Dans le secteur bancaire, le réglementaire est le chantier majeur de cette décennie. Après l'euro, Bâle II et IAS, c'est maintenant l'heure des directives Sepa et, demain, Mifid... Que de contraintes ! A moins qu'il ne
s'agisse d'opportunités ? A ce titre, les banques changent résolument d'approche. Elles veulent se servir de ces chantiers réglementaires pour transformer en profondeur leur entreprise et leurs processus, ou renforcer leur connaissance du
client. L'anti-blanchiment, sujet tabou par excellence, offre un potentiel d'évolution, au-delà des contraintes inhérentes à ce chantier. Ainsi, les plus grandes banques anglo-saxonnes ont su tirer profit des projets AML (Anti-Money Laundering) pour
affiner la connaissance de leurs clients, et renforcer notamment la qualité de la phase d'entrée en relation. Prévenir plutôt que guérir...
Centraliser les moyens de paiement
Autre chantier majeur, le Sepa (Single Euro Payments Area) peut apparaître uniquement comme l'uniformisation des virements et des prélèvements en Europe - prévues pour 2008 et 2009, ces mises en ?"uvres occupent dès à présent toutes
les équipes ' moyens de paiement ' européennes. Mais le Sepa, c'est bien plus que cela ; c'est la possibilité pour chaque banque de centraliser des moyens de paiement, jusqu'à présent uniquement
locaux, comme le SIT en France. Dans la foulée, une banque française ou allemande peut désormais négocier avec un chef de file européen des conditions préférentielles. Elle a aussi la possibilité de sous-traiter son back office
' moyens de paiement européens ' à un ' hub ', une ' usine ' de moyens de paiement. ABN Amro se positionne
déjà sur ce créneau. Le Sepa n'est donc rien moins que l'équivalent du dégroupage total en matière de télécoms, appliqué aux moyens de paiement européens. Considéré comme la plus récente des réformes réglementaires, le Mifid (Markets in Financial
Instruments Directive) induit, quant à lui, de nombreuses contraintes liées à l'harmonisation des pratiques européennes et à une meilleure protection des investisseurs. En creusant plus avant, il apparaît que de grands groupes bancaires français
utilisent déjà ce chantier comme levier afin de mieux évaluer leurs clients, anticiper leurs besoins et proposer des services toujours plus ciblés selon le segment de leur clientèle. Moteur d'une évolution stratégique en profondeur, le Mifid permet
aujourd'hui à plusieurs banques de débuter une révolution structurelle. A ce titre, certaines banques sont sur le point d'annoncer l'internalisation de leurs ordres. Qu'est-ce que cela représente ? Rien moins que le rêve de tout établissement
financier qui souhaite se passer des coûts d'intermédiation dans le domaine des titres. Sans aller jusqu'à cette extrémité, nombre de banques ont déjà profité du Mifid pour repenser leur chaîne de sous-traitance - brokers, fournisseurs
d'informations, prestataires back et middle office.Progicialiser les chantiers réglementaires
Ainsi, la refonte des systèmes de distribution et de pilotage représente à ce jour des sources de différenciation et de prises de parts de marché bancaires. De leur côté, les chantiers réglementaires se résument de moins en moins à
des projets exclusivement internes. Dans cette optique, la plupart des grandes et des moyennes banques font appel à des progiciels du marché afin de mutualiser et de tirer profit des évolutions réglementaires. En outre, ces projets s'accompagnent de
plus en plus d'une facette organisationnelle ou résolument tournée vers la relation client. Le réglementaire bancaire est en train de passer d'une contrainte à un puissant levier de transformation ! Au niveau européen, l'homogénéisation du
réglementaire bancaire devrait bien favoriser les fusions transfrontalières. Elle s'apparentera à un accélérateur de lémergence de géants bancaires européens, capables de concurrencer des mastodontes comme Citibank. Et chacun fourbit déjà ses armes
pour se préparer à la concentration inévitable du marché de la banque de détail et de refinancement.*directeur général adjoint de Viveo. Cette société de conseil accompagne les banques et autres établissements financiers européens dans leurs chantiers informatiques, notamment réglementaires.
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