zone et 30 Mbit/s avec la métropole) et une
seconde mobilisant cinq mille hommes (70 Mbit/s sur zone et 20 Mbit/s avec la métropole), débits auxquels il faut ajouter les transmissions habituelles vers les DOM?"TOM, les bases permanentes à l'étranger et les navires de la
marine nationale (soit 2 Mbit/s). '
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