Microsoft, prochain ténor de la restitution de données

Déjà présente dans l'infrastructure décisionnelle, la firme de Redmond s'attaque aux couches de présentation. Son offre, Performance Point, défie directement BO.

Avec SQL Server 2005, Microsoft avait déjà un pied dans les couches basses du décisionnel ?" alimentation et entrepôt de données. Le lancement en novembre prochain de Performance Point (attendu depuis plus d'un an) propulse désormais le géant des logiciels dans les strates supérieures de la business intelligence (BI) sur la partie restitution de données. Ses trois nouveaux services ?" reporting de masse, analyse de données, et planification ?" reposent sur SQL Server 2005. Le tout constitue une plate-forme complète, rivalisant avec les offres des deux pionniers du décisionnel encore indépendants, BO et Cognos.Performance Point consacre l'intégration de la solution de Proclarity, entreprise rachetée en avril dernier par Microsoft. Destiné aux utilisateurs avancés, ce module d'analyse d'environnement multidimensionnel réalise des segmentations, calcule à la volée des indicateurs, et conserve les règles métier à l'origine de ces indicateurs. Pour leur part, les tableaux de bord et la diffusion de masse ont été ' Ajaxisés '. Mais la grande nouveauté vient surtout de l'élaboration budgétaire. Développée en interne, elle repose sur un frontal Excel, enrichi d'un plug in. Ce dernier génère des alertes vers les différents chefs de service, amenés à saisir leur budget dans un formulaire élaboré en amont, et soumis à des règles de validation. Le plug in transfère ensuite les données saisies (le réalisé ou le prévisionnel) dans une base SQL Server, sur laquelle s'appuie le module Planning pour réaliser ses simulations.' Si l'on excepte notre PGI Dynamics, jamais nous ne nous sommes autant rapprochés des couches métier qu'avec Performance Point Planning ', avance Philippe Blondet, qui porte l'offre BI de Microsoft en France. Pas de chance pour les spécialistes de la BI. En effet, depuis le lancement de Business Scorecard Manager en 2006, BO (avec le rachat de SRC ou Cartesis) et Cognos (qui vient de reprendre Applix) avaient tous deux misé sur des applications métier et sur la gestion de la performance ?" notamment l'élaboration et la simulation budgétaire ?" pour se différencier de Microsoft. Or, voilà donc que ce dernier débarque sur ce même segment en capitalisant sur le frontal le plus utilisé par les managers. Celui que BO et Cognos n'ont jamais réussi à détrôner...

BO coincé entre Microsoft et Oracle

Est-ce un hasard si, quelques jours avant le lancement de Performance Point, BO mandatait une banque pour organiser sa cession ? Toujours est-il que la situation du Franco-Américain est de moins en moins tenable, coincé qu'il est entre un Microsoft à la tarification avantageuse et un Oracle à l'ambition dévorante. Car ce dernier entend bien fondre la BI dans son middleware et l'exposer, sous forme de services, dans ses offres applicatives.Pour autant, BO conserve des atouts techniques sur ses nouveaux concurrents. ' Grâce à ses couches sémantiques, il n'a pas d'équivalent pour générer des requêtes ad hoc ', précise Cédric Aubin, responsable de l'offre santé chez Keyrus. A court terme, cependant, plus que BO ou Cognos, les plus touchés sont les partenaires mêmes de Microsoft : Panorama, Bristol Decision, ou encore [e-mail]

L'avis de l'utilisateur : Luc Leroy, responsable Europe des applications chez Energizer, utilisateur de la bêta de Performance Point

D'ici à quelques semaines, 150 utilisateurs l'exploiteront pour effectuer de la planification budgétaire.

' S'appuyer sur un frontal déjà existant...
Tous nos services utilisaient Excel pour saisir le budget, mais avec des règles de calcul et des périmètres qui leur étaient propres. Pour garantir une homogénéité, nous aurions pu nous doter d'une application de planification. Mais nous avions déjà consenti de gros investissements dans les outils d'analyse destinés aux financiers. Avec Performance Point, qui exploite Excel, nous touchons tous les chefs de service sans avoir à les former ni à modifier leurs habitudes.

...et sur la centralisation des données
Les saisies des chefs de service sont maintenant chargées dans SQL Server. Cette même base, qui récupère les données réalisées en provenance de SAP, les informe des tâches à accomplir et de l'alignement de leurs résultats sur les objectifs fixés. L'élaboration dun prototype a demandé quatre mois. '