Non-assistance à PME innovantes
Une découverte fortuite nous a aidés à concevoir une messagerie web à moteur de recherche intégré concurrente de Google, Yahoo, Lotus-Notes ou Microsoft Exchange. Nous avons constitué une équipe performante, obtenu les brevets, et
revendiquons une bonne compréhension des enjeux futurs. En bref, une PME innovante, parmi des centaines d'autres.Un produit bientôt disponible, un marché important, un atout concurrentiel... Mais comment faire quand on vit en France ? ' Mariez-vous ! ', nous dit-on. Cap sur
l'opérateur historique, où trente personnes se disent séduites par le logiciel : ' Ça concerne aussi monsieur X, va le voir de ma part. ' Après deux mois d'allers-retours, je passe mon chemin.
Vient le tour des autres opérateurs, puis du grand acteur franco-américain des télécommunications, qui finit par lâcher : ' Ce n'est pas dans nos axes stratégiques. ' Devant exclure les alliances
avec des concurrents français, faute de synergie, nous renonçons également aux SSII ou aux ensembliers. Nous ne faisons décidément pas le même métier.' Trop petit, pas assez riche, l'Etat va vous aider. Allez voir Untel à l'Anvar de ma part. ' Un conseil inadéquat, car nous avons les ressources financières pour réaliser un produit
fini. N'oublions pas le classique : ' Bravo, revenez nous voir quand vous aurez vendu votre solution et que vous aurez des références. ' Ayant mesuré à quel point le goût de l'innovation a déserté
la France, je suis obligé, à plus de 60 ans, de m'exiler aux Etats-Unis. Quelles acrobaties pour ne pas perdre le contrôle d'une technologie stratégique pour l'Europe !pouvaient répondre aux appels d'offres de l'Etat dans des conditions adaptées à leur spécificité. Plus efficace que tous les systèmes d'aides et de subventions, cette solution a fait ses preuves. Car l'argent se trouve si l'on a des
commandes. La frilosité des grandes entreprises françaises est telle que, à court terme, seul l'Etat peut enclencher le cycle vertueux du développement par un premier contrat. En oubliant les arguments du type : ' Passer
commande à des petites sociétés est trop risqué. ' Archifaux. Le recours à de grandes SSII ou des ensembliers n'empêche pas des projets de prendre un an de retard ou d'aller dans le mur, au profit de SSII bien en cour. Quand
un grand se plante, il garde le moyen de revenir dans le circuit. Jamais un petit ne survivra s'il figure sur une liste noire de l'Etat.Les Français savent que, dans les nouvelles technologies, seules les PME peuvent replacer le pays en tête du peloton et créer les emplois de demain. Ils admirent ces entrepreneurs pour leur intelligence et leur courage. Et ne seraient
pas opposés à la remise à plat d'un système d'appel d'offres inadapté aux rapides évolutions technologiques. Quelques dents vont grincer, mais notre génération a tant hypothéqué l'avenir de ces sociétés novatrices que cest le moins que nous
puissions faire.
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