McKinsey et l’Internet, une étude en trompe-l’œil

Le cabinet McKinsey a présenté, en grandes pompes, une étude sur « l'impact de l'Internet sur l'économie française ». Les chiffres sont impressionnants, à première vue.

Il y a quelques jours, le cabinet McKinsey a publié une étude sur « l’impact de l’Internet sur l’économie française ». La présentation a été faite en grandes pompes à Bercy, en présence du ministre de l’économie numérique Eric Besson. Les chiffres sont impressionnants.
Selon les calculs savants des analystes, l’Internet représenterait d’ores et déjà 3,2 % du PIB national en 2009, soit plus que les secteurs de l’énergie ou des transports par exemple. Autre chiffre choc : Internet compte pour un quart de la croissance de l’économie française et de la création nette d’emplois. Au total, il serait à l’origine de 1,15 millions d’emplois, soit 4 % de la population active. Côté entreprise, McKinsey estime que chaque euro investi dans les technologies Internet se traduit par deux euros de marge opérationnelle. Mieux : chaque euro dépensé en marketing en ligne rapporte 2,5 euros de bénéfices. La bonne affaire.
A première vue, l’étude de McKinsey semble intéressante. Contrairement aux études économiques classiques, les analystes ont adopté une approche orientée « filière » et « usage ». La contribution au PIB est calculée comme la somme des dépenses liées de près ou de loin à Internet, et réalisées par les particuliers, les entreprises et l’Etat: services d’accès Internet, services d’ingénierie, mais aussi matériels et logiciels informatiques, smartphones, ainsi que tous les biens et services vendus en ligne (sur Amazon ou Cdiscount par exemple).
Un périmètre à la fois trop large et pas assez
Mais au fond, est-ce réellement pertinent ? En incluant l’ensemble des ventes e-commerce, il me semble que l’étude gonfle artificiellement ses chiffres. Avec un pouvoir d’achat de plus en plus limité, les ventes qui se font sur le web ne se font pas en boutique. La croissance enregistrée d’un côté engendre donc une décroissance de l’autre, mais dont McKinsey ne parle pas. De même, Internet est également destructeur d’emplois dans un certain nombre de secteurs (musique, presse, édition, transports par exemple). Ne pas en tenir compte est, à mon sens, une erreur pour une étude dont l’ambition est de montrer « comment Internet transforme notre pays ».
Par ailleurs, pourquoi se limiter à la notion d’Internet ? Le web, c’est sympa, mais ce n’est qu’une partie du secteur des technologies d’information et de communication (TIC). Une vision économique plus large aurait été plus intéressante pour rendre compte du phénomène de numérisation de l’économie. Et quand on apprend, en plus, que cette étude est cofinancée par Google, on a un peu l’impression d’être face à un outil de lobbying…
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MUNCI15032012
30 minutes et pas un centime d’euro : il n’en faut pas plus pour connaitre le nombre réel des créations d’emploi dans le numérique sur les 15 dernières années (1995-2009) grâce aux statistiques publiques (Pôle emploi et Insee).
Il en ressort que ce nombre ne dépasse pas les 311 000, loin des 700 000 emplois de la (trop fameuse) étude Mc Kinsey sur "l’impact d’internet sur l’économie française", constamment reprise (entre autres) par le Gouvernement, le Syntec Numérique et le Conseil National du Numérique…
A lire : http://munci.org/Les-vrais-chiffres-des-creations-d-emploi-dans-le-numerique-depuis-15-ans-Mc-Kinsey-Co-au-placard -
Bozo8044
Contrairement à ce que vous dites, ce rapport évoque la création d'emplois "nette", c'est-à-dire en tenant compte du mouvement de transition d'emplois du "physique" vers Internet.
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