N’enterrons pas trop vite les Google Glass

Pour les médias américains, les lunettes connectées de Google sont un flop. Trop chères, pas assez abouties techniquement... les adeptes des premiers jours quittent le navire. Mais ce qui est vrai pour le grand public l'est moins dans le monde professionnel.

Non les Google Glass ne sont pas un flop ! Depuis quelques jours fleurissent en effet dans les médias américains (repris depuis par d’autres journaux y compris français), des articles dithyrambiques sur l’avenir des lunettes connectées de Google. Tous annoncent déjà en coeur le flop de ces fameuses Google Glass. Mais si elles ont du mal à percer dans le grand public, elles affichent un fort potentiel dans le monde professionnel.
En fait nous assistons à un croisement des courbes. En 2012, lorsque Google les a dévoilées, le grand public s’est enthousiasmé tandis que les entreprises ne prêtaient pas trop d’attention à ce nouveau gadget numérique. Aujourd’hui la tendance s’inverse. Le grand public apparaît beaucoup moins séduit que les entreprises. Les reproches vont du design à revoir, au prix démesuré (1500 dollars, même si on trouve maintenant des lunettes à prix cassés en ligne), en passant par la complexité d’utilisation. Certains insistent enfin sur le caractère trop intrusif de certains fonctions de l’objet. Des porteurs de lunettes connectées se sont d’ailleurs faits agressés aux Etats Unis -et même en France- à cause de la fonction vidéo, permettant de filmer des personnes à leur insu. Bref, les défauts ne manquent pas pour les détracteurs.
Des développeurs qui stoppent leurs projets
L’agence Reuters témoigne également du revirement d’une quinzaine de développeurs d’applications qui affirment avoir abandonné leurs projets, car ils ne voyaient pas les débouchés. Un autre géant du jeu vidéo confirme lui aussi préférer se concentrer sur les casques de réalité virtuelle de type Oculus Rift, plutôt que sur les développements liés aux Google Glass. « Les adeptes ont perdu la foi », affirme l’agence de presse internationale.
Selon les médias américains, le coup de grâce aurait même été donné avec le départ du sept à huit responsables du projet chez Google dont le chef du projet Babak Parviz, parti chez Amazon. Le flop est donc tout proche.
Les entreprises archi-motivées

Mais c’est aller un peu vite en besogne et oublier tout d’abord la puissance de feu de Google, capable de mobiliser suffisamment de ressources pour maintenir ses objectifs. Google n’a d’ailleurs eu aucun mal à remplacer les partants du projet par de nouvelles têtes. Ces derniers vont notamment se concentrer sur l’avenir prometteur des Google Glass dans le monde professionnel. Car c’est bien au cœur des entreprises que se développent aujourd’hui les applications les plus abouties. En médecine pour des chirurgiens pouvant ainsi consulter pendant une opération des documents. Dans le domaine de la logistique pour les personnels dans les entrepôts ; des pompiers auraient même testé des modèles de lunettes connectées intégrés à leurs casques. En France, IdTGV, la filiale de la SNCF a récemment équipé ces contrôleurs. Des démonstrations de futurs services ont également été présentés par la ville d’Issy-les-Moulineaux, la filiale assurance de la BPCE, le Grand Palais, le détaillant de vêtements Kiabi, ou le spécialiste de l'immobilier Nexity, etc. Les exemples ne manquent pas.
Google imagine également reprendre plusieurs des différentes technologies qui composent ses lunettes pour les intégrer à d’autres produits masques de skis, visières de casques, etc.
Des améliorations qui vont arriver couche par couche
Alors certes le produit n’est pas parfait en manque par exemple d’ergonomie et d’autonomie mais comme le dit Jeff Weiner, PDG et Fondateur du réseau social Linkedin : « quand j’entends une entreprise affirmer que son produit est parfait au moment de sortie. Je pense qu’elle le sort déjà trop tard ». Car dans le monde numérique, un produit n’est jamais complètement abouti et c’est encore plus vrai avec les méthodes d’innovation qui apparaissent. Les produits une fois lancés sont ainsi enrichis par itérations avec notamment l’aide de partenaires extérieurs. Dont certains ne sont pas du tout issus de la sphère numérique. Je suis ainsi persuadé que les Google Glass et autres projets de ce genre (nous avons aussi des sociétés françaises comme la startup Optinvent, qui travaillent sur des modèles de lunettes connectés) vont s’améliorer avec les nouveaux usages qui vont être découverts. Et pourquoi pas revenir un jour dans le giron du grand public.
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