Le futur du travail de groupe passera sans doute par l'open source - du moins, pour une bonne partie des utilisateurs. A commencer par les employés de grands ministères français, dont les directions informatiques envisagent le
déploiement à grande échelle (des dizaines de milliers de comptes) de solutions libres. Ces DSI sont ainsi en pourparlers avec la société de services en logiciels libres (SSLL) toulousaine Aliasource.La messagerie et la gestion des agendas étant devenues des commodités, les solutions envisagées sont d'abord jugées sur leur qualité de service et sur leur coût plus que sur tout autre point. Or, concernant l'aspect prix et coût
de possession, les produits historiques de travail de groupe (Exchange, Domino, Groupwise, etc.) ne s'avèrent guère performantes. Les approches open source marquent donc des points en assemblant souvent les mêmes briques : annuaire OpenLDAP,
Postfix comme MTA (Mail Transfer Agent), Cyrus Imap... En outre, grâce à Ajax, leurs interfaces web n'ont désormais plus grand-chose à envier aux générations actuelles de clients lourds en termes de confort et d'efficacité. Quand, de plus, ces
logiciels sont commercialisés en mode location hébergée, leurs prix chutent encore.Ainsi Google propose-t-il une solution de travail de groupe en ligne agrémentée d'outils bureautiques pour trois euros par mois et par utilisateur. Et comme les navigateurs géreront bientôt le mode déconnecté (Firefox 3 est
attendu pour la fin de l'année ou le début de 2008), les dernières barrières tomberont. Tous les utilisateurs de messagerie et d'agenda - nomades ou non - seront potentiellement concernés.
Le courriel, un contenu comme un autre
Sur la qualité de service, l'open source a aussi des atouts à faire valoir. Chez Scalix et Zimbra, par exemple, les messages sont stockés dans un système de fichiers, et les métadonnées qui leur sont associées, dans une base de
données relationnelle. C'est l'architecture adoptée par des solutions de gestion de contenu réputées pour leur robustesse. Les mêmes qui manipulent couramment des dizaines de téraoctets de documents. Dans ce cas, le courriel est considéré comme un
contenu ordinaire, et bénéficie des mêmes services : recherche, archivage, en particulier légal.Cette propension à traiter le courrier électronique comme n'importe quel document se vérifie aussi chez Oracle. Sauf que - culture maison oblige - tout est stocké dans la base de données relationnelle de l'éditeur. Et
apparemment les performances suivent.
' Auparavant, nous possédions 1 200 serveurs de fichiers. Aujourd'hui, nous servons 65 000 employés avec un seul système Oracle Collaboration Services, hébergé aux
Etats-Unis, explique Alain Scazzola, responsable des offres contenu et collaboration chez Oracle.
Quand la société a intégré Siebel, il a suffi d'ajouter des lames. 'Pour la partie travail de groupe, la messe semble dite, car l'open source offre autant que les solutions propriétaires, pour moins cher. Seulement, la problématique d'équipement des entreprises englobe aussi la collaboration
(messagerie instantanée, téléphonie IP, conférence web, etc.).
' ll est devenu très difficile de prendre une décision sur la messagerie sans affecter d'autres domaines de la collaboration ', explique le
cabinet Forrester Research dans une note d'août dernier. Or, actuellement, les logiciels clients propriétaires comme Notes couvrent tout le champ du travail de groupe et de la collaboration, et mordent même sur la bureautique. Ce faisant, ils
renforcent l'intérêt des logiciels serveurs d'IBM.
Nouvelle donne, mais mêmes acteurs
Une situation temporaire, toutefois. Aujourd'hui, seul ce type de client offre un tel niveau d'intégration. Pour Forrester Research, le futur espace de travail (information workplace) mêlera, entre autres, outils de
collaboration, e-learning, décisionnel, modèles de processus, documents, fichiers multimédias et voix.
' Ces capacités - toutes basées sur des architectures SOA - s'enrichiront de gestion de présence, de gestion des droits et
de personnalisation. ' Ces espaces seront disponibles en ligne ou en mode déconnecté, et incorporeront des données et du contenu issus de multiples sources : applications métier, processus...
' Les deux éditeurs qui dominent ce concept dinformation workplace sont IBM et Microsoft ', conclut Forrester Research. Tout change, mais rien ne change vraiment.
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