Les projets SOA (Service Oriented Architecture ou architecture orientée service) fleurissent. Les avantages potentiels de ce type d'architecture informatique sont nombreux : couplages faibles entre composants, réutilisation
d'applications existantes et indépendance du SI par rapport aux technologies sous-jacentes, ainsi qu'à leur localisation. Si la SOA constitue un nouvel outil contre la complexité, il s'avère qu'un projet SOA n'est pas un projet informatique comme un
autre.L'un des premiers bénéfices attendus d'une SOA réside dans la conservation d'applications anciennes éprouvées sur le plan métier, mais qui manquent d'agilité ou d'accessibilité et révèlent l'obsolescence du couplage avec le reste du
SI.Autre avantage : une approche unificatrice renforce l'agilité et l'homogénéité du SI, dont elle abaisse les coûts par réutilisation de services existants. L'objectif est de contribuer à la croissance de l'entreprise tout en
réduisant la part relative du budget informatique. Seule une méthodologie globale peut rapprocher et concilier aussi efficacement les impératifs opérationnels de l'entreprise et son système d'information. Vue sous cet angle, la SOA ressemble à un
projet informatique banal. Pour autant, il serait dangereux de l'aborder ainsi.
Attention, danger !
La SOA, prise seule, présente plusieurs risques d'échec. En premier lieu, il est bien difficile de définir le ' business case ' d'un tel projet. Le problème est bien de calculer l'apport
d'une architecture informatique sur le plan fonctionnel. Ce manque d'horizon mesurable se double du risque de non-appropriation par les directions fonctionnelles. Pourquoi les responsables des lignes métier ou des fonctions support devraient-ils
s'investir dans un projet d'architecture de SI dont les bienfaits sont avant tout destinés aux informaticiens ?Les approches traditionnelles des projets informatiques reprennent le plus souvent une vision ' top down ' ou ' bottom up '. L'approche top
down part des objectifs vitaux de l'entreprise : innover pour se développer (nouveaux produits ou marchés, fusion, acquisition, etc.) et augmenter le chiffre d'affaires et la rentabilité. Le SI n'est qu'un moyen parmi d'autres de supporter la
stratégie de l'entreprise. L'approche bottom up part du système et vise à maximiser l'agilité de l'outil informatique pour le préparer face aux inévitables turbulences qu'affrontera l'entreprise.Dans le cas de la démarche top down, la SOA ' décâble ' les liaisons inscrites dans le marbre et isole les couches de synchronisation, d'orchestration, et de paramétrage. Dans la seconde
approche, ou bottom up, le but est d'améliorer la qualité de service. En décloisonnant le SI, la SOA le rend plus agile et déconnecte les applications des couches d'infrastructure.Une approche holistique s'impose
A l'évidence, un projet SOA ne peut donc pas être géré par les approches traditionnelles. Une approche holistique s'impose, car la SOA n'est ni verticale ni horizontale ; elle est forcément orthogonale, couvrant l'ensemble de
l'entreprise, de ses métiers à son infrastructure.La SOA, approche architecturale d'une problématique plus vaste, n'est qu'une partie de la réponse, et ne peut donc être abordée seule. Un projet SOA doit s'inscrire dans la stratégie que l'entreprise soutient grâce à une architecture
claire, souple et réactive. La SOA est donc un moyen, et non une fin en soi. Un projet SOA géré comme un projet informatique banal est voué à l'échec. Un échec mortel, car il n'existe pas de deuxième chance de convaincre l'ensemble des directions
générales, financières et métier de révolutionner encore l'architecture du SI. Une SOA mal née et mal gérée risque de rigidifier ce qