PAC : " Agences Web et grandes SSII se partageront l'e-business "
Jean-François Perret, PDG du cabinet PAC (Pierre Audoin Conseil) analyse la situation des SSII et des nouveaux entrants, venus droit du monde Internet.
Les grandes SSII traditionnelles sont-elles suffisamment bien armées face aux nouvelles demandes de projets Internet ? Nous allons assister cette année à un bouleversement dans le monde des services, notamment avec l'émergence de l'activité e-business. Deux types de sociétés se partageront les parts de marché. Les " pure players
", arrivés avec Internet et déjà cotés en Bourse. Leur avantage : la réactivité. Je pense à Fi System, à Valtech ou à Europstat en France, à Pixelpark en Allemagne, à Framfab et à Icon Medialab en Suède, ou à USWeb/CKS aux Etats-Unis. Mais
les grandes SSII traditionnelles vont aussi, bien sûr, s'intéresser de plus de plus à Internet. Et elles savent rebondir en cas d'évolution du marché ! Question de culture d'entreprise. La plupart ont déjà créé des unités
e-business. Cap Gemini ou IBM Global Services portent leurs efforts sur la mise en place d'infrastructures de ce type chez leurs clients traditionnels. Les " pure players " travaillent davantage avec les jeunes dot.com.Quelles mutations les SSII traditionnelles doivent-elles aborder ? Quelles sont les sociétés qui réussiront dans l'e-business ? Il ne faut pas oublier que, généralement, l'activité e-business d'une grande SSII représente un chiffre d'affaires plus important que celui d'une agence Web. Certes, aux Etats-Unis, les " pure
players " ont pris de l'avance sur les grandes SSII, alors concentrées sur l'an 2000. Mais en France, paradoxalement, ce retard a permis à ces dernières de mieux se préparer. Et puis, pour réussir, elles opteront pour les
alliances - notamment avec des spécialistes de la communication et du marketing. Celles qui sauront marier les compétences en technologie, en conseil en stratégie, et en intégration de systèmes s'en sortiront. Un IBM se trouve aussi
particulièrement bien placé: il a soigné sa communication sur ce terrain depuis au moins trois ans. On devrait également voir émerger trois ou quatre agences Web majeures, qui atteindront des tailles respectables. Mais, inévitablement, on trouvera
des seigneurs et des manants.Quels seront les autres facteurs de croissance dans le monde des services pour ces prochaines années ? La gestion de la relation client (GRC) commence à prendre de l'ampleur. Elle est bien connue des grandes SSII, mais non des toutes petites. Même situation pour l'optimisation de la chaîne logistique. En revanche, même
très prometteur, le marché des ASP (Application Services Providers) n'en reste pas moins sur la case départ en France. Il est microscopique, et beaucoup trop de sociétés veulent s'y lancer. On y trouvera les grands de
l'infogérance et, petit à petit, les opérateurs télécoms pour l'exploitation et la gestion des applications en ligne.Editeurs, constructeurs et SSII ont créé ou renforcé leur pôle conseil. Le conseil a-t-il changé de visage ? Le poids de cette activité dans le chiffre d'affaires des SSII et des grands constructeurs croît de plus en plus. Qu'il s'agisse de stratégie, d'organisation ou de conseil métier et technologique.
C'est devenu l'un des facteurs de succès des prestataires de services informatiques. Mais cette importance croissante du conseil favorisera aussi les Big Five et les grandes alliances, comme celle de Cap Gemini avec la branche conseil
du cabinet américain Ernst & Young. Quelques cas restent à part, tel celui d'Andersen, toujours bien placé dans le classement, et qui réussit sans acquisitions. Dans le futur, cependant, un goulet d'étranglement sur les ressources
humaines apparaîtra. Quelle place donnera-t-on aux jeunes consultants embauchés en masse ces dernières années, et qui voudront assumer davantage de responsabilités ? Sans oublier l'expatriation de ces recrues aux Etats-Unis ou en Angleterre,
ou encore le phénomène des start up, qui attirent de plus en plus de jeunes diplômés.
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