L'immobilisme de la Business Intelligence n'est qu'apparent

En observant de près le cadran magique du cabinet Gartner qui positionne les offres des éditeurs de logiciels de Business Intelligence les unes par rapport aux autres, on sent un doux immobilisme. En fait, chacun pousse ses pions vers plus d'innovation, conscient que la BI demeure un atout majeur pour les entreprises.
Le Magic Quadrant du cabinet d'analystes Gartner pour la Business Intelligence est arrivé. A l’instar du guide Michelin pour les restaurants, il se consomme massivement dès sa sortie, étant largement relayé par les éditeurs de solutions « heureuses élues ». Cette année, c’est Tableau qui a tiré le premier sur les réseaux sociaux, fier de montrer au monde sa position de leader du Magic 2014 !
Mais qu’attendre de ce classement, hormis un baroud d’éditeurs ? La position des solutions évolue peu d’une année sur l’autre. On y décèle quelques nouveaux entrants, parfois quelques départs pour cause d’infortune ou de rachat par de plus gros acteurs. Ce nouveau millésime apporte pourtant son lot d'enseignements...
Aucun visionnaire n'est apparu depuis 2010 et les leaders restent inchangés
Les visionnaires de 2009 sont devenus les leaders d’aujourd’hui et le cadran qui leur est réservé est resté vierge depuis. L’ensemble des nouveaux entrants est qualifié par le Gartner comme étant constitué d’acteurs de niche. Nous traversons ainsi une période de montée en puissance des acteurs installés ; les nouveaux entrants étant plutôt dans un mode « recopie » des recettes qui ont fait le succès de leurs aînés.
Quant aux leaders, ils étaient dix en 2013 dans le partie du cadran qui les concerne. Ils sont à nouveau dix -les mêmes - en 2014. Ces acteurs se décomposent en deux familles : les « IT Leaders » c'est à dire les éditeurs généralistes incontournables, qui se doivent de proposer une offre BI et les « Pure Players » qui sont les acteurs nés grâce à la BI et vivant essentiellement de cette spécialité.
Lorsque l'on observe le graphique du Gartner, trois des six « Pure Players », les plus dynamiques, ont progressés sur l’axe de la vision entre 2013 et 2014. Ils surfent sur deux besoins très demandés par les utilisateurs : la « Data Vizualisation » et la « Data Discovery ». Ces deux fonctionnalités permettent d’apporter la donnée brute sur le bureau de l’utilisateur et l'aident à « jouer » avec l’information, sans avoir à produire une ligne de code et sans solliciter son département IT. Sur cet aspect, ils ont pris une longueur d’avance sur les IT Leaders, qui se sont consacrés au reporting classique, beaucoup moins souple. Ces derniers ont d'ailleurs vite pris la mesure de l’avance que les Pure Players avaient pris sur eux. Ils ont tout mis en œuvre pour les rattraper, voire les dépasser : offre « in memory », offre mobile, interface de conception « drag & drop », etc. Les éditeurs seniors s’y sont mis en 2013. Conséquence, ils ont saturés leurs clients de nouveaux concepts, de nouveaux modules, de nouveaux noms…
Améliorer la qualité des décisions prises
Mais alors à quoi s'attendre demain ? Les IT Leaders vont sans doute marteler leur offre et réaliser les premières mises en œuvre de leurs nouvelles solutions. Cela va probablement leur permettre de regagner en « Ability to Execute ». Dans le même temps, les Pure Players vont continuer à innover et à rassurer leurs clients. Ce qui peut potentiellement les faire progresser sur les deux axes simultanément. Parmi les innovations à venir, il va donc falloir regarder de près tout ce qui va concerner :
La « Data Discovery ». Cette recherche de l'information rend dynamique le rapport de l’utilisateur aux données, qui ne se contente plus d’observer passivement des indicateurs. Il peut désormais les manipuler pour mieux appréhender les situations et ainsi améliorer sa prise de décision.
Les données non structurées. Elles représentent l’apport du Big Data à la BI. Le décisionnel va s’ouvrir à de nouvelles sources de données parfois non structurées, parfois structurées mais jusqu’alors pas directement exploitables par les SI classiques.
Le « Cloud ». Il va devenir indispensable à la BI, étant donné le volume croissant et variable qu’elle induit, notamment si on considère la montée en puissance des données non structurées dans le décisionnel.
Le prédictif. Jusqu’alors réservé à des spécialistes d’outils statistiques complexes, tels SAS ou SPSS, l’adoption récente de « R » par les universités et son intégration dans les outils de BI du marché, ouvre enfin une brèche sérieuse dans le monde de la simulation et du « What if ».
L’interface « Drag & Drop ». Elle permet de s’affranchir de la maîtrise d’interface de paramétrage complexe, rendant la visualisation et la découverte des données plus simple et plus abordable aux utilisateurs ne maîtrisant pas bien l’IT.
Le langage naturel fait son entrée dans le monde la BI. Il permet d’interroger les bases de données et de construire des scenarii de prédiction sans programmation. Son développement sera très structurant sur l’interface homme/machine des futures applications.
La BI, quel que soit le nom qu’on lui donne, demeure un atout majeur pour une bonne gestion de l’entreprise. Sa montée en puissance permet d’améliorer très significativement la qualité des décisions prises, en intégrant des informations disparates mais éclairantes sur les activités. Elle est présente à tous les échelons de décideurs et disponible pour tous les métiers de l’entreprise. Nous ne sommes pas au bout de nos bonnes surprises en la matière.