Si l'on demande aux internautes par où ils entrent dans une page web, 80 % répondent
' par le menu '. C'est du moins ce qu'avait révélé un questionnaire lancé par General Motors pour
analyser les visites sur son site web. En réalité, à peine 2 % des internautes procèdent de la sorte. La plupart regardent une image, papillonnent, grappillent un mot par-ci, par-là... Alors, comment connaître leur cheminement
visuel ? En observant le déplacement de leurs yeux sur les pages.
' Impossible de tricher avec son regard ', assène Jérémie Eskenazi, fondateur de la toute jeune société française Miratech.Depuis la fin 2005, cette dernière propose de mesurer très précisément l'efficacité des sites web en se fondant sur la façon dont les internautes les scrutent. La technique employée est celle de l'eyetracking. Jérémie Eskenazi en a
entendu parler, pour la première fois, en devisant avec un peintre qui cherchait à savoir comment un amateur d'art promenait son regard sur une ?"uvre. Il lui a été facile d'établir un parallèle avec un site web. Le jeune entrepreneur a donc
investi dans ce procédé capable d'enregistrer les mouvements du regard.
Un système discret
Pour l'analyse d'une page web, le dispositif est installé directement dans un PC. Une dizaine de diodes disposées autour de l'écran projettent des lumières infrarouges vers les yeux de l'internaute cobaye. Trois caméras filment la
réflexion de cette lumière sur les pupilles. Caméras et diodes sont camouflées dans le PC, afin que l'internaute ne les voie pas. Et comme celui-ci ne porte ni masque, ni paire de lunettes, le système ne présente aucun caractère intrusif. Les
données qui résultent de cette expérience sont analysées par un logiciel écrit pour 20 % par le constructeur du dispositif et pour le reste par Jérémie Eskenazi. Il faut dire que le créateur de Miratech est un véritable expert de la
modélisation. Ancien étudiant du MIT, il a mené des recherches sur l'ingénierie océanique, et participé à l'élaboration du protocole de sécurité Internet Key Exchange (IKE).
Une analyse en moins de quatre jours
Aujourd'hui, le plus souvent, la petite société propose une étude de site dans le cadre d'un processus de design itératif. Les développeurs transmettent chacune de leurs maquettes à Miratech, qui renvoie son analyse en moins de quatre
jours. Une telle célérité permet d'adapter directement le développement selon les résultats obtenus. L'étude prend peu de temps, car moins de 10 testeurs sont nécessaires.
' Avec cinq personnes testées, 85 % des zones
sont vues. Avec dix personnes, on arrive à 98 %. Au-delà, le différentiel d'informations s'avère négligeable ', explique Jérémie Eskenazi. De ce fait, les tarifs d'une étude varient dans une fourchette très raisonnable
de 1 500 à 2 000 euros par page. Rien de comparable avec les analyses classiques issues d'enquêtes, qui coûtent bien plus, durent plus dun mois et nécessitent au moins cent cobayes. Pas étonnant que trois cybercommerçants et un
institutionnel aient déjà fait confiance à la start up.
e.delsol@01informatique.presse.fr
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