Partager les connaissances, un acte contre nature
Entretien avec Joanna Pomian, spécialiste de la mémoire d'entreprise
Les entreprises ont, en général, du mal à traiter les problématiques d'usage lorsqu'elles tentent de gérer leurs connaissances. Aussi, dans son ouvrage Réussir le management des connaissances, Joanna Pomian
s'attache plus aux mauvaises pratiques qu'aux bonnes. Spécialiste de l'intelligence artificielle (IA), elle a effectué sa thèse de doctorat au LIP6 sur les techniques de recherche d'information dans les très gros volumes. Mais elle a aussi tenu une
rubrique sur l'IA dans 01 entre 1987 et 1989. Elle dirige aujourd'hui le cabinet de conseil Nemesia, qu'elle a créé en 1995. ' Le problème n'est ni dans le mode de conservation ni dans les outils de
recueil des informations, mais dans l'utilisation de cette connaissance ', dit-elle. Archiver ne nécessite pas de compétences managériales particulières. Mais être capable de réutiliser ensuite cette connaissance est bien
plus difficile. Tout dépend alors du style de management de l'entreprise. C'est dans l'automobile que constructeurs et équipementiers sont, en France, les plus en avance dans cette démarche. Ils veulent que tout le savoir de leur entreprise soit
utilisé, actant une performance collective inévitablement supérieure aux performances individuelles. Point d'achoppement : le partage d'information n'est pas naturel, car il va à l'encontre des objectifs individuels. Exemple : si la
direction d'une entreprise n'est pas assez forte pour abattre baronnies et autres phénomènes de cour, la mise en commun des connaissances sera difficile à réaliser. Les styles de management qui s'appuient sur la concurrence interne sont aussi à
bannir : des patrons de filiale mis en compétition et rémunérés aux résultats seront peu disposés à divulguer leurs meilleures pratiques à leurs collègues. Cest pourquoi le management des connaissances nécessite avant tout de réfléchir à la
nature des indicateurs de performance.a.muller@01informatique.presse.fr
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