Pénurie, vraiment ?
' Il y a pénurie sur le marché de l'emploi informatique ', clament les recruteurs depuis des mois. ' La tension est vive, certes, mais elle ne concerne que certains profils ', rétorquent des informaticiens indépendants. Qui croire ? Les deux en fait, comme le montrent notre dossier (p. 40) et notre enquête (p. 36). Ces points de vue sont en effet compatibles, et conjoncturels. Problème, toutes les pistes pour résoudre la situation du recrutement informatique ne semblent pas explorées. Les seniors, par exemple. De nombreuses entreprises rechignent, aujourd'hui, à vieillir leurs équipes. Du coup, point de salut pour les plus de 45-50 ans. Non pas que leurs prétentions salariales soient élevées, mais leur culture projets ne correspond plus à ce qu'attendent les entreprises. Certains d'entre eux n'ont, en outre, pas voulu ou pas eu l'opportunité d'accéder à un poste de management. Ce qui constitue un handicap aujourd'hui. Autre piste, celle des jeunes ingénieurs. Certains sont courtisés alors qu'ils n'ont même pas quitté les bancs de leur école. D'autres, les universitaires, peinent. Sur 10 000 thésards formés chaque année (parmi lesquels bon nombre d'informaticiens), seuls 35 % sont embauchés en entreprise. En pleine contestation étudiante, le phénomène interpelle, pour une population dont l'innovation fait partie des matières premières. Mais les doctorants nourrissent pas mal de préjugés, davantage perçus comme théoriciens. Les choses évoluent pourtant. Georges Epinette, DSI du groupement des Mousquetaires et directeur général de la Stime, nourrit ses réflexions des travaux d'universitaires avec qui il collabore ensuite. Bertrand Kientz, DSI du groupe JCDecaux, lui-même formé en laboratoire, affirme qu'il n'y a rien de tel qu'un chercheur doté de la fibre entreprise. Larry Page et Sergueï Brin nétaient-ils pas chercheur à Stanford avant de fonder Google ?
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