Nicolas Boutet (PDG de Wedia) : ' Comment la schizophrénie de l'État produit des éditeurs nains '
Quel paradoxe ! En matière de logiciel, l'Etat français nourrit les discours et aides en recherche et développement. Mais il adopte dans le même temps une position quasi dogmatique en faveur des sociétés de services en logiciels
libres.D'un côté, l'Etat prône l'innovation dans les NTIC comme source de création d'emplois. Il propose à ce titre toute une palette de mesures financières propres à susciter des vocations, et notamment l'apparition de nouveaux acteurs du
logiciel. On y trouve le crédit d'impôt recherche, le statut de jeune entreprise innovante (très avantageux en termes de fiscalité et de social), le récent dispositif ' Gazelle ', les subventions et
aides au développement d'Oséo... Autant de mesures visant à favoriser l'émergence des PME françaises éditrices de logiciels.Pourtant, à travers ses prises de position et ses choix, l'Administration entretient une préférence marquée pour les sociétés de services en logiciels libres. Cette préférence semble parfois se faire sans discernement ?" en tout
cas sans neutralité ?" lorsque des directives nationales imposent quasiment le logiciel libre dans le secteur public. Cette préférence affichée s'avère d'autant plus frustrante pour les éditeurs de logiciels que l'Etat se rend bien compte que
le logiciel libre pose un problème de qualité de support et de maintenance qui peut générer des conséquences lourdes sur la continuité de service et les coûts de fonctionnement. L'Etat exige alors de ses administrations qu'elles passent des contrats
de maintenance de type logiciels avec les sociétés de services mettant en ?"uvre les projets. On joue ici à l'apprenti sorcier, tant il est vrai qu'en la matière beaucoup s'improvisent éditeurs ?" équipes en interne comme SSII ! Au
final, cette position est dommageable au point qu'elle finit par induire chez les donneurs d'ordre privés des comportements similaires.Ne nous leurrons pas ! Le logiciel libre nourrit avant tout le développement de sociétés de services, lesquelles, par nature, n'investissent pas, ou peu, en recherche et développement. Certes, l'industrie du logiciel libre peut
produire des compétiteurs nationaux, mais certainement pas des champions internationaux. Dans ce contexte, il n'est pas surprenant de constater que les éditeurs de logiciels français restent des nains à l'échelle mondiale.
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