NGN, ou le prochain défi des opérateurs de réseaux fixes
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Transport de la voix par paquets, architecture en couches ouvertes, universalité : les grandes caractéristiques des réseaux de nouvelle génération (NGN) sont aujourd'hui bien identifiées. Reste la justification économique d'une fédération des réseaux actuels...
' Après une longue période de croissance, les opérateurs de réseaux fixes doivent aujourd'hui relever plusieurs défis. Alors que le nombre de lignes et le trafic, notamment dans les entreprises, ont continué à augmenter pendant la dernière décennie (y compris dans les pays à forte pénétration téléphonique), leurs revenus se sont stabilisés depuis, voire même effrités.Directement liée à l'explosion des mobiles, cette tendance entraîne une diminution du trafic sur les infrastructures fixes et, dans certains cas, du nombre de lignes (le besoin d'une seconde ligne a disparu et le fax est de plus en plus concurrencé par la messagerie). Avec l'ADSL ou le câble, le signal internet est désormais véhiculé en dehors de la bande passante du trafic vocal, et ne transite donc plus par les centraux téléphoniques classiques, mais par des réseaux ATM ou IP. Même si, avec l'ADSL ou le câble, le signal vocal est transporté sur le même support physique (en cuivre ou coaxial), il est possible de faire passer une dizaine de canaux voix (sur ADSL ou sur IP) dans la bande haut débit, ce qui est particulièrement intéressant pour les petites entreprises.
Introduire de nouveaux services
Soumis, eux aussi, à une forte concurrence, les services de données ont également eu un impact négatif sur la croissance de la plupart des opérateurs. Sachant qu'une ligne ADSL génère des revenus mensuels presque deux fois supérieurs à ceux d'une ligne traditionnelle, les accès internet hauts débits par ADSL constituent un relais de croissance non négligeable. En Europe, environ 4 % des lignes téléphoniques actuelles sont converties à l'ADSL chaque année, et ce taux pourrait atteindre 6 %.La concurrence et le dégroupage permettent aux opérateurs alternatifs d'avoir accès à une ligne de cuivre pour moins de dix euros par mois. À l'instar de la concurrence dans le domaine de la voix, les opérateurs doivent donc se concentrer sur l'introduction de nouveaux services. Compte tenu des progrès dans la compression de l'image, une qualité télévision est possible avec un débit de 2 Mbit/s, voire 1 Mbit/s seulement. L'introduction de la vidéo sur ADSL va ainsi permettre d'offrir des services de télédiffusion classiques, mais aussi interactifs (vidéo à la demande, télévision payante ou différée, jeux, commerce électronique).Il est évident que les futurs services multimédias sur le réseau téléphonique ou les réseaux câblés, éventuellement combinés à d'autres technologies (satellite, TNT), généreront des revenus associés supérieurs à ceux qui sont issus du simple transport de données. Les stratégies commerciales pour l'introduction de ces services sont assez variées. Citons, parmi les exemples à suivre, celui de Soft-bank (associé à Yahoo !) qui, au Japon, offre un service ADSL sur le cuivre de NTT. Au-delà de la gratuité de la voix sur IP entre ses abonnés, Softbank a récemment lancé ses propres services vidéo sur ADSL.
Une migration moins facile que prévu
Alors que le trafic de la voix et le trafic internet à hauts débits passent aujourd'hui sur des infrastructures largement dédiées, avec l'ADSL le signal analogique vocal est séparé du signal numérique internet dans un splitter. Le signal vocal passe ensuite à travers des centraux téléphoniques de type TDM (Time division multiplex), tandis que le trafic internet s'écoule dans des réseaux ATM-IP. Sachant que le trafic des données vidéo va devenir prépondérant, même sur les réseaux cellulaires, la fusion de ces différents types d'infrastructures en un seul réseau paraît inéluctable. Cette évolution vers le NGN (Next Generation Network ou réseau de nouvelle génération) a cependant été moins rapide et moins facile que certains équipementiers ne l'envisageaient. Pourquoi ?
Une structure de réseau séduisante
Un central téléphonique TDM a trois fonctions : une fonction d'accès (cartes d'abonnés), une fonction de commutation, et une fonction de commande-gestion de services totalement logicielle. La complexité de cette dernière a été passablement sous-estimée, même si le recours à un softswitch (commutateur logiciel) permet, dans une architecture NGN, de séparer la partie ' gestion de services-organe de commande ' des fonctions accès et commutation.En utilisant ces softswitches, il est possible d'envisager dès maintenant un réseau multimédia constitué de plusieurs couches : une couche d'accès (analogique, ADSL, modem câble, station de base, borne Wi-Fi), avec des passerelles selon les différents types de réseaux, et des softswitches spécifiques au type d'application afin de traiter le trafic venant des différents réseaux d'accès. Et, également, une couche d'applications superposée, similaire aux réseaux intelligents actuels.Il est évident que cette structure de réseau est particulièrement séduisante pour les opérateurs qui se lancent dans le domaine de la voix. C'est notamment le cas des câblo-opérateurs utilisant le standard Docsis2 (avec voix sur IP), des opérateurs qui font du dégroupage et des carriers longue distance qui veulent offrir des services locaux. Les opérateurs traditionnels qui disposent de centraux téléphoniques TDM de dernière génération sont en général moins motivés. Bien qu'un seul réseau soit plus économique à maintenir et à exploiter, ils préfèrent concentrer leurs investissements sur l'accès haut débit.Cette architecture est également bien adaptée pour l'introduction de services cellulaires multimédias. Cependant, les incertitudes sur l'arrivée de l'UMTS freinent actuellement l'évolution de l'architecture de ces réseaux. '* conseiller et administrateur d'Alcatel