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Les logiciels de Run Book : Automation normalisent les tâches récurrentes des équipes d'exploitation. Les ténors de l'administration système viennent sur ce marché en rachetant les pionniers.
Dans le langage des techniciens et ingénieurs de la production informatique, on parle communément des ' vérifications du lundi matin '. Des opérations routinières qui consistent à valider
le bon déroulement des traitements exécutés pendant le week-end. Une tâche ingrate, fastidieuse et consommatrice de temps, car souvent réalisée de façon manuelle. L'arrivée de nouveaux outils aptes à modéliser les procédures d'exploitation ?"
regroupés par le cabinet d'analyse Gartner Group sous l'appellation Run Book Automation (RBA) ?" pourrait cependant changer le quotidien des opérationnels de la production. Les éditeurs de ces logiciels se nomment Opalis, RealOps, Optinuity,
iConclude. Il s'agit pour la plupart de jeunes entreprises qui suscitent aujourd'hui la convoitise des ténors de l'administration des systèmes d'information. Ainsi, RealOps a été racheté cet été par BMC, et iConclude a été acquis en mars dernier par
Opsware, lui-même phagocyté ensuite par HP.
Agencer des objets plutôt qu'écrire des scripts
Tous ces logiciels présentent peu ou prou les mêmes composants. Un environnement de développement graphique aide à enchaîner les actions qui seront ensuite réalisées par le moteur de workflow du logiciel. A cet égard, l'utilisateur
dispose d'une librairie d'objets évoquant des opérations unitaires ?" redémarrer un serveur, exécuter une requête SQL, ouvrir un incident dans une solution de service desk, etc. ?" qu'il agence à sa guise.Le logiciel de RealOps, rebaptisé BMC Run Book Automation, rassemble 1 600 modèles de workflow, tandis qu'Opsware Process Automation System (PAS) dispose nativement de près de 2 000 modèles d'opérations de base et de plus de
100 connecteurs (ou packs d'accélération) vers des solutions tierces. La couche graphique et les objets cachent, en effet, une large palette de connecteurs vers des applications. Le logiciel d'Opalis se connecte de la sorte à la plupart des consoles
de supervision (Microsoft MOM, HP Openview, BMC Performance Manager), aux logiciels de sauvegarde de la gamme Veritas de Symantec, ou encore aux solutions de help desk telles que Peregrine Service Center (HP) ou Remedy (BMC). Le tout, sans qu'il
soit nécessaire de développer des interfaces ou des scripts supplémentaires.' Avant l'arrivée de ce genre d'outils, nous développions des scripts pour chacun des outils, mais nous ne possédions pas un référentiel central du processus ', rappelle Jean-Patrice
Glafkidès, responsable avant-vente d'Opsware. Les intégrations étaient réalisées point à point entre des solutions disposant chacune de leur propre workflow. L'automatisation se résumait à l'exécution séquentielle de tâches relativement simples à
l'aide de scripts. Or les logiciels de RBA déclenchent des workflows de machine à machine ou de solution à solution beaucoup plus complexes.
Réduire au maximum les actions récurrentes
Premier bénéfice généré : l'automatisation facilitée d'un certain nombre de tâches opérées souvent de façon manuelle, et donc propices aux erreurs et tributaires du savoir-faire et de la coordination de quelques individus. Par
exemple, la vérification de la configuration d'un serveur avant un déploiement applicatif, ou encore la préparation d'un changement de disque dur. ' Si une tâche est assumée par un processus éprouvé et validé, il existe moins
de risques d'erreurs qu'avec une action manuelle ponctuelle ', relève Christophe Richard, coordinateur du groupe de consultants métier de l'éditeur BMC. Les logiciels de RBA prennent notamment en charge les actions
répétitives, sans réelle valeur ajoutée, que le technicien effectuait jusqu'alors au moyen de guides d'exploitation. ' Notre logiciel PAS automatise tout ou partie du cahier de consignes, résume Jean-Patrice
Glafkidès. L'objectif n'est pas de tout endosser, mais de limiter la partie manuelle. ' Les directions informatiques qui souhaitent faire table rase des tâches administratives et enrayer l'envol des coûts
opérationnels y trouvent leur compte.Dans le cadre d'une gestion des incidents, de tels logiciels se connectent, entre autres, à une console d'administration. Ils sont configurés pour réaliser un certain nombre de vérifications de routine (au sein d'un fichier log, par
exemple) à l'arrivée d'une remontée d'incident ou d'un message d'erreur, pour diagnostiquer l'état d'un serveur ou d'une application, voire pour corriger un incident mineur. ' Tous les diagnostics de premier niveau exécutés de
façon systématique afin d'identifier un problème peuvent être réalisés automatiquement, précise Romuald Gauvin, directeur d'Erellis, distributeur-intégrateur de l'éditeur Opalis en France. Le logiciel, à l'identification d'un
message d'erreur connu et récurrent, va mettre en ?"uvre des scénarios types. ' L'outil ne remontera alors l'incident au niveau de l'administrateur système que lorsque ces différents scénarios auront été épuisés.
