Aujourd'hui, le monde de la téléphonie mobile est essentiellement propriétaire. Hormis pour quelques applications basiques, il est difficile pour un utilisateur de personnaliser son téléphone.
' La plupart
des plates-formes logicielles des téléphones mobiles sont fermées. Elles fonctionnent avec une ou deux générations de terminaux, et puis on les jette. La seule possibilité pour l'utilisateur de mettre à jour ou de remplacer un logiciel est
d'installer des programmes Java, ce qui signifie qu'il n'y a pas de véritable interface avec le matériel et des performances moindres dans beaucoup de domaines ', explique Stefan Schmidt, un développeur
indépendant allemand qui participe au projet OpenMoko.OpenMoko ambitionne justement de proposer une alternative à cette situation, en appliquant le modèle du logiciel libre au domaine de l'infrastructure logicielle pour téléphones mobiles. Il s'agit pour les membres de cette
communauté de développer une plate-forme logicielle ouverte, basée sur Linux, susceptible de fonctionner avec une grande variété de terminaux et surtout d'être personnalisable par l'utilisateur (ou, par exemple, une entreprise sur
l'ensemble de sa flotte).
Les applications sont les sonneries de demain
Concrètement, cela signifierait ne plus perdre sa configuration en renouvelant son matériel, ou, inversement, ne plus avoir à acheter un nouveau matériel pour obtenir de nouvelles fonctionnalités. Autre avantage escompté par les
promoteurs du projet : établir une plate-forme ouverte, standard et pérenne faciliterait le travail des développeurs, leur assurerait des débouchés et stimulerait ainsi le développement d'applications (Sean Moss-Pultz, le fondateur
d'OpenMoko, estime qu'en termes de popularité
' les applications sont les sonneries de demain ').OpenMoko n'est pas la seule tentative de faire de Linux la base logicielle des téléphones portables, mais c'est à la fois une des plus avancées et des plus ouvertes. Doté de l'OS Qtopia (variation d'Embedded
Linux), le Greenphone de Trolltech est pour l'heure surtout une machine de tests pour les développeurs. Motorola dispose également d'une gamme dont le système d'exploitation (EZX) s'appuie sur Linux mais de façon
propriétaire.Enfin, tous les modèles du constructeur chinois E28 fonctionnent aussi autour de l'OS libre, mais sans ouverture vers une communauté.
' La plate-forme OpenMoko est d'ores et déjà disponible et elle a
fonctionné sur des téléphones HTC, un Treo et les téléphones EZX de Motorola. Aucun de ces terminaux n'est complètement opérationnel sous OpenMoko, mais ils en démontrent déjà le potentiel ', souligne Stefan Schmidt.
Tenter ce genre d'installation reste à l'heure actuelle une affaire de ' geek ' prêt à se plonger dans les entrailles des mobiles.
Début des ventes le 9 juillet
Démarré en 2006, le projet OpenMoko a été largement financé par le constructeur taïwanais FIC (First International Computer). Fin juin, FIC a annoncé la création d'une filiale dédiée à part entière à ce projet, elle aussi
baptisée OpenMoko, et chargée à la fois d'animer la communauté de développeurs mais aussi d'élaborer et commercialiser des téléphones utilisant la plate-forme.A partir du 9 juillet, il sera possible de réserver sur le site
openmoko.com l'un des 1 000 prototypes du premier modèle, le Neo1973. Le lancement commercial en série est prévu pour octobre.Vendu au prix de 300 $ (version '' base ') ou 450 $ (version ' advanced ', c'est-à-dire accompagné d'outils de développement), le Neo1973
' Mass Market ' sera un smartphone GSM/GPRS/Wi-Fi/GPS à écran tactile, basé sur un processeur Samsung et doté d'une mémoire flash de 256 MB. OpenMoko prévoit le lancement de trois autres produits courant 2008.
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