Concernant la pénurie de compétences informatiques, le cabinet Forrester persiste et signe. Les premiers signes de tension apparaissent dans l'Hexagone. Trois bonnes raisons de s'inquiéter : l'expertise technique se raréfie, les
filières scientifiques sont désaffectées et les seniors boudés.
1 ?" Des profils pointus très convoités
Les sociétés de services en ingéniérie informatique ont lancé d'importants plans de recrutement en 2005, mais elles se disputent les meilleurs candidats. Les experts des progiciels de gestion (SAP et notamment Netweaver) et des outils
décisionnels (Hyperion, Cognos et Sas Institute) commencent à se raréfier.Selon la dernière étude de Forrester, les architectes applicatifs, les directeurs de projet capables de gérer de gros chantiers de consolidation de centres informatiques ou de constituer des équipes internationales manqueraient aussi
à l'appel. Même son de cloche pour les programmeurs Java, PHP, Python, JBoss et les experts en sécurité.
' Recruter devient difficile. Nous allons peut-être être amenés à former à l'informatique de jeunes ingénieurs
généralistes ', annonce Sandrine Letrillard, DRH chez Neurones.
2 ?" Les seniors, des candidats délaissés
Cette guerre des talents pousse les SSII à aller chercher ces profils pointus chez leurs confrères ou chez les grands comptes. Mais elles boudent les seniors.
' Les entreprises françaises recherchant des profils
expérimentés n'embauchent pas d'informaticiens de plus de 40 ans, jugés trop vieux. C'est aberrant. La France a le taux de non-emploi des seniors le plus élevé d'Europe ', rappelle Richard Peynot, consultant au Forrester. Si
bien que la France devra revoir ses pratiques, du côté de la politique des ressources humaines en SSII, et du côté des seniors ?" même jeunes ?" et de leurs prétentions salariales.
3 ?" Les filières scientifiques désaffectées
Autre point noir : les SSII ont mauvaise presse auprès des jeunes diplômés. Les bilans sociaux mis au grand jour et la compression des salaires font peur.
' Il y a un réel malaise en France. Le rejet des
filières scientifiques est devenu alarmant ', s'inquiète Richard Peynot.Une tendance que confirment plusieurs écoles, dont la faculté de Grenoble (-30 % d'effectifs) et l'Isty (Institut des sciences et techniques des Yvelines). Jean-Guy Sayous, le directeur adjoint de l'Isty, a observé
' une vraie désaffection des filières informatiques. Le nombre d'élèves à l'Isty a chuté l'an dernier de 15 %. L'annonce des 15 000 suppressions d'emploi d'IBM a eu un impact très négatif sur nos
étudiants '. Pas étonnant que Syntec ait demandé laide du gouvernement pour faire la promotion du secteur des hautes technologies, pourtant rassurant en termes de recrutement depuis deux ans.
c.burger@01informatique.presse.fr
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