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Confrontés à des difficultés d'approvisionnement et à des scandales, les fabricants renforcent leur politique d'achats responsables. De petites SSII se démarquent par leur positionnement social et environnemental.
Le secteur des technologies de l'information (IT) est-il plus vertueux qu'un autre en termes d'achats responsables ? Oui, selon une étude(*) réalisée par l'Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) et le cabinet spécialisé Ecovadis, portant sur les 125 entreprises du Global 500. Neuf acteurs de l'informatique sur dix déclarent procéder à l'analyse de la performance RSE (responsabilité sociétale et environnementale) de leurs fournisseurs, contre 74 % tous secteurs confondus.Un effort qui relève davantage de la contrainte que de la philanthropie. “ HP, IBM, Apple ou Dell sont face à des défis environnementaux et sociaux à tous les niveaux de leur chaîne logisitique ”, note PierreFrançois Thaler, cofondateur d'Ecovadis. Le premier étant l'approvisionnement en matières premières. Cet été, l'administration Obama a légiféré (avec le DoddFrank Act) afin de lutter contre le trafic de coltan en Afrique centrale. La vente de ce minerai stratégique dans l'électronique servirait à armer les conflits dans la région du Congo. Ce que la presse américaine a appelé les genocide phones ou blood iPhones, par analogie aux blood diamonds.
Le scandale des ateliers de la sueur
La fabrication, elle aussi, est touchée par ces critères de responsabilité. Au printemps dernier, la vague de suicides chez le Taiwanais Foxconn, premier sous-traitant mondial d'Apple, a rappelé la dureté des conditions de travail dans les sweatchops, ces “ ateliers de la sueur ” qui sont, par ailleurs, fortement polluants. En mai dernier, 34 organisations non gouvernementales chinoises ? une première ? relevaient des cas de contamination dans les sites de production de Vodafone ou de BT. Quant à la filière de recyclage, elle manque notoirement de transparence. En fait de traitement, une majorité de déchets électroniques se retrouve stockée en Chine et, de plus en plus souvent, en Afrique.Autant de défis qui incitent constructeurs et équipementiers à renforcer leur politique d'achats responsables. La première étape a été l'élaboration, il y a quelques années, de codes de conduite fournisseurs. Ils n'ont pas servi à grand-chose. “ Peu contraignants, les sous-traitants les signent les yeux fermés ”, estime, dubitatif, Pierre-François Thaler. Stade suivant : l'évaluation sur le terrain. Deux acteurs IT sur trois pratiquent l'audit, un chiffre supérieur à la moyenne. Enfin, le dernier point consiste à sensibiliser et former les sous-traitants au développement durable. Un travail de longue haleine. Motorola a, à lui seul, 27 000 fournisseurs. Sans oublier les phénomènes de cascade, comme c'est le cas pour France Télécom, qui passe commande à Alcatel qui, à son tour, achète… 70 % de son chiffre d'affaires.Effort louable, Dell, en 2009, et HP, cette année, ont décidé de publier la liste de leurs fournisseurs principaux, représentant 95 % de leurs achats. Avec une prime aux sous-traitants vertueux. En France, les entreprises de la Fédération française des télécoms signaient, le 22 juillet, une charte d'engagement volontaire en faveur du développement durable. Les donneurs d'ordre tardent, eux, à mettre en place une politique incitative. Quelques DSI, comme celles de Renault ou d'Axa, ont introduit des indicateurs sociaux et environnementaux. Mais est-ce suffisant ? “ Dans certains appels d'offres, on trouve un simple questionnaire, totalement générique, que les fournisseurs s'empressent de remplir d'une manière positive. On est loin de critères RSE susceptibles de mettre en cause le choix d'un fournisseur ”, regrette Gilles Cornillère, fondateur de Gimin Conseil.Les sociétés de services s'y mettent aussi. A l'instar de D2-SI, Zen'to, Greenvision, TIC Ethic, Dotgreen, Dotriver ou Bluewings, un nombre croissant de prestataires font de la performance environnementale et sociale un positionnement à part entière. Pour Gilles Cornillère, c'est “ l'apanage des petites ou moyennes SSII qui cherchent à se démarquer de leurs grandes sœurs, totalement pilotées au résultat ”.Pour séparer le bon grain de l'ivraie, le Munci, en collaboration avec certaines SSII comme Neos-SDI, élabore une charte de bonnes pratiques des sociétés de prestation de services. Elle verra le jour d'ici à la fin de l'année et labellisera les SSII en fonction de critères liés, notamment, au recrutement, à l'exercice de la sous-traitance et à la gestion des ressources humaines. “ Une SSII généraliste, sans pôle d'expertise, qui ne travaille qu'en mode régie, n'est rien d'autre qu'une société d'intérim de luxe ”, estime Régis Granarolo, président du Munci.(*) http://goo.gl/7BwW
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