L'information recueillie permet également de renseigner automatiquement le ticket d'incident d'une plate-forme de service desk. Non seulement l'entreprise économise du ' temps de cerveau disponible '
pour les techniciens d'exploitation, mais elle améliore le support de premier niveau en filtrant les incidents avant de les escalader vers les échelons supérieurs.D'autres bénéfices sont attendus. A moyen terme, ces logiciels de RBA pourraient insérer une couche de pilotage dans les opérations d'exploitation routinières et ?"uvrer à la standardisation des procédures. Véritables chefs
d'orchestre, ils standardisent en effet la réponse à un événement donné grâce aux scénarios prédéfinis. ' On se retrouve alors dans l'optique d'une démarche de mise en conformité à Itil ' (le
référentiel des meilleures pratiques au sein du service informatique ?" NDLR), souligne Romuald Gauvin. L'arborescence décisionnelle peut s'enrichir avec le temps, jusqu'à gérer des processus plus complexes qu'une stricte application d'un
cahier de consignes.Cette standardisation pourrait s'avérer particulièrement utile dans le domaine de la gestion des demandes et des changements. Un processus généralement mal contrôlé au sein des grandes entreprises, et qui est source considérable
d'incidents au niveau de l'informatique. Certains éditeurs ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Parmi eux, BMC vient ainsi de dévoiler une nouvelle plate-forme logicielle (BMC Service Automation) qui rassemble son outil de RBA, ses logiciels de
gestion des configurations des serveurs et des postes client, ainsi qu'un logiciel de configuration des équipements réseaux acquis par le biais du récent rachat d'Emprisa Networks. En somme, une plate-forme pour automatiser et piloter la gestion des
changements au niveau du centre informatique.
Un champ d'action variable selon les logiciels
La liste des objets et tâches disponibles nativement dans ces solutions varie néanmoins selon les éditeurs. En fait, certains logiciels se veulent généralistes, tels ceux d'Opalis, de RealOps ou d'Opsware, et prétendent couvrir tous
les services dits de support dans la terminologie Itil : gestion des incidents, des changements, des problèmes, des mises en production et des configurations. D'autres ont un champ d'action limité, pas tant en raison de la spécificité du
produit que de l'origine et de la stratégie de l'éditeur.Le logiciel de Landesk, Process Manager, est ainsi plutôt dévolu à la gestion des configurations du poste client, et se destine donc au gestionnaire de parc. Sa librairie contient une centaine de tâches métier prêtes à l'emploi,
couvrant la télédistribution logicielle, la migration des postes, la mise à jour de PC, etc. L'outil d'Opsware ?" acquis à l'origine dans une optique d'orchestration des tâches de déploiement automatique sur serveur, la spécialité de l'éditeur
?", pourrait a contrario s'ouvrir à l'avenir vers d'autres domaines grâce à son rachat par HP. ' PAS n'est pas limité à un certain nombre d'outils. Nous avons déjà des accelerator packs (des connecteurs ?" NDLR)
pour HP Openview et Service Center ', signale Jean-Patrice Glafkidès.Le champ d'action de certains de ces logiciels de RBA dépasse même le cadre de la production proprement dite. Tel est le cas de la solution d'Opalis, utilisée par de multiples entreprises dans l'intention de réaliser des traitements
récurrents à vocation métier : émission de factures, archivage automatique de documents dans les dossiers client, traitement des commandes reçues par fax, consolidation des données pour l'émission de tableaux de bord, etc.
' A l'époque où Opalis a été élaboré, l'objectif était de pouvoir modéliser les traitements afin de dépasser la simple planification de traitement batch ', rappelle Romuald Gauvin. Une alternative aux
ordonnanceurs, en quelque sorte. Depuis, l'outil a évolué et aborde indifféremment les processus métier ou techniques.
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