L'externalisation des applications critiques sous pression
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De puissants facteurs poussent à l'externalisation des applications critiques. Au point de créer une pénurie de mètres carrés à haute disponibilité et de renforcer le rôle de l'hébergeur au détriment de l'infogérant.
' Les entreprises ne peuvent plus se permettre d'éteindre leur système d'information durant la nuit, constate Frédéric Jaffrès, directeur technique de l'infogérant Externall. Cela concerne même les PME : dès qu'elles ont des personnels nomades ou qu'elles disposent de bureaux, clients ou partenaires dans d'autres fuseaux horaires, une disponibilité 24 heures sur 24,7 jours sur 7 devient indispensable. ' Ce qui est généralement hors de leur portée. Seule solution : externaliser. On commence alors par confier la messagerie à un tiers, avant de passer à l'ERP. Les sites d'e-commerce sont également en première ligne. ' Ce sont devenus des applications critiques, puisque toute baisse de la disponibilité se traduit par une perte de chiffre d'affaires, complète Gilles Florentin, directeur de l'infogérance de Prosodie. On ne gagne qu'à les externaliser, à cause des modifications constantes, des redirections des flux qu'ils réclament et des attaques incessantes dont ils sont l'objet. ' Le tiers auquel on confie ses applications ne sera alors pas forcément l'exploitant de la salle blanche où seront déménagées les machines. Ainsi Externall entretient-il celles de ses clients chez Telehouse, hébergeur parisien.Le besoin en sites dédiés et correctement alimentés électriquement devient alors impérieux, le succès des serveurs en lames amplifiant les contraintes en la matière. ' Les lames multiplient les besoins électriques par dix ou vingt, constate Fabrice Coquio, directeur de l'hébergeur Interxion. Il est impossible d'ajuster les salles existantes, conçues à l'origine pour les mainframes, à cette demande. '
Une migration vers les spécialistes de l'ingénierie électrique et climatique
Résultat : les grandes entreprises comme les grands infogérants, migrent aussi vers les espaces d'hébergement des spécialistes de l'ingénierie électrique et climatique. Au début, ils n'y allaient que pour disposer d'un site de secours allégé et d'une connectivité multiopérateur. Poussés par les réglementations Bâle II ou Sarbanes-Oxley, ils y vont désormais pour dupliquer leurs applications stratégiques et finissent par y installer tout leur système d'information.Plusieurs scénarios sont possibles. Les entreprises ou les infogérants établissent un secours soit entre leur site et celui de l'hébergeur, soit entre deux sites du même hébergeur, soit entre les sites d'hébergeurs différents (Interxion, Telehouse, Global Switch, etc.). Sans exclure le dual site, chaque site assurant de la production et le secours de l'autre. France Télécom, par exemple, se fait fort de proposer toutes les configurations : le mono room, le dual room, le mono building, le monosite, le geoplex et le campus complet, comme à Suresnes. L'entreprise cliente aura alors tendance à établir une relation de long terme avec l'hébergeur, dix ans au moins, tandis qu'elle changera plus facilement d'infogérant pour des motifs de qualité ou de prix. Une réversibilité qu'un challenger dans l'infogérance tel que Siemens Business Services utilise comme argument de vente, en la banalisant, au sein des locaux d'Interxion. L'hébergeur tend au final à devenir un partenaire à part entière. ' Nous sommes conviés de plus en plus souvent aux comités de pilotage, reconnaît le directeur d'Interxion, ce qui nous oblige à orienter nos recrutements vers plus de maturité. '