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Selon une récente étude, mutualisation et relation avec les métiers sont pour l'informatique publique des enjeux aussi cruciaux que dans le privé. A l'inverse, l'évaluation du retour sur investissement est spécifique au public.
L'informatique de l'Etat connaît les mêmes problématiques que celle du privé. Et elle y répond avec les mêmes remèdes, en partie au moins. C'est ce que nous enseigne une étude éditée par le Cigref et Capgemini Consulting. Ce n'est pas une révélation, mais la publication a le mérite de présenter l'état de l'art de l'informatique publique. Elle revient sur les initiatives accomplies, recense les bonnes pratiques, souligne les carences et les retards, et énonce les grands principes à suivre.Premier enjeu de taille : la gouvernance. Comme dans le privé, la priorité est de sceller entre DSI et métiers un partenariat technologique. L'étude rappelle qu'en 2009, ce type de relation concernait 41 % des projets (contre 75 % par exemple dans l'assurance). “ La priorité est de rompre avec le schéma classique maîtrise d'œuvre/maîtrise d'ouvrage et avec le système de cascade de contrats qui en résulte entre maîtrise d'ouvrage, assistance à maîtrise d'ouvrage, maîtrise d'œuvre, prestataires informatiques… ”, explique Cyril François, vice-président de Capgemini Consulting. Ces acteurs gagnent à collaborer dans un mode de copilotage de projet, où chacun fait des concessions.Autre enjeu commun avec le privé : la mutualisation. Au-delà des chantiers informatiques résultant de mégafusions (Pôle emploi et la Direction générale des finances publiques notamment), elle se traduit par le regroupement de fonctions support partagées par toute l'administration. Le service des achats de l'Etat, la gestion de la dépense avec Chorus ou l'Opérateur national de paie sont les plus grosses réalisations.
Des projets transverses
Mais, pour être reproduite ailleurs, cette logique de mutualisation se heurte à une problématique bien connue du privé : l'urbanisation et la transversalité. Jean-Baptiste Le Brun, DSI du ministère de l'Economie, pointe l'existence, au sein des ministères, d'organisations verticales coupées des autres lignes de métier : “ Le problème, avant de déployer une gouvernance transverse, est d'être capable d'en justifier les bienfaits. Or, qui prend en charge ces travaux ? Comment mobiliser les ressources pour réaliser ces projets transversaux ? Où absorber la dépense occasionnée ? ”Secteurs public et privé ne partagent pas toujours les mêmes défis. Au-delà de leur taille et de leur étendue (souvent le territoire entier), les projets publics “ se distinguent dans leur évaluation en termes de retour sur investissement (ROI) ”, explique Alain Folliet, DSI de la Caisse nationale d'allocation familiale. Une évaluation plus complexe car la valeur du système d'information n'est pas indexée sur les seuls indicateurs de rentabilité. Elle repose sur des critères comme la satisfaction des usagers et des agents. Or dans le public, elle est plus difficile à mesurer que celle d'un client, qui n'achète un produit ou un service que s'il est séduit. D'où la montée en puissance d'une méthode d'analyse de la valeur des projets informatiques propres au public : Mareva. Elle vient en complément des calculs de ROI liés aux réductions de coûts informatiques : “ Elle est utilisée à 100 % pour les grands projets mais doit encore progresser pour les plus petits ”, dit Jean-Baptiste Le Brun. Cyril François complète : “ Cette méthode prend en compte la dimension réglementaire et d'autres objectifs comme le développement des PME. ”Autre différence avec le privé : la politique RH, liée au statut spécifique des fonctionnaires. La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) prend toute son importance, d'autant que l'externalisation est moins courue que dans le privé, d'après Daniel Urbani, DSI adjoint de Pôle emploi. Lequel pointe un autre enjeu : la pyramide des âges des informaticiens et les départs à prévoir. “ Nous avons besoin de compétences dans l'urbanisme et les nouvelles technologies web. Ces profils proviendront à la fois de l'interne et de l'externe dans des proportions équilibrées. ” Avec toujours cette préoccupation de conserver la connaissance en interne, à l'image de Pôle emploi pour lequel le directeur général, Christian Charpy, prévoit “ 200 recrutements sur trois ans pour anticiper les départs en retraite et garder la maîtrise des prestataires ”.
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