Les terminaux bimodes, vitrine de la convergence fixe-mobile
Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
Dans l'entreprise, le mariage entre PBX-IP et combinés bimodes est tout aussi prometteur que les téléphones GSM/Wi-Fi pour le grand public
Lors du 3GSM World Congress, qui s'est déroulé à Barcelone en février dernier, les fabricants traditionnels de téléphones GSM ?" Nokia en tête ?" ont lancé des appareils bimodes GSM et Wi-Fi par le biais de
l'UMA.Cette technologie a reçu la bénédiction des opérateurs mobiles, qui, de par leurs volumes de commandes de téléphones cellulaires, influencent la stratégie des fabricants. L'UMA est vu par l'opérateur comme une extension du
réseau cellulaire GSM, avec une couverture radio au domicile de l'utilisateur via sa borne Wi-Fi, ou dans le domaine public, via des hot spots. Mais surtout, il garantit aux opérateurs cellulaires la continuité des communications
téléphoniques (hand-over automatique) passées entre un réseau cellulaire mobile et une zone de couverture radio Wi-Fi (ou vice versa), abolissant ainsi les frontières entre le monde IP et celui des réseaux cellulaires.Ce service suppose à la fois que le téléphone soit UMA, que le réseau de l'opérateur gère cette technologie, et que la passerelle Wi-Fi soit reliée au réseau IP du même opérateur. UMA intéressera un opérateur de réseau IP fixe,
dépourvu de réseau mobile mais qui serait MVNO, ou un opérateur intégré souhaitant développer des services quadruple play (mobile, Internet, voix et TV). Les opérateurs mobiles ou intégrés offrent ainsi aux particuliers, qui
conservent leur numéro de mobile, une alternative aux services de voix sur IP ' gratuits ' des FAI, tout en reprenant la main sur la substitution des appels voix mobiles par la voix sur IP à la maison.
Les fabricants de PBX-IP en première ligne
Cette stratégie est appliquée par Orange avec son téléphone Unik, le modèle UMA bimode 6136 de Nokia. Si, en dehors du domicile de l'abonné, Unik fonctionne comme un mobile GSM, à son domicile, il se connecte en Wi?"Fi par
le biais de la Livebox. Ce service repose sur deux équipements Ericsson : un élément greffé sur l'infrastructure de c?"ur de réseau mobile d'Orange, lequel est aussi doté d'une passerelle sécurisée connectée au réseau IP
de France Télécom. L'opérateur envisage de décliner rapidement cette fonction sur ses Livebox destinées aux entreprises.Une autre technologie, reposant sur SIP (Session initiation protocol), assure également un service de convergence fixe-mobile. Elle s'appuie sur des téléphones GSM/Wi-Fi qui intègrent un client logiciel SIP.
Neuf cegetel, qui est aussi MVNO sur le réseau de SFR, a choisi cette technologie. Son téléphone Twin est un modèle bimode conçu par le fabricant taïwanais WNC. Fonctionnant sous Linux, il incorpore un client SIP. En pressant sur la touche Wi-Fi de
ce combiné, l'abonné se connecte à la Neuf Box et téléphone aux conditions tarifaires de la ligne ADSL. Hors couverture Wi-Fi, Twin se comporte à la manière d'un téléphone GSM. Comme avec l'UMA, l'abonné d'un tel
service a un numéro de téléphone mobile, sachant que l'offre de Neuf cegetel peut fonctionner en Wi-Fi avec des abonnements mobiles tiers.Dans le réseau de l'opérateur, une passerelle SIP ainsi qu'un serveur softswitch gérant les communications vocales sont nécessaires.Si SIP apporte la gestion de présence de l'abonné (disponible, occupé ou absent), il n'assure pas encore de continuité de communication entre les infrastructures de réseaux cellulaires et celles des réseaux Wi-Fi privés ou
publics. Reste à pondérer cette insuffisance fonctionnelle par le nombre de communications réellement concernées par un tel besoin. Son concurrent Free propose aussi un téléphone bimode. Les appels sont passés en Wi-Fi via la Freebox, moyennant une
option payante forfaitaire de 9 ? avec appels illimités vers les postes fixes en France.Le monde de la téléphonie privée d'entreprise est aussi très concerné par l'avènement des téléphones GSM/Wi-Fi. Les fabricants de PBX-IP sont en première ligne. Pour eux, l'enjeu consiste à intégrer ces combinés
sans fil d'un nouveau genre dans leurs stratégies produits, de sorte qu'ils accèdent à toutes les fonctions téléphoniques de leur PBX-IP via une couverture Wi-Fi de l'ensemble des sites de l'entreprise.De leur côté, les quelques fabricants de téléphones cellulaires ayant franchi le Rubicon ont conçu des combinés bimodes distincts de ceux qu'ils proposent aux opérateurs en UMA, tels le CN620 de Motorola ou les E60, E61 et E70 de
Nokia. Pour l'entreprise, ces téléphones offrent un accès mobile aux services voix de leur autocommutateur privé (PBX-IP), tout en réduisant le coût des appels ?" qui sont gratuits lorsqu'ils sont passés en Wi?"Fi en
interne.
Un hand-over manuel entre GSM et Wi-Fi
Pour que cette intégration fonctionnelle devienne une réalité, les coopérations techniques se multiplient entre fabricants de PBX-IP et de téléphones cellulaires. Les opérateurs, eux, ne s'impliquent guère pour l'instant.
Ils n'ont, en effet, pas intérêt à voir ces déploiements ?" qui visent à réduire la facture des mobiles ?" se généraliser en entreprise. Cisco Systems coopère depuis plusieurs mois avec Nokia pour qu'un téléphone
bimode puisse être considéré par son serveur de voix sur IP Call Manager comme une extension de ligne téléphonique IP lorsqu'il est connecté en Wi-Fi dans l'entreprise. Cette intégration suppose un développement logiciel à partir des
spécifications CCX (Cisco compatible extension). Propres aux connexions Wi?"Fi, celles-ci assurent le bon fonctionnement des terminaux sur les points d'accès radio et les commutateurs Wi-Fi du constructeur. La
solution de Cisco ne prévoit qu'un hand-over manuel. Lorsque l'utilisateur entre ou quitte l'entreprise, il doit sélectionner le réseau Wi-Fi ou GSM qu'il utilise. En GSM, il reprend son statut
d'abonné mobile, avec le numéro d'appel fourni par son opérateur.Après avoir travaillé avec Motorola et Proxim sur les terminaux bimodes, Avaya coopère aussi avec Nokia pour développer un niveau d'intégration comparable à celui de Cisco entre ses PBX-IP et les appareils de la série E du
finlandais. L'enjeu est de transformer ces appareils en téléphones Wi?"Fi, identiques en termes fonctionnels à leurs équivalents filaires IP lorsqu'ils sont connectés au serveur Communication Manager d'Avaya. Les deux
constructeurs américains doivent bientôt livrer les premiers téléphones intégrés à leur PBX-IP.