Panorama des plateformes de crowdfunding françaises

Selon bpifrance, une soixantaine de plateformes de crowdfunding existent en France. Elles donnent la possibilité aux internautes de réaliser des dons, des prêts ou des investissement dans des projets ou des entreprises. 01Business fait le point sur une vingtaine d'entre elles.
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Apparues au début des années 2000, les plateformes de crowdfunding (ou financement participatif) aident des porteurs de projet à réaliser celui-ci en récoltant de l’argent auprès d’internautes. Ces plateformes sont orientées soit don d’argent, soit prêt, soit fonds propres (investissement dans le capital de l’entreprise). Selon Forbes le marché mondial du crowdfunding en 2013 s’élevait à 5,1 milliards de dollars dont 55,2% pour le don, 41,6% pour le prêt et 3,2% pour l’equity.
Les plateformes de don : reward-based crowdfunding
Les plateformes de dons sont les plus nombreuses. La plupart du temps, les donateurs reçoivent en contrepartie l’objet que l’argent a aidé à fabriquer ou une rencontre avec le porteur du projet, et plus rarement un retour financier comme un pourcentage sur les ventes. Chaque campagne a une durée déterminée (par exemple trois mois) et un objectif en euros à atteindre qui est parfois dépassé. Les projets sont le plus souvent sélectionnés par les équipes de la plateforme avant d’être mis en ligne. Pour qu’une campagne soit visible sur MyMajorCompany, il faut en plus convaincre cinq contributeurs de collecter au moins 100 euros.
Si l’objectif premier de ces plateformes est de financier un projet, certains entrepreneurs s’en servent pour tester la validité d’une idée, d’un produit. Si la campagne fonctionne bien, cela prouve que le projet tient la route. Il est alors plus facile d’obtenir une subvention ou un financement par d’autres voies que le crowdfunding.

Le montant moyen récolté via une campagne de dons réussie varie selon les sites. Sur MyMajorCompany, il est de 3 500 euros. Dans la plupart des cas, il s’agit donc de petits projets. Mais les montants des plus grosses collectes sont bien plus importants. Sur KissKissBankBank, un vaisseau d’exploration sous-marine a ainsi récupéré plus de 344 000 euros. Et, sur Ulule, le film Noob a atteint plus de 681 000 euros. MyMajorCompany, Ulule et KissKissBankBank sont les trois plus importantes plateformes de dons françaises.
Beaucoup d’autres sites existent souvent spécialisés comme Bulb in Town destiné aux commerces et associations de proximité, Touscoprod qui finance uniquement des films ou encore IAmLaMode dédié aux créateurs de mode. Même l’Iffres (institut français des fondations de recherche et de l’enseignement supérieur) a lancé Davincicrowd, une plateforme de crowdfunding dédiée à l’enseignement supérieur, à la recherche et à la santé.

Les plateformes d’investissement : equity based crowdfunding
Les plateformes spécialisées dans l’investissement dans les entreprises ne manquent pas non plus. Elles sont appelées equity crowdfunding ou plateformes en fonds propres. Elles aident les startups qui n’ont accès ni à des business angels ni à du crédit bancaire à lever des fonds. Les investisseurs deviennent alors actionnaires de la structure, soit en direct comme sur Anaxago, HappyCapital, Particeep, ou Smartangels, soit via une holding, comme sur FinanceUtile.com ou sur WiSeed. Dans le premier cas, l’entreprise devra veiller à ce que sa gouvernance ne soit pas entraver par un grand nombre d’actionnaires. Passer par une holding éviter à l’entrepreneur de gérer ses nombreux actionnaires.
Le montant moyen levé via le financement participatif est de 200 000 euros sur des plateformes comme Anaxago ou WiSeed. Comme pour les sites de dons, les projets sont sélectionnés par les structures de crowdfunding. Il est pour l’instant un peu tôt pour avoir une visibilité sur le retour sur investissement qu’on peut espérer des plateformes participatives. Mais WiSeed a connu un premier succès notable, les investisseurs d’Antabio ont récupéré leur mise en 18 mois avec 45% de plus-value.
Chaque plateforme a ses particularités. HappyCapital impose par exemple un suivi par un accompagnateur d’entreprises qui garantit un meilleur taux de réussite des sociétés et aide à rendre des comptes aux investisseurs. Particeep de son côté propose de réaliser des campagnes hybrides : à la fois de don et de prise de participation en capital. La startup Swaffe qui propose un accès internet sécurisé pour les enfants a déjà testé le concept. L’entreprise dispose alors de sa propre plateforme pour collecter des dons, connectée au site de Particeep et à ses membres.

Les plateformes de prêt : peer-to-peer lending
Les plateformes de prêts sont les moins nombreuses. Elles proposent soit des prêts rémunérés, soit à taux zéro. Dans tous les cas, il y a un risque de ne pas récupérer la somme prêtée.
Avant la réglementation sur le crowdfunding qui sera mise en place à l’été prochain, les prêts rémunérés entre particuliers ou d’un particulier vers une entreprise étaient illégaux. Peu de plateformes existent donc sur ce segment. Prêt d’Union a une position à part et n’est pas considéré par certains comme un réel acteur du crowdfunding. D’abord, la société a été obligée d’obtenir un agrément d’établissement de crédit par l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP) et n’importe quel internaute ne peut pas se transformer en prêteur. Il est nécessaire d’être un investisseur professionnel. C’est de loin la plateforme ayant récolté le plus d’argent toutes catégories confondues. Presque 61 millions d’euros de crédit ont été accordés depuis le lancement de la plateforme en 2011.
Spear propose aussi des prêts rémunérés mais la structure fonctionne en tant que coopérative et est adossée à des banques partenaires. Les prêteurs doivent prendre une part dans la coopérative Spear et sont considérés comme des épargnants. L’argent est versé à l’emprunteur par l’intermédiaire d’une banque et pas directement.
Les plateformes de prêts non rémunérés ne sont pas tellement plus nombreuses. Babyloan est spécialisé dans le micro-crédit solidaire. Elle est adossée à des institutions de microfinance (IMF) dans les pays des porteurs de projet, qui s’assurent de la viabilité du projet garantissent contre les impayés. Au total, plus de 7 millions d’euros ont été prêtés via Babyloan dans une quinzaine de pays du Bénin au Togo. La filiale de KissKissBankBank, Hello Merci effectue, quant à elle, des prêts directs et solidaires. Le site n’a ouvert qu’en 2013.

Les précurseurs américains
Les plateformes françaises ne manquent donc pas et certaines ont déjà eu le temps de mourir comme Friendsclear spécialisé dans le prêt rémunéré ou Mutuzz. Du côté américain, c’est aussi l’effervescence avec des stars comme Kickstarter, créée en avril 2009 et dédiée aux projets artistiques et technologiques, Indiegogo lancée en janvier 2008, ou encore Kiva spécialise du microcrédit solidaire. Parmi les précurseurs, ArtistShare fut l’une des pionnières en 2003.