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Calculette à la main, les TPE (très petites entreprises) et les PME avancent vers le cloud computing. Les plus traditionnelles adoptent le mode hybride, entre cloud et logiciel sur serveur. Les sociétés en création, elles, foncent sur les applications en mode hébergé. D'un côté, les solutions en entreprise se sophistiquent. De l'autre, les éditeurs revoient leurs logiciels en profondeur pour les mettre dans le nuage…
… Revenue en force cet été, la crise financière fait plonger le moral des dirigeants de PME et d'ETI (entreprises de taille intermédiaire). En octobre 2011, leur confiance à six mois en l'économie française s'effondre à 20 %, selon le 10e Observatoire Banque Palatine-Opinion Way-Challenges-i-Télé. Par ailleurs, d'après le Business Index de Sage, la préoccupation première des PME françaises (à 61 %) serait de maintenir ou d'augmenter leur chiffre d'affaires. L'éditeur d'ERP (progiciel de gestion intégré), qui fournit 570 000 entreprises françaises, note que la gestion de la trésorerie vient en seconde préoccupation (40 %), devant l'acquisition de nouveaux clients ou l'accès à de nouveaux marchés (36 %).
Garder sous la main ses données stratégiques
Autre fait saillant, 50 % de nos petites entreprises se battent bec et ongles pour réduire leurs dépenses. On comprend pourquoi 66 % des PME-PMI de moins de 250 employés utilisent déjà des applications Saas (Software as a Service, ces logiciels loués à la demande sur internet) gratuites, d'après une étude d'Edge Strategies datée de mars 2011. Cependant, 42 % des PME-TPE devraient souscrire au moins un service payant de l'informatique en nuage dans les trois prochaines années. Qu'il s'agisse d'infrastructures (Iaas), de plates-formes (Paas) ou de logiciel (Saas), le payant est le segment du cloud qui se développe le plus vite.Tout n'est pas pourtant gagné d'avance, même si Gartner annonce une croissance mondiale du cloud à 18,9 % pour la période 2010-2015, passant de 74,3 à 176,8 milliards de dollars. Quant à la France, selon Markess International, son marché devrait atteindre 2,3 milliards d'euros cette année, contre 1,9 milliard en 2010. Les prévisions pour 2013 s'établissant à 3,3 milliards, soit 7 % du marché des logiciels et services informatiques. Traduction : dans leur écrasante majorité, les entreprises, et notamment les TPE-PME, maintiennent leur système d'information classique avec des logiciels on-Premise (installés sur les serveurs ou les PC de l'entreprise). “ Elles externalisent des applications périphériques telles que la paie, la messagerie ou le décisionnel… Mais elles gardent sous la main leurs données stratégiques de gestion ”, analyse Jean-Marie Vigroux, président de Sylob, éditeur d'un ERP pour l'industrie et le négoce.Autre cause de scepticisme : “ Le Saas revient à faire payer une seconde fois à l'entreprise son progiciel à partir de la troisième ou quatrième année ”, attaque Olivier Hutteau, directeur général de l'éditeur d'ERP AG2L. En effet, les TPE-PME ont l'habitude d'amortir leur progiciel de gestion intégré en cinq ans et de l'utiliser pendant sept ans. Ce qui n'empêche pas ces entreprises de lorgner de plus en plus vers le cloud, afin de transformer les coûts fixes de leurs immobilisations en frais variables à la demande.
Revoir le rôle de la DSI
Progressive, l'acceptation du cloud passe d'abord par l'hybride : “ A côté de l'ERP installé sur les serveurs de l'entreprise, les PME recourent au Saas pour des fonctions stratégiques, comme la gestion de trésorerie et les outils de pilotage. Ou pour des fonctionnalités métier verticales, tel le dédouanement. La liaison entre l'ERP et ses services Saas se fait alors grâce à des services web ”, explique Mikaël Bénair, directeur général des divisions moyennes et grandes entreprises et export de Sage, dont l'ERP X3 est désormais full web. Autre facteur de choix du cloud : “ Sous le contrôle de leur direction administrative et financière, les métiers disposent de microbudgets pour s'offrir des solutions cloud sans passer par la DSI. Notamment dans la sphère des ressources humaines ”, reprend Mikaël Bénair.
Une solution simple et réactive
Pour les TPE créées par de jeunes entrepreneurs, qu'il s'agisse de start up high-tech ou de sociétés plus traditionnelles, le calcul en faveur de cette informatique en nuage est vite fait : “ Je voulais une solution réactive, facile et rapide à mettre en œuvre ”, explique Thibault Lamarque, 32 ans, fondateur de Castalie, démarré en juillet dernier, qui installe des machines de micro-filtration et d'embouteillage d'eau du robinet chez les restaurateurs. Grâce au bouche à oreille, il a choisi la solution de facturation, devis et relances de Myfacture.com. “ J'ai téléchargé mon logo, puis j'ai fourni les renseignements qu'on me demandait (nom, adresse, numéro de Siret, Siren et TVA intracommunautaire…). Enfin, j'ai défini les produits… En une heure, j'étais opérationnel ”, poursuit ce patron, qui sous-traite sa comptabilité à un expert-comptable. “ En rajoutant de nouveaux produits directement dans la facture, j'enrichis dynamiquement la base de données produits. Et je bénéficie d'une aide en ligne par chat et de la possibilité d'envoyer les factures par courriel. ” A moins de 13 euros par mois et par utilisateur, c'est une bonne solution quand on débute.
Les grands éditeurs disposent enfin d'offres matures
A côté des nouveaux entrants, certains éditeurs historiques font leur révolution cloud. A l'instar de SAP, avec sa solution Business Bydesign, hébergée en Allemagne dans les datacenters de l'éditeur pour déjà 650 sociétés. Cette offre, entièrement réécrite pour le Saas, démarre à partir de 15 000 euros par an pour dix utilisateurs. Bien sûr, elle ne s'adresse pas aux TPE, mais plutôt aux PME réalisant au moins deux millions d'euros de chiffre d'affaires et cherchant à se développer à l'international. Ou encore à celles qui s'apprêtent à lever des fonds auprès d'investisseurs. “ En dehors de la paie, le produit est déjà localisé dans les réglementations de 15 pays ”, précise Vincent de Poret, directeur du développement commercial de la solution. Souvent critiqué pour sa lourdeur et sa rigidité, l'éditeur a néanmoins accompli de gros efforts en matière d'ergonomie. Entre autres, en créant un assistant électronique d'installation, avec estimation du temps et des coûts.En parallèle, un grand nombre d'éditeurs démarrent d'emblée en Saas. Citons ainsi Bittle qui, à partir de l'environnement de développement d'applications de Google, propose pour 29 euros par mois et par poste, de l'informatique décisionnelle (tableaux de bord et reporting). Ou Kaolab, ce bureau d'études spécialisé dans le traitement des images, qui s'apprête à lancer un service cloud de vidéosurveillance en 2D et en 3D pour les particuliers et les entreprises. Quant aux cinq géants européens de l'aéronautique et de la Défense (Airbus, Dassault Aviation, EADS, Safran et Thales), ils vont standardiser pratiques et outils métier avec leurs fournisseurs dans le Boostaerospace. D'ici à la fin de l'année, ce cloud délivrera Air Collab, qui proposera des espaces de travail privés et des e-meetings, mais aussi Air Supply, un outil de logistique et d'échanges collaboratifs. Sans oublier Air Design PLM, favorisant le partage de maquettes numériques. Une alternative européenne à l'América in Exostar, qui réunit notamment Boeing, Lock heed Martin et Raytheon.
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