Les SSII n'ont pas connu de trêve estivale. En deux mois, une douzaine d'acquisitions sont intervenues, dont certaines riches d'enseignements. Le rachat de Getronics par le Hollandais KPN et celui de la division infogérance de CS par
le Britannique BT, notamment, marquent un tournant dans la percée des
' telcos ' dans les services informatiques. A la différence d'un Orange Business Services, les deux opérateurs s'éloignent des
télécoms et réseaux pour gagner les rivages de l'applicatif et du service pur et dur. Un pari ambitieux, d'autant que les entités reprises sont mal en point.Le rapprochement annoncé entre Akka et Coframi secoue, lui, le monde de la recherche et développement externalisée. En doublant de taille, Akka rejoindrait dans le peloton de tête les Altran et Alten. Une stratégie calquée sur celle
d'Assystem. Recentré sur son c?"ur de métier, le nouveau CS pourrait être la prochaine proie sur ce marché.
Coup double pour Steria
Mais la plus belle opération est à mettre à l'actif de Steria. En s'emparant de Xansa, la SSII fait coup double. Elle se renforce sur le marché britannique tout en rattrapant son retard dans l'offshore. Dépourvue jusqu'alors de
troupes en propre dans les pays à bas coût, Steria compte désormais 5 000 employés indiens.
' Son absence en Inde l'handicapait dans son ambition de devenir un grand d'Europe, constate Dominique Raviart,
analyste senior au cabinet Ovum.
Avec Xansa, Steris atteint un ratio des effectifs onshore/offshore de 25 %, le meilleur du marché. ' Un coup à la Capgemini-Kanbay.Si ce rachat rapproche Steria des 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, il ne bouleverse guère le palmarès européen. Selon Pierre Audoin Consultants (PAC), la SSII grimpe de la dix-huitième à la quatorzième place, juste derrière
le tandem KPN-Getronics, avec seulement... 1 % du marché.La consolidation du secteur est donc loin d'être achevée, ce qui laisse libre cours aux rumeurs les plus folles. Bull a ainsi été mariée deux fois cet été. Avec HP, puis avec GFI, une fois connue l'annulation de l'OPA de Fujitsu sur
cette dernière. Un repli qui a surpris.
' Il est rare qu'une OPA reste hostile pendant trois mois. Fujitsu aurait dû remonter son offre, afin de rendre plus confortable la position de Jacques
Tordjman ', estime Jean-François Perret, président de PAC. L'heure de la retraite n'a donc pas encore sonné pour le PDG de GFI. Cornaqué par le fonds Apax, il se donne jusqu'en 2010 pour rendre la mariée plus belle.
Objectif : un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros pour une marge opérationnelle de 9 %.
Inde, la menace fantôme
La rumeur la plus invraisemblable reste le rachat de Capgemini par Infosys.
' Une grosse acquisition pourrait intervenir dans 3 à 5 ans, tempère Jean-François Perret.
Mais d'ici là, les SSII
indiennes doivent se faire la main en rachetant des front office de 100 ou 200 personnes, notamment en France. 'Enfin, les comités de direction ont joué aux chaises musicales. Successeur de Serge Tchuruk avant la fusion Alcatel-Lucent, Philippe Germond, 49 ans, prendra la tête d'Atos Origin le 1
er octobre prochain. Une
place de dauphin laissée vacante après le transfert en juin de Dominique Illien, ancien numéro deux d'Atos, chez Sopra. Quant au récent débarquement de Didier Hermann du conseil dadministration de LogicaCMG, il ouvre la voie à une bataille
juridique mais aussi à une crise de pouvoir entre le groupe anglo-néerlandais et les anciens Unilogiens.
x.biseul@01informatique.presse.fr
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