La bataille de l'ADSL grand public bat son plein. Entre Wanadoo, qui s'efforce de préserver une part de marché qui s'effrite (de l'ordre de 60 %, fin 2003), de nouveaux entrants (Telecom Italia et Cegetel) cherchant à se faire une place au soleil, et des concurrents (9Telecom, Free, AOL et Tiscali) voulant consolider leurs positions, l'effervescence est bien là. Le nombre de lignes dégroupées est passé de 4 400, début 2003, à 275 000, début 2004, date à laquelle une dizaine d'opérateurs avaient signé une convention de dégroupage avec France Télécom. Mais c'est surtout sur le plan commercial que la bataille fait rage. Après maintes difficultés dans les grands centres urbains, Wanadoo a finalement obtenu, fin 2003, la faculté de baisser ses tarifs (39,90 euros par mois pour 1 Mbit/s dans le cadre d'une souscription de 24 mois). Aussitôt, la plupart des fournisseurs d'accès ont fait de même : 29,90 euros par mois pour 1 Mbit/s chez 9 Telecom, et 29,99 euros par mois les 2 Mbit/s chez Free. Mi-janvier, Cegetel entrait dans la danse avec une offre classique, essentiellement destinée aux clients du 7 (30 % des foyers sont actuellement éligibles, et 55 % le seront mi-2004).
Wanadoo ne devrait pas rester sans réagir
Interrogé sur son peu d'agressivité commerciale, alors qu'il est le dernier opérateur d'envergure à se lancer dans le dégroupage, Cegetel répond ' ne pas chercher à être le moins cher du marché ', tout en estimant que ' c'est le bon moment pour se lancer, puisque les deux tiers du marché potentiel restent à conquérir '.Il n'empêche : comparé à Free avec ses cinq cent mille abonnés à l'ADSL, AOL France (250 000 abonnés) ou Tiscali (200 000), Cegetel part de très loin... Cela dit, la situation n'est pas figée. Vu l'agressivité de certains opérateurs (Free ou 9 Telecom), les prix devraient à nouveau baisser dans les mois à venir, et Wanadoo ne pas rester inerte. De même, la montée en débit, avec la perspective de l'ADSL 2+ (Cegetel parle de 4 Mbit/s fin 2004), risque d'animer un peu plus un marché devenu hyper-concurrentiel depuis la mise en place du dégroupage. Difficile, pourtant, d'évaluer l'impact à court terme d'une politique commerciale où la montée en débit s'effectue à un rythme soutenu, exception faite de Wanadoo, qui pointe volontiers l'absence de services nécessitant vraiment un débit supérieur à 1 Mbit/s. Autre incertitude : le sort du projet de loi sur l'économie numérique, notamment de son volet sur le contrôle des contenus, qui pourrait être imposé aux FAI. Si ce filtrage devait se banaliser, nul doute qu'une telle disposition serait un frein au développement des accès de plus de 1 Mbit/s. Reste limpact de la TV sur DSL. Après France Télécom avec TPS à Lyon fin 2003, divers lancements sont attendus : Cegetel avec Canal+ à Rennes, et 9 Telecom, toujours avec Canal+, à Marseille. Même avec un modèle économique qui reste à trouver et des ambitions commerciales modestes, le concept est néanmoins en passe de devenir une réalité.
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