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Tension du marché oblige, pour leurs embauches, les sociétés de services rivalisent d'imagination. Les techniques en vogue font la part belle à l'événementiel et à la cooptation.
Les SSII peinent à trouver des candidats. Et pour cause : toutes recherchent peu ou prou les mêmes profils. A savoir des jeunes diplômés d'écoles d'ingénieurs, pas forcément très expérimentés. Du coup, sortir du lot devient
vital. Si chaque société applique ses recettes, aucune piste n'est négligée. Qu'il s'agisse de méthodes classiques revisitées, comme les relations avec les écoles ou la cooptation, ou de techniques plus récentes, s'appuyant sur les blogs, le
leitmotiv est le même : être proche des candidats.
Donner des cours de recherche d'emploi
Le meilleur moyen de draguer les futurs ingénieurs consiste à aller là où ils se trouvent : dans les écoles. Aujourd'hui, nombre de SSII les aident à mieux s'armer pour une recherche de travail efficace. Un exercice qui ne
s'improvise pas. ' Les ingénieurs oublient parfois que l'école ne fournit pas la seule clé d'entrée dans le monde professionnel. Ils doivent mettre leur stage en valeur sur le plan technique, mais aussi humain, et apprendre à
se vendre ! Les recruteurs sélectionnent aussi un savoir-être ', résume Carole Occhipenti, responsable des RH chez Datavance. La SSII propose aux élèves de dernière année de l'Esme Sudria (école d'ingénieurs en
automatique, électronique, informatique et télécommunications) des séances de simulation d'embauche. Objectif : leur apprendre à bien rédiger un CV et à se présenter, avec l'aide des recruteurs de Datavance.Pas toujours facile à mettre en place avec les administrations, ce genre d'opération séduit les étudiants. C'est pourquoi, depuis la rentrée de septembre, Datavance a étendu son principe à d'autres écoles, telles que l'Institut
national des télécommunications (INT) et l'Ecole nationale supérieure des télécommunications (Enst). De même, la société de services SII anime ce type d'ateliers à l'Eseo d'Angers (école d'ingénieurs en informatique et en électronique) et, plus
original encore, dans le cadre de leur séminaire de désintégration. ' Nous expliquons aux élèves qu'il est important d'entrer dans une société qui leur confie immédiatement de belles missions, car cela conditionne souvent la
suite de leur carrière ', précise Virginie Lacoste, la directrice du recrutement de SII.
Favoriser la cooptation lors d'événements
Les SSII accordent une grande importance à la cooptation, qui représente jusqu'à 30 % des embauches. Pour encourager ce système auprès de leurs collaborateurs, elles créent des événements de communication interne. Ainsi Datavance
a-t-il coutume, depuis plusieurs années, d'organiser des conférences, animées notamment par ses consultants, sur des sujets très pointus. Un bon moyen, certes, d'informer ses salariés sur les métiers de la société. Mais pas seulement. En effet, on
leur recommande vivement de venir accompagnés. ' Le but du jeu vise à ramener des candidats faisant partie du marché caché de l'emploi ', explique Carole Occhipenti. Il ne s'agit pas de rechercher
activement un poste, mais de rester à l'écoute des opportunités.De son côté, SII laisse ses agences mener leur propre politique de cooptation. Elles fixent elles-mêmes le montant des primes octroyées aux salariés ayant favorisé le recrutement de nouveaux ingénieurs (de 300 à 1 000 euros,
selon la période de l'année), et sont à l'initiative d'actions variées pour développer la cooptation. Les agences de Nantes, Rennes et Sophia-Antipolis, entre autres, ont déposé, dans tous les cafés proches des grandes universités, des sucres
contenant des offres d'emploi, avec un descriptif des postes et les coordonnées d'un responsable des ressources humaines : ' SII recherche ingénieur temps réel embarqué. Envoyer CV par e-mail à la
DRH... ' Malgré son côté insolite, la méthode a débouché sur quelques recrutements. ' Nous avons effectué deux embauches immédiatement après cette opération, qui a surtout contribué à développer
notre notoriété. Nous avons reçu d'autres CV par la suite ', assure Virginie Lacoste.A Rennes, l'agence SII a par ailleurs loué une salle de cinéma pour projeter en avant-première le film Da Vinci Code pour ses collaborateurs, venus avec des personnes de leur entourage susceptibles d'être
intéressées par la société. Tous ont ensuite pu discuter de manière informelle de l'entreprise, lors d'un cocktail dînatoire. Une formule conviviale plus propice aux échanges et plus constructive qu'un long discours de DRH vantant les mérites de la
société !
