Paris ouvre ses données publiques pour dynamiser son tissu économique

La mairie de Paris rend accessible un premier jeu de données dont l'utilisation reste libre mais implique une redistribution.
Après Rennes et Plouarzel (petite ville du Finistère), c’est aujourd’hui la capitale qui rend accessible depuis son portail, ParisData, une série de jeux de données touchant au fonds de cartes, à la citoyenneté et à l’action culturelle. Elles sont désormais exploitables selon une licence ODbL (Open Database License), issue du monde open source. La ville suit ainsi l’exemple de la mouvance anglo-saxonne.
Libres même pour un usage commercial

C’est en décembre que le Conseil de Paris entérine cette licence, issue de l’Open Knowledge Foundation. Son principe : « Une utilisation libre et gratuite, y compris pour des usages commerciaux, mais sous deux conditions. L’une est la citation de la source, ici la Ville de Paris. L’autre implique le repartage des données éventuellement enrichies sous la même licence », détaille Jean-Louis Missika, adjoint au maire chargé de l’innovation. Ce faisant, nous nous sommes prémunis des usages de type marchands de liste. » Autrement dit, aucun intérêt à revendre des données que l’on aurait seulement remises en forme, puisque l’on est obligé de les reverser gratuitement par la suite.
Pour les entreprises ne désirant pas assurer cette redistribution, il sera toujours possible de souscrire à des licences commerciales bien que leur cadre n’ait pas encore été établi par la Ville. A noter que ces dernières n’impliqueront aucune exclusivité sur les données qui resteront libres d’accès, et par tous.
Une approche distincte du gouvernement

Ce faisant, Paris prend une voie différente de celle prônée par l’Apie (Agence du patrimoine immatériel de l’Etat, dépendante de Bercy). Celle-ci, pour valoriser ce patrimoine immatériel, n’est pas contre l’idée de tirer une rente de son exploitation lorsque celle-ci à une teneur lucrative.
Selon ses détracteurs, cette approche tue dans l’œuf la chaîne de l’innovation. « Avec des licences restreignant l’usage commercial, Wikipedia ne pourrait pas reprendre les informations de la Ville. Car, via l’un de ses projets, en l’occurrence DBpedia, il rediffuse l’ensemble de ses données sous une licence autorisant une utilisation commerciale à des tiers », explique Benjamin Ooghe-Tabanou, cofondateur de Regards Citoyens, qui, avec l’association Veni Vidi Libri, a finalement collaboré avec la mairie de Paris.
Une démarche exploratoire
On l’aura compris, cette démarche d’ouverture vise avant tout à renforcer le tissu socio-économique. Sur le papier, elle devrait bénéficier aux start up, aux associations, aux scientifiques, aux universitaires, etc. Mais cette première libération relève avant tout du domaine exploratoire. Et elle répondra, on l’espère, à une série d’interrogations. A commencer par le véritable profil des utilisateurs : « Le besoin de l’écosystème reste totalement inconnu », confesse Jean-François Gallouin, directeur général de Paris Region Lab, l’association chargée de mettre en relation les services de la mairie de Paris et les entreprises innovantes.
« Outre les start up, que ce mouvement concerne en premier lieu, les grands comptes se montrent intéressés. Mais ils n’ont encore aucune idée du type de données qu’ils pourraient exploiter. Aujourd’hui, c’est la Ville qui mène l’initiative de cette libération, mais, dans le futur, nous espérons qu’elle sera reprise et animée par tout un écosystème », indique-t-il.
A terme, chaque appel d’offres conduit par la Ville comportera une clause pour la libération des données.
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