mon.service-public.fr inquiète...
Le marketing politique entourant l'administration électronique ne varie pas depuis dix ans. De Lionel Jospin, en 1997, à Jean-Pierre Raffarin, en 2002, jusqu'au Forum mondial de la démocratie et de l'administration électroniques 2006, dont la Corée du Sud était l'invitée d'honneur, les mêmes thèmes reviennent. De quels objectifs internationaux parle-t-on aujourd'hui ? De lutter contre la fracture numérique, de stimuler la démocratie participative et d'obtenir la confiance des citoyens par la préservation des libertés publiques. Autrement dit, d'un Etat qui doit s'ouvrir aux enjeux de la relation client, convaincre les électeurs de jouer leur rôle, et mieux lutter contre la fraude et la délinquance.En Corée du Sud, la carte d'identité nationale s'apprête à devenir un porte-monnaie électronique et une carte d'accès aux services publics dématérialisés. Un moyen d'authentification unique partagé entre services publics et privés. Un modèle d'Etat et de société modernes. Si moderne que la société française ne semble pas prête à l'adopter pleinement, pour des raisons plus immédiatement culturelles que technologiques.Où trouver alors une inspiration comparable à celle du modèle français ou du programme de services publics électroniques paneuropéens Idabc* ? Aux Etats-Unis, peut être, où les priorités ont connu une évolution assez voisine. Le guichet unique des services fédéraux, annoncé en 2000 par Bill Clinton, est devenu le site Firstgov.gov. Il était question du rapprochement du gouvernement et des citoyens, de simplification des formalités, d'économies d'échelle et de performance des services rendus en ligne. En 2006, le budget fédéral des services électroniques délivrés aux citoyens est de 90 millions de dollars, alors que les budgets informatiques consacrés à moderniser la lutte contre la fraude financière sont de 210 millions. De 7,2 milliards pour l'amélioration du contrôle des frontières, de 11,7 milliards pour la sécurité intérieure et de 8,4 milliards pour la surveillance des réseaux. L'allocation de tels budgets à une modernisation de l'Etat qui mise tout sur les échanges de données entre administrations suppose un fort consensus.La politique fédérale de sécurité a montré que le délai entre la conception d'un projet d'interconnexion informatique et sa disponibilité est d'autant plus réduit que le projet n'est pas destiné au public, que le ministère coordinateur est unique et la volonté politique inflexible. En France, l'usage fiscal du numéro de sécurité sociale, le fichier des empreintes génétiques, le bracelet et le passeport électroniques ou la dématérialisation du contrôle de la légalité des actes administratifs ont connu un soutien législatif et budgétaire continu. Dans le même temps, le portail mon.service-public.fr n'en finit plus d'être expérimental et le vote électronique inquiète.Les simplifications françaises, nombreuses et diverses, méritent d'être saluées. Mais elles résultent souvent de sursauts législatifs ou intéressent surtout la fonction régalienne. Marquant leur distance avec dix ans de déclarations d'intention en faveur dun service davantage tourné vers les citoyens.* Interoperable Delivery of pan-European eGovernment services to public Administrations, Business and Citizens :
http://ec.europa.eu/idabc/en/home.
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