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La bataille entre la communauté Java et Microsoft se déplace sur le poste client, domaine de prédilection de Microsoft. Sun met les bouchées doubles pour fournir rapidement des IDE graphiques à la hauteur de Visual Studio.NET.
Les développeurs Java étaient rassemblés la semaine dernière à San Francisco pour assister au lancement officiel de Java Enterprise Edition 5. Succédant à J2EE 1.4, Java EE 5 est plus simple ?" 60 % de classes en moins pour
le même résultat ?", propose une nouvelle API de gestion de la persistance (EJB 3.0), gère mieux les services web et intègre officiellement les Java Server Faces (JSF 1.2). ' Des fonctionnalités déjà présentes dans.NET
depuis plusieurs années ', note Sami Jaber, directeur technique de Valtech Toulouse. Bien qu'elles utilisent un vocabulaire différent, les deux plates-formes s'appuient en effet sur des concepts techniques similaires :
EJB face à Enterprise Services, JSP face à ASP.NET, MSMQ face à JMS, etc. ' Le débat entre Java EE et.NET est désormais plus culturel que technique ', estime Sébastien Brunot, architecte chez Octo
Technology. De plus, les éditeurs ont corrigé leurs lacunes respectives ces deux dernières années, gommant encore un peu plus les caractéristiques différenciatrices de leur offre. Ainsi Microsoft ouvre-t-il progressivement sa plate-forme :
publication à l'ISO et distribution de certaines technologies, telle Atlas, sous licence open source. De son côté, Swing, la couche graphique de Java, est enfin performante, et le JCP, l'instance de normalisation de Java, intègre maintenant les
propositions de la communauté open source. ' Java EE est plus influencée par les frameworks open source tels Hibernate, Spring ou Ruby on Rails que par.NET ', confirme Alexis Moussine-Pouchkine,
architecte Java Web Services chez Sun.Malgré ses similitudes avec Java EE, Microsoft a peiné à imposer.NET sur les projets critiques des entreprises. ' Mais, à force de faire ses preuves sur le terrain, les choses commencent à changer,
constate Sami Jaber. La taille des projets augmente et ils se multiplient. Nous étions quatre au centre de compétences.NET il y a deux ans, aujourd'hui nous sommes trente-cinq '. À tel point que, selon Forrester
Research,.NET prend l'avantage sur Java EE dans les entreprises : 44 % d'entre elles utilisent.NET pour leurs développements spécifiques contre 35 % pour Java/Java EE.
Le poste client, objet de toutes les attentions
Avec l'émergence des architectures orientées services (AOS), c'est sur les clients de nouvelle génération, RIA (Rich Internet Application) et RDA (Rich Desktop Application), que se déplacent les enjeux. Les AOS découplent en effet
complètement l'interface utilisateur des services sous-jacents. On peut donc utiliser.NET ou PHP pour construire l'interface graphique de services Java EE, et vice versa. ' L'attention des décideurs se porte donc sur les
multiples architectures client qui devront cohabiter, et sur l'outil permettant de les créer simplement et rapidement ', explique Sami Jaber. Pour l'instant, ' les applications Swing sont plus
nombreuses en entreprise que les applications Windows Forms de.NET, note Rodrigo Laurens, directeur technique de la SSII NET2S. Mais Sun va devoir convaincre les développeurs de continuer à utiliser cette
technologie ', analyse-t-il. En effet, toutes technologies confondues (.NET, Java EE, etc.), 22 % des développeurs envisagent de migrer leurs applications clientes sur le web, estime le cabinet d'analyse Evans Data. Or,
' avec son framework Ajax (Atlas), Microsoft est en train de prendre de l'avance dans ce domaine ', constate Didier Girard, directeur technique d'Improve. ' Il n'existe encore
rien d'équivalent dans le monde Java ', ajoute-t-il. De fait, l'intégration d'Ajax au sein des JSF n'est pas encore au programme du JCP (Java Community Process). Les entreprises doivent donc se tourner vers les frameworks
spécifiques de chaque éditeur ou vers Eclipse IDE qui intègre un kit de développement Ajax, basé sur la proposition Open Ajax d'IBM. Si Eclipse a permis de fédérer les développeurs autour d'un environnement de développement commun, cette initiative
sème cependant de plus en plus la zizanie au sein de la communauté Java.
Eclipse profite à Microsoft
Face aux enjeux liés aux applications clientes, deux camps s'opposent : celui de Sun qui favorise les technologies officielles dont la normalisation demande du temps, et celui d'IBM et de BEA qui soutient les initiatives
d'Eclipse, qui avancent plus vite, mais ne sont pas toujours compatibles avec les standards Java. On pense notamment aux classes graphiques SWT (contre leurs équivalentes AWT de Swing) et à Eclipse RCP. ' C'est dommage car
Eclipse RCP est la plate-forme de développement de client riche la plus avancée du moment ', estime Didier Girard. Microsoft tire pleinement parti de cette situation. Son atelier de développement ?" Visual Studio.NET
?" est reconnu pour sa productivité. Un point plus crucial dans le choix d'une technologie cliente que la portabilité des applications. C'est donc l'IDE préféré des développeurs. ' Avec Matisse et NetBeans 5.5, Sun a
fait des progrès fulgurants en termes de productivité, tempère Sami Jaber. Mais ces outils ne sont malheureusement pas encore disponibles en version finale. Et seule une élite en a déjà entendu parler ',
constate-t-il.