Organiser des soirées dans des lieux atypiques
Depuis juin dernier, Sopra expérimente les soirées à thème (sur SAP, par exemple), et entend bien continuer. ' Il ne s'agit pas juste d'une approche de séduction. Les jeunes candidats veulent du parler vrai. Ils
ont envie de savoir qui nous sommes, quelle est notre politique de formation, de recrutement, de gestion de carrières, etc. ', affirme Consuelo Benicourt, la responsable du recrutement.Pour sa part, Micropole Univers a innové à deux reprises cette année. En février dernier, la SSII a invité 185 candidats ?" préalablement inscrits sur son site web ?" au Réservoir, belle salle de concert parisienne. Au
final, 80 personnes sont venues, dont dix (directeurs de projet, consultants, ingénieurs d'études, débutants et confirmés) ont décroché un poste. Sur place, l'ambiance était très détendue, comme l'atteste un étudiant de l'Epitech, en quête d'un
stage ce soir-là : ' J'ai du mal à aller naturellement vers les gens et à parler de moi. Mais là, avec la musique, l'ambiance était vraiment sympa. J'ai noué des contacts, et découvert deux métiers de la société que je ne
connaissais pas : la business intelligence et l'e-business. ' Gregory, un ingénieur d'études, a lui aussi vivement apprécié l'initiative, peu commune. Même s'il tient à préciser qu'il n'a pas bu les paroles des
commerciaux de Micropole Univers.En juin dernier, Nathalie Choux, la DRH de la SSII, a organisé un nouvel événement. ' Preuve que la première opération a été rentable ', souligne-t-elle ?" sans toutefois dévoiler
le coût de l'opération. Cette fois, la soirée Arti Dating s'est déroulée dans une petite galerie d'art. Avec l'aide de quelques artistes, les candidats et les salariés de la société ont peint un morceau d'une fresque gigantesque. Un soir de match de
Coupe du monde, la SSII a tout de même réussi à mobiliser 45 personnes sur 55 inscrits. A l'image des soirées First Tuesday, des badges de couleurs diverses aidaient à distinguer les opérationnels, les gens des ressources humaines et les candidats.
Ces derniers ont tous été contactés avant la soirée par un responsable des RH afin de parfaire leur sélection. Et au final, trois embauches ont été conclues.La société compte créer d'autres événements. Car, au-delà de produire quelques recrutements, ceux-ci ont le mérite de fédérer les troupes en interne et de favoriser la cooptation. En effet, les collaborateurs de Micropole Univers
peuvent inviter à ces soirées quelques personnes de leur entourage.
Explorer les nouveaux concepts d'internet
Les SSII jouent à fond la carte internet pour recruter. Ainsi, Sopra utilise principalement quatre grands sites d'emploi (Apec, Keljob, Monster et
Lesjeudis.com). Elle achète aussi aux moteurs de recherche des liens sponsorisés afin d'augmenter le trafic sur son propre site. ' Nous drainons des volumes de candidatures
massifs, mais le nombre de candidats qui ne donnent pas suite à nos convocations est énorme, se désole Consuelo Benicourt. Nous avons décidé d'explorer d'autres pistes. Comme les sites de cooptation tels que
Jobmeeters. ' De plus en plus de SSII s'intéressent à ces sites qui professionnalisent les pratiques de cooptation et optimisent ce mode de recrutement. Ippon Technologie a déjà embauché une personne par ce biais. La SSII
recourt également aux sites de réseaux sociaux (dits de networking).A défaut d'engendrer beaucoup de recrutements, ces nouveaux moyens de rencontre offrent l'intérêt de multiplier les contacts professionnels et d'établir une relation moins formelle avec des candidats potentiels.
' Un site comme Viaduc nous ramène des candidats différents qui, travaillant dans un secteur plutôt éloigné de notre activité, ne seraient pas venus spontanément vers nous. Par ce biais, ils osent davantage solliciter une
rencontre ', affirme Benjamin de Gaudusson, directeur administratif et financier d'Ippon Technologies. Voici quelques mois, la société s'est fait remarquer en créant son blog RH. ' A la différence des
SSII majeures, qui profitent d'une forte notoriété, nous sommes tenus de montrer que nous existons. Le blog ne sert pas directement à recruter. Mais à l'heure où se développe le Web 2.0 et où la communication sur internet devient interactive, il
nous permet de nous différencier et de conserver une image d'entreprise de pointe ', argumente Benjamin de Gaudusson. Selon lui, les candidats communiquent encore très peu sur le blog. En revanche, tous le consultent avant de
passer l'entretien. Ils y trouvent des informations sur la société, ses domaines d'expertise, et même ses coulisses (ambiance de travail, soirées organisées, etc. ).Même si les blogs leur ont volé la vedette, les ' chats ' sont aussi, pour des SSII, l'occasion de se montrer sous un autre jour aux candidats. Sans générer de nombreux recrutements, ils
aident à faire connaître la société et à établir un lien avec les candidats. Les opérationnels ou les responsables RH qui animent les espaces de dialogue sont tenus de rassasier la soif d'information des candidats qui, sous couvert d'un pseudo, se
risquent davantage à poser des questions sur les coulisses de l'entreprise.s.chicaud@01informatique.presse.fr