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Depuis son arrivée il y a cinq ans, le format LTO bat tous les records de vente. A tel point que se pose la question de la survie des autres technologies de bande.
Dans la jungle des formats de bande, seule la technologie LTO (Linear Tape Open) émerge clairement. Selon les dernières analyses, elle s'arroge désormais plus de 70 % de parts de marché dans les bandes de plusieurs centaines de
gigaoctets. Elle affiche une croissance insolente d'environ 35 % par an. En cinq ans d'existence, le format LTO est ainsi devenu le numéro un dans le haut de gamme, secteur sur lequel il était initialement positionné. Et il grignote
sérieusement des parts dans l'entrée de gamme.
Poussé par HP, IBM et Quantum
' LTO est en train de devenir le standard de facto des bandes, constate Christian Maillard, PDG de Synerway, un constructeur présent à la fois dans les technologies bande et disque. Un
phénomène rare dans un domaine qui a toujours fait cohabiter de nombreux formats propriétaires. ' Selon le cabinet Freeman Reports, on comptait ainsi 74 fabricants de bandes en 1990, contre 20 en 2000, et 6 seulement l'an
dernier. Si le mouvement se poursuit, seul LTO devrait subsister d'ici à 2010.Les raisons de cette domination s'expliquent en partie par la puissance de ses créateurs : HP, IBM et, plus récemment, Quantum. Ce dernier a racheté en 2004 Certance, le troisième protagoniste à l'origine du consortium LTO. Ces
trois constructeurs poussent fortement le format LTO, qu'ils embarquent dans leur robotique. Ils exacerbent aussi la compétition en cassant les prix. Néanmoins, le succès de LTO est d'abord lié à ses atouts techniques. Sa fiabilité lui apporte une
crédibilité qui fait parfois défaut aux autres formats. En outre, sa capacité de stockage (400 Go et 800 Go avec des données compressées) et son débit (160 Mo/s) sont en phase avec les besoins des réseaux de stockage (SAN) actuels. Et
ses performances annoncées se vérifient facilement sur le terrain. En effet, un banc d'essai mené par notre laboratoire en 2004 montrait une compression qui améliore de 68 % les vitesses de transfert, en doublant toutefois le temps d'accès aux
fichiers archivés.Par ailleurs, ce format a su éviter les erreurs de ses aînés. Il assure une compatibilité ascendante d'une génération à l'autre, et les robotiques des différents constructeurs qui l'utilisent sont interopérables. Autant d'atouts dont
les autres formats de bande ne peuvent pas toujours se prévaloir. Il a ainsi profité des faiblesses de ses concurrents pour s'imposer. ' Dès son arrivée sur le marché, LTO a eu la bonne idée d'être compatible Fibre Channel.
Contrairement à SDLT, qui visait pourtant les grands comptes demandeurs de gros débits ', constate François-Xavier Laroche, ingénieur avant-vente chez l'intégrateur Scasicomp. Depuis, SDLT a corrigé le tir. Mais il peine à
enrayer la popularité de LTO. Même Exabyte, dont le format Mammoth était très en avance par rapport au LTO avant sa sortie, a raté le coche. ' Mammoth 2 s'est avéré une catastrophe technique, et Exabyte y a laissé beaucoup de
plumes ', ajoute l'ingénieur avant vente.
Un rapport qualité/prix qui doit faire ses preuves
Cette suprématie de LTO rend la vie vraiment difficile pour les constructeurs qui ont opté pour d'autres formats. Ils n'ont plus d'autre choix que de s'accorder sur son caractère incontournable. Tous sans exception ?" les
généralistes et les fabricants positionnés en entrée de gamme, comme Tandberg Data ?" l'ont adopté en plus de leur propre format. ' C'est à la fois pour être dans la mouvance et pour s'assurer une crédibilité sur le
marché, assure François-Xavier Laroche. Un constructeur n'est aujourd'hui considéré comme sérieux que s'il a du LTO à son catalogue. ' Il s'agit aussi ?" et ce n'est pas négligeable ?" de
générer des ventes avec un format qui fait mouche. ' Actuellement, il est difficile de se battre contre LTO. Même quand on dispose d'un format reconnu ', reconnaît Henrik Hansen, directeur marketing
Europe de Quantum, dont le format SDLT est en perte de vitesse depuis deux ans. Celui-ci ne représente plus que 25 % du marché environ. Ce qui reste tout de même honorable.Ainsi, la messe semble dite. Pourtant, le coût élevé de LTO laisse quelques espoirs à ses concurrents. ' Pour l'instant, les autres formats conservent un intérêt. Notamment en raison de leur rapport qualité/prix
plus séduisant ', rappelle Christian Maillard, de chez Synerway. ' Il est sûr que, à terme, le marché sera à 85 % LTO. Mais il restera des niches de marché pour des technologie de bande SLR, comme
la nôtre ', assure Gary Preston, directeur des ventes Europe de Tandberg Data.Il semblerait que la popularité du format LTO aveugle de temps à autre les entreprises. ' Il faut parfois ramener les clients sur terre. Certains veulent du LTO parce qu'ils ont lu ou entendu, dans des
séminaires, qu'il s'agissait du meilleur format ', ajoute, François-Xavier Laroche. D'autres le convoitent pour leurs SAN. Car ces réseaux, de plus en plus nombreux, sont dévoreurs de bande passante. Mais il y a
toujours des petites structures ?" plus qu'on ne le pense ?" qui n'ont pas besoin d'un SAN en Gigabit Ethernet. ' Et dans ce cas, des technologies de bande moins performantes et moins coûteuses conservent tout
leur intérêt.En outre, et ce qui complique encore le choix des entreprises, les technologies de bande se voient aussi concurrencer par le disque. Car même avec l'arrivée de LTO, la bande est en perte de vitesse. Toujours selon un rapport du
cabinet Freeman Reports, ses ventes ne croîtront que de 2 % d'ici à 2010. Même si, pour l'heure, elle reste le média de choix pour la sauvegarde secondaire et l'archivage en raison de son rapport qualité/prix imbattable au gigaoctet. Il faudra
compter avec l'arrivée, dans un avenir un peu plus lointain, des mémoires Flash, dont les prix ne cessent de baisser. Mais d'ici là, les entreprises ne s'encombreront probablement plus avec de multiples formats de bande, ne choisissant que le
standard de fait.k.frascaria@01informatique.presse.frPour en savoir plus
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