Logiciels : l'Afdel juge le plan cybersécurité trop "franco-français"

L'association des éditeurs de logiciels estime que le plan gouvernemental devrait favoriser une stratégie davantage tournée vers la conquête de l'international.
Dans un livre blanc, l'Association française des éditeurs de logiciels et solutions Internet (Afdel) réagit de manière critique, à la validation, début juin 2014, de la feuille de route liée au plan gouvernemental de reconquête industrielle sur la cybersécurité.
Dans ce document, elle juge « que le plan a davantage pour effet de permettre à des acteurs privés de s’affranchir des « forces du marché » que de les doter de la capacité à s’y adapter et à en profiter ».
Les éditeurs jugent, qu'à l’exception des produits gouvernementaux qui visent un marché domestique étroit, ultra-réglementé, le marché des logiciels de cyber-sécurité est un marché mondial concurrentiel, dominé par les Etats-Unis et Israël, d'où la France est quasimment absente.
Résultat : les donneurs d’ordre en France doivent choisir entre des solutions d'entreprise mondialisées disposant de moyens considérables ou des solutions « de confiance » proposées par de petits éditeurs français aux moyens financiers limités et présentant un risque d’exécution du déploiement et de pérennité.
Le label Anssi, "solution de confiance française", a des effets pervers
Face à ce constat sans appel, « Il n’existe pas de modèle français des solutions de cybersécurité pour servir de modèle de croissance aux éditeurs hexagonaux ou aux investisseurs », selon l'Afdel. Le livre blanc estime que les industriels français de la Défense ne disposent ni des canaux de vente ni de la culture du managemement propre à l'industrie du logiciel.
Dans sa critique, l'Afdel dénonce aussi les effets négatifs du volontarisme liée au label Anssi de « solution de confiance française », qui n'a de valeur qu'en France, en l'absence d'une Europe de la cybersécurité.
Pour l'association, il incite les éditeurs à concentrer leurs efforts sur la conformité au référentiel défini par l’Anssi pour accéder aux marchés "sensibles", alors que leurs ressources (forcément limitées) pourraient parfois être mieux employées à la conquête de nouveaux marchés.
L'Afdel appelle de ses voeux, l'aide au financement de vrais projets de croissance avec un potentiel international, suceptible d'attirer des investisseurs privés. De même, elle estime nécessaire d’établir une zone « de confiance », c’est-à-dire un marché pertinent, suffisamment large pour justifier une «base industrielle forte».
Source :
- "cyber-sécurité : hisser les acteurs français au niveau de la compétition mondial", livre blanc (Afdel)
Lire aussi :
- Douze spécialistes français de la sécurité informatique s'unissent pour profiter de l'après Prism (publié le 01/10/2013)
