Deux activités, l'hôpital et la recherche, pour un seul réseau. L'institut de cancérologie Curie a relié ses implantations de Paris, Orsay et Saint-Cloud par une boucle optique. Désormais, les trames Ethernet circulent d'un site à l'autre comme s'il s'agissait d'un réseau local unique. Avantage : l'infrastructure est sécurisée, puisqu'en cas de coupure d'un lien, le trafic emprunte les deux autres côtés du triangle. Par ailleurs, une bande passante de 20 gigabits par seconde autorise la centralisation du stockage des données, tout en permettant son accès rapide depuis n'importe lequel des sites.
Le transfert d'images 4D gourmand en bande passante
Le projet remonte à 2009, lorsque l'Institut Curie, déjà présent à Paris et à Orsay, fusionne avec l'hôpital René-Huguenin, à Saint-Cloud. Les sites de Paris et d'Orsay étaient reliés par une liaison d'un débit de 700 mégabits par seconde (Mbit/s), louée à Orange. Une autre de 100 Mbit/s, fournie par Renater, raccordait Paris à Saint-Cloud et servait pour l'accès à internet. Mais cette architecture n'était pas totalement sécurisée et la bande passante s'avérait insuffisante. En effet, le transfert d'images en 3D et en 4D nécessite des débits très importants. Sans compter la création, la consultation et la mise à jour des dossiers patients informatisés, qui occupent 30 téraoctets de stockage et dont le volume ne cesse de croître. Et comme les liens sont insuffisants, ces dossiers sont stockés sur chaque site. D'où des difficultés pour y accéder d'un hôpital à l'autre.En 2010, la DSI du pôle hôpital et celle du pôle recherche s'unissent pour définir une nouvelle infrastructure, à la fois sécurisée et capable d'absorber un trafic en constante progression. Plutôt que d'augmenter le débit des liaisons en place, ce qui coûterait très cher, l'Institut Curie décide de déployer sa propre infrastructure à base de fibres noires. L'investissement de départ est, certes, important, mais il est notamment compensé par la suppression des abonnements aux liaisons louées. A l'issue d'un appel d'offres commun aux deux DSI, le tandem Telcité-Interdata est retenu. Le premier fournira les fibres noires entre les sites ; le second les équipements optiques d'extrémités Lambdadriver, de MRV, pour
“ éclairer ” ces fibres. Ces multiplexeurs utilisent la technologie WDM (Wavelength Division Multiplexing) et délivrent deux longueurs d'onde de 10 gigabits par seconde chacune : l'une pour l'activité hôpital, l'autre pour celle de la recherche. Pour une sécurité accrue de l'ensemble, chaque site est raccordé au réseau de Telcité par deux adductions distinctes. La liaison Renater est conservée, uniquement pour l'accès à internet.
Un réseau dix fois plus puissant
“ Désormais, toutes nos données peuvent être stockées sur un seul site, d'où des économies de matériel. Les médecins et les chercheurs y accèdent, où qu'ils se trouvent, souligne Philippe Rizand, DSI de la branche hôpital.
De plus, cette infrastructure simplifie l'exploitation. Par exemple, étant les seuls utilisateurs de nos fibres, nous n'avons plus besoin de monter des réseaux privés virtuels pour garantir la confidentialité des échanges. Au final, pour un même budget, nous disposons d'un réseau dix fois plus performant. ”Pour renforcer la sécurité, l'Institut Curie envisage de créer un second datacenter à Saint-Cloud. La synchronisation s'effectuera à l'aide d'une liaison Fibre Channel (FC) empruntant une troisième longueur d'onde. Concrètement, il suffira de rajouter des cartes FC dans les multiplexeurs optiques.
“ Ce réseau va nous aider à tirer parti du rapprochement de l'hôpital et de la recherche. Les patients doivent profiter le plus rapidement possible des dernières découvertes des chercheurs. ”
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