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Le laboratoire d'analyses automatise l'établissement d'empreintes génétiques grâce au PGI de Microsoft. Ce qui n'aurait pas été possible sans développements spécifiques, au coût important.
Les tueurs en série Guy Georges et Francis Heaulme, outre leur condition de criminels, ont un deuxième point en commun : c'est l'Institut génétique Nantes Atlantique (IGNA) qui a réalisé l'analyse de leur empreinte ADN, ce qui a notamment permis de les confondre. Le laboratoire privé est, en effet, spécialisé dans l'analyse de l'ADN humain, sur ordre de justice. Une technique qui s'applique également aux recherches de paternité. Pour gérer son activité, l'entreprise penche, courant 2004, pour SQL*LIMS, un logiciel pour laboratoires édité par Applied Biosystems. ' Mais notre travail repose principalement sur le génotypage à la demande, que réalisent une quinzaine d'automates d'analyse. Nous n'effectuons pas de séquençage du génome humain à grande échelle, ce qui est la spécialité de SQL*LIMS ', précise Bernard Charpentier, directeur général adjoint de l'IGNA. Ce progiciel sera donc finalement écarté. De plus, l'IGNA doit gérer un volume de documents important, en rapport avec le suivi et le contrôle des analyses, la traçabilité des échantillons scellés, et les rapports destinés aux juges d'instruction et aux experts médicaux. ' Cela représente environ 1600 dossiers par an ainsi que 15000 analyses effectuées à partir d'échantillons prélevés sur les lieux des crimes. Par ailleurs, chaque analyse débouche sur la création de neuf types de documents, tels que des factures, les résultats en triple exemplaire, un descriptif des scellés... Au final, nous réalisons entre 300 000 et 400 000 impressions par an ', précise Jean-Paul Moisan, directeur général de l'IGNA. Suivi de production, traçabilité d'échantillons, gestion de documents, restitution et impression massive de rapports... Le choix d'un PGI finit par s'imposer pour prendre en charge un périmètre fonctionnel suffisamment large. Or, depuis sa création, en janvier 2004, l'IGNA utilise Navision 3.7 de Microsoft pour traiter sa comptabilité, avec l'environnement Windows Server 2000. ' L'idée d'adapter ce progiciel à notre activité, et d'en étendre la mise en ?"uvre a donc émergé. Ceci, afin d'assurer la gestion comptable, de la production, de l'activité commerciale et des documents ', détaille Jean-Paul Moisan.
Un circuit de validation à plusieurs niveaux
Le chantier, ambitieux, repose sur des développements spécifiques, assurés par l'intégrateur Isatech. Le PGI dispose de son propre serveur d'applications, Navision Application Server, qui prend en charge la programmation des traitements par lots, et des échanges de données par schémas XML (XML Ports). Le dialogue entre le PGI, les quinze automates d'analyse d'Applied Biosystems, et l'imprimante Sharp ARM-620 n'a donc pas posé de problème. En revanche, afin de suivre à la trace les échantillons, les analyses, les rapports et les données financières, il a fallu établir un circuit de validation à plusieurs niveaux. ' Nous avons développé en langage propriétaire C/AL, que manipule l'outil de développement intégré de Navision, une sorte de superworkflow. Ce dernier corrèle les données entre elles, traite les approbations et peut être redéfini en permanence, suivant les résultats obtenus à chaque étape d'une analyse. Par exemple, si deux résultats se contredisent, l'outil ne transmettra pas ces données au fichier national des empreintes génétiques. Il va générer un circuit d'approbation différent, et réengager des analyses ', détaille Jérôme Bazin, directeur opérationnel de la société Isatech. L'ensemble des informations peut être exploré grâce à un logiciel de manipulation des données qui repose sur un contrôle OCX (ActiveX). Les bénéfices sont patents. ' Je peux naviguer parmi les analyses et les rapports par simple clic de souris. Il est également possible de retrouver des informations très précises qui concernent la nature des réactifs utilisés, voire établir des comparaisons entre résultats. Des menus contextuels facilitent aussi le tri et la modification des données ', se réjouit Jean-Paul Moisan. Tous ces traitements sont évidemment soumis à une politique de droits, que stocke l'annuaire Active Directory.
Des vues d'ensemble à parfaire
Mais, un trop plein d'informations peut nuire à la vision d'ensemble. ' Certes, Navision est un bel outil de traçabilité industrielle. Malheureusement, il manque de tableaux synthétiques dignes de ce nom, pour restituer une vue globale de l'activité de production et de vente ', tempère Bernard Charpentier. Ce qui s'explique vraisemblablement par le fait que le SGBD Navision Database Server ne dispose pas de logiciel décisionnel, contrairement d'ailleurs à SQL Server 2000. Autre défaut, le PGI ne propose pas non plus de macro-commandes de gestion. Ainsi, il est, par exemple, impossible d'écraser une valeur sans l'effacer au préalable. Cela oblige à effectuer une écriture d'annulation, puis une deuxième écriture comptable, ce qui se révèle fastidieux. D'aucuns pourront voir là une garantie de sécurité supplémentaire contre la corruption de données. Dans l'ensemble, et malgré ces faiblesses, l'outil est jugé simple d'emploi et efficace. ' Je suis surpris par la facilité de mise à jour du logiciel. Cinq minutes suffisent pour actualiser des fonctions pointues ', s'étonne Bernard Charpentier. Aujourd'hui, Isatech travaille au suivi des demandes émanant d'officiers de police judiciaire ou de juges d'instruction, suivant l'orientation métier propre aux logiciels de GRC. La mise en production devrait intervenir en mai 2005.