Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
“ Aujourd'hui, il faut savoir manager une équipe dans toutes ses dimensions, y compris culturelles ”, souligne Soumia Malinbaum, directrice du développement de la SSII Keyrus et présidente de l'Association française des managers de la diversité (AFMD). L'informatique est particulièrement concernée. A la fois par l'interculturalité, dans le cadre notamment de prestations délocalisées. Mais aussi, et surtout, par la multiculturalité lorsqu'il s'agit de faire travailler au sein de la même équipe des informaticiens de nationalités différentes. Selon un rapport dressé en mars 2010 par l'Assemblée nationale, les métiers de l'informatique représentent 70 % de l'ensemble des autorisations de travail délivrées aux ressortissants d'un Etat tiers à l'Union européenne au titre de la liste des métiers en tension.
Décrypter les différences
Synonymes de richesse et de créativité pour l'entreprise, les différences culturelles peuvent cependant générer beaucoup d'incompréhension entre les membres d'une même équipe. Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ? Deux points de vue qui, selon Emmanuelle Hervé-Wojcik, consultante en management de projet multiculturel et intervenante chez Demos, illustrent bien la problématique à laquelle sont confrontés les managers concernés. Lesquels doivent d'abord “ s'efforcer de comprendre comment fonctionne “ l'autre ” ”, en identifiant les fondamentaux de sa culture ”. Et de lister, par exemple, le rapport au temps ; les codes de communication (un “ oui ” est-il bien un “ oui ” ?) ; le rapport à la hiérarchie qui, parfois, peut être difficilement compatible avec un management participatif ; ou encore la relation à l'incertitude, certaines cultures n'étant guère à l'aise avec la prise de risques.Pas d'opinion a priori : le manager doit “ se mettre dans une position d'écoute active, en faisant fi de son éventuel complexe de supériorité et en respectant le principe d'équilégitimité (pas de prééminence d'une culture sur une autre) ”, préconise la consultante. Et de prévenir qu'il faut également garder présent à l'esprit que les différences culturelles ne sont pas aplanies par la mondialisation. Il s'agit de bien les évaluer en fonction des projets à mener et, si nécessaire, de recruter des “ bridges ”, à savoir des personnes dotées d'une double culture.
Bien expliquer les règles
Dans tous les cas, le manager a intérêt à clarifier et à exposer au plus vite ses méthodes et ses procédures de travail à chaque membre de son équipe : planning, outil d'évaluation, critères de qualité, etc. Et à renforcer l'aspect communication, en n'hésitant pas à partager ses connaissances de l'entreprise, du client… “ Certains responsables américains prennent en main des équipes pluriculturelles dont l'anglais n'est pas la langue maternelle, sans même chercher à parler moins vite, illustre-t-elle. Il convient, au contraire, de s'assurer que tout le monde a compris, en leur faisant éventuellement reformuler les messages. ” Autre conseil judicieux : bien veiller à respecter les valeurs de chacun, en évitant surtout de stigmatiser un collaborateur en réunion. “ Ce qui est fait en groupe est destiné au groupe ”, insiste la consultante Emmanuelle Hervé-Wojcik. Qui recommande, enfin, d'accorder autant de temps aux discussions informelles, de façon à favoriser un réel partage d'information.
Votre opinion