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La seconde édition de Paris Capitale du Libre a témoigné de la grande vitalité du logiciel libre. Fort de son coût, de son interopérabilité, de la qualité de son code et de son écosystème, il ouvre de nouvelles voies à
l'innovation.
Le logiciel libre français affiche un remarquable dynamisme. En témoigne la seconde édition de Paris Capitale du Libre (PCL), qui a accueilli ces 13 et 14 juin près de 3 000 visiteurs à la porte Maillot. En témoigne aussi la
multiplication des projets open source. L'Assemblée nationale, tout un symbole, vient ainsi d'annoncer le déploiement de plus de 1 000 postes de travail sous Linux-Ubuntu pour les nouveaux députés et leurs assistants.Fort d'une croissance attendue à 60 % pour 2007, le chiffre d'affaires global du secteur devrait dépasser le milliard d'euros l'an prochain. ' Cela devient sérieux ', en convient
Jean-François Perret, président du cabinet d'études Pierre Audoin Consultants. C'est aussi l'avis des douze lauréats des Lutèce d'or, à savoir les césars du logiciel libre décernés lors de PCL, après une sélection de 57 projets qui montre à quel
point le logiciel libre devient un axe majeur d'innovation en France.A ce titre, le prix spécial du jury est éloquent. Il a été accordé au projet Easygate de Neuf Cegetel pour l'excellence de sa stratégie globale (voir photo). Il s'agit d'un boîtier électronique destiné aux 50 % de foyers français
réfractaires à l'informatique, mais qui souhaitent utiliser les services internet. Préconfiguré en usine, cet équipement combine un ordinateur sans disque dur (512 Mo de mémoire Flash et 512 Mo de Ram) et un routeur ADSL haut débit
(jusqu'à 8 Mbit/s). Celui-ci n'embarque que des logiciels libres : un noyau Linux adapté, le traitement de texte AbiWorld, le tableur Gnumeric, le retoucheur d'image Gimp... Ainsi que la téléphonie illimitée vers les postes fixes et
la visioconférence. Fourni avec un abonnement à internet, il suffit de brancher la machine pour se retrouver sur la Toile. Un premier portail accompagne les utilisateurs dans leur apprentissage d'internet. Un autre portail met tous les logiciels à
la disposition des développeurs qui voudront enrichir l'offre logicielle afin de développer l'écosystème de cette plate-forme.Parmi les lauréats, citons également la société INL, créée en 2003, qui s'est vu décerner le prix de l'innovation pour NuFW, son pare-feu qui filtre les données par authentification des utilisateurs. ' Un
pare-feu classique, c'est comme un douanier qui lit les plaques d'immatriculation des véhicules à la frontière, précise Eric Leblond, cogérant d'INL. Avec le nôtre, le douanier demande les papiers d'identité du conducteur et de
tous les passagers. ' Autrement dit, aucun paquet de données ne peut traverser le pare-feu si l'émetteur n'a pas été authentifié. ' Il est très important, par exemple, de garantir que seuls les
comptables accèdent au serveur de comptabilité ', reprend Eric Leblond. L'offre d'INL comporte, en outre, un analyseur de logs, une interface de gestion de règles de sécurité et un boîtier électronique, EdenWall qui intègre
tous les logiciels. ' Nos solutions sont en cours de déploiement dans plus de 10 000 établissements de l'administration française. Il eût été impossible d'atteindre un tel nombre avec une démarche fondée sur des logiciels
propriétaires ', confie le cogérant.
Un espoir pour les jeunes pousses tricolores
Au-delà de la seule sphère publique, ' le libre intéresse les grands comptes. Il rééquilibre la concentration monopolistique des éditeurs ', analyse Didier Lambert, président du Club
informatique des grandes entreprises françaises (Cigref). Nouvelle tendance : ' Jusqu'ici, c'est l'administration publique qui a été un moteur de développement. Cette année, le secteur privé va faire jeu
égal ', éclaire Alexandre Zapolsky, PDG de la Société de services en logiciels libres (SSLL) Linagora, organisateur de PCL et vice-président du Pôle de compétitivité Logiciels libres, qui devrait être prochainement labellisé
en Ile-de-France. ' La qualité du code, l'interopérabilité, les coûts et l'écosystème rendent le libre désirable aux yeux des grands comptes ', proclame Jean-Pierre Corniou, président d'EDS France.
Après les 300 000 ou 400 000 postes de travail qui migrent de Microsoft Office à
OpenOffice.org (OOo) dans les ministères, l'heure de la bascule est venue pour des grands groupes comme PSA. ' Avec les logiciels propriétaires, nous aurions eu un retard de six
à neuf mois dans nos déploiements innovants. Le monopole propriétaire va à l'encontre de l'innovation ', explique Chris Burckhardt, ancien DSI du New York Stock Exchange (Nyse).Pourquoi le libre motorise-t-il de l'innovation ? ' 200 000 codeurs, parmi les meilleurs du monde, améliorent sans cesse la qualité des logiciels libres. Microsoft ou Oracle n'y arriveront jamais même
en délocalisant en Inde ', souligne Jean-Pierre Corniou. ' Avec le modèle propriétaire, l'éditeur dépense des fortunes dans le marketing et la distribution, note Alexandre Zapolsky.
Avec le libre, ce sont les clients qui viennent à l'éditeur. Lequel s'internationalise plus vite en s'appuyant sur les communautés. ' Témoin dans l'intergiciel, OW2 (nouveau nom de baptême du consortium Object Web)
est déjà présent sur tous les continents, même en Chine. Un grand espoir anime toute une génération de jeunes pousses tricolores comme Talend (extraction de données et modélisation des processus métier pour le décisionnel), eXo Platform (premier
portail certifié JSR 168, intégrant les Web Services for Remote Portlets) ou Nuxeo (gestion de contenu pour l'entreprise). Sans oublier Videolan (télédistribution vidéo multi plate-forme), Lutèce d'or du meilleur développement. Porté par des élèves
de l'Ecole centrale de Paris, le projet est déjà présent dans 20 pays et téléchargé... près de 80 millions de fois.Une chose est sûre : l'écosystème du libre entre dans sa phase de maturité. Les entreprises clientes se sont habituées aux modèles économiques d'éditeurs qui vendent du service. Ou à ceux des SSLL qui deviennent éditeurs de
services hautement industrialisés dans le support et la maintenance. La course à la taille critique a donc commencé. En rachetant Aliasource, Linagora devient ainsi le plus grand acteur français avec 100 salariés. Une belle taille, comparée à celle
de l'Américain Ingres (350 personnes). Paris Capitale du Libre nous aura aussi fait comprendre la nécessité de créer en Ile-de-France un pôle de compétitivité Logiciels libres ?" qui pourrait fusionner avec un projet en Paca. Une nouvelle
chance pour l'informatique française ?redaction@01informatique.presse.fr
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