Benoît Leboucher, directeur associé en charge de l'activité performance de la DSI chez Logica Business Consulting, dresse quelques pistes sur les nouveaux enjeux des directions informatiques face à la maturité technologique des utilisateurs.L'informatique se démocratise. Les utilisateurs sont désormais très aguerris et souvent mieux équipés chez eux qu'au bureau. Cette banalisation des technologies contraint les directions informatiques à évoluer. Elles n'ont plus d'autre choix que de se réinventer et de se repositionner dans la chaîne de décision tant vis-à-vis des utilisateurs que de leur direction générale. C'est une question de survie. Pour entreprendre sa mutation, la DSI, tout en restant fidèle à ses fondamentaux, doit anticiper les innovations et décider de les intégrer, ou non, à son offre de services, avant que leurs utilisateurs ne multiplient les initiatives non contrôlées. Le cloud, la mobilité, les réseaux sociaux… Autant de “ buzzwords ” qui jouent un rôle indéniable en termes de performances, en autorisant de nouveaux usages.
Le risque de se retrouver court-circuité
Cependant, ces nouveautés transforment les systèmes d'information, outils professionnels par excellence, en puissance de traitement informatique accessible de partout et par tous. La DSI se doit de répondre vite et avec à-propos si elle ne veut pas être court-circuitée. Le risque de désintermédiation est réel !N'importe quel département est aujourd'hui à même d'acheter et de mettre en œuvre un serveur et une application logicielle qui répondent à ses besoins, sans passer par le service informatique. Mais le vrai danger est que la DSI soit décrédibilisée et qu'elle perde en légitimité auprès des utilisateurs comme de la direction générale. Face à ce risque ? et surtout à ses conséquences ?, elle doit anticiper, ne plus se poser la question de pourquoi mettre en place telle technologie, mais plutôt celle de comment la mettre en place.Les difficultés à résoudre sont nombreuses. Car le processus de décision est long lorsqu'il s'agit d'équiper des milliers, voire des dizaines de milliers d'utilisateurs de telle ou telle technologie. Il faut éviter la construction de silos informatiques et fluidifier la circulation des données au sein de l'entreprise et à l'extérieur, pour faciliter le travail collaboratif et le partage d'informations. Il s'agit aussi de se poser les bonnes questions et de mettre au défi ses propres services. L'accès à telle application est-il nécessaire 24 h/24 et 7 j/7, ou une ouverture dix heures par jour est-elle suffisante ? Un réseau social d'entreprise doit-il disposer des mêmes fonctions que les réseaux sociaux grand public, certaines peuvent-elles être supprimées au profit d'une plus grande robustesse ? En procédant à cette inévitable refonte, la DSI pourra intégrer quatre nouvelles fonctionnalités qui renforceront efficacement son rôle.Créer une direction de la recherche numérique
Le responsable de la sécurité des systèmes d'information (RSSI), s'il existe déjà, doit gagner en responsabilité. Une direction de l'innovation, sorte de service de recherche numérique, peut être créée afin d'organiser la veille et d'anticiper l'intégration des technologies émergentes. Une direction des contrats simplifiera le pilotage et la gestion des engagements, sujet d'importance à l'heure où les services en mode cloud se généralisent. Enfin, une direction de l'externalisation sera chargée de repenser la stratégie en la matière.La DSI conserve ses fonctions régaliennes de gardienne du temple et voit ainsi son rôle enrichi. Affranchie d'une partie de l'exploitation par le recours aux services cloud, elle agit en véritable chef d'orchestre des systèmes d'information. De centre de coûts, elle devient davantage créatrice de valeur. Elle s'affirme en offreur de services aux utilisateurs ? et non en prestataire interne. Elle renforce sa dimension de partenaire de la direction générale grâce à une approche de bout en bout et à une vision globale des technologies, de leur usage et de leur évolution.Il ne faut pas se leurrer. A court ou moyen terme, 80 % des productions informatiques seront externalisés. La DSI doit monter d'un cran dans l'organigramme et se placer au niveau stratégique. Pour cela, elle doit aider la direction générale à tirer le meilleur profit de ces technologies. C'est à elle de gérer la complexité croissante de l'outil informatique et de profiter de sa position aux avant-postes de la technologie pour tirer parti des nouveaux usages.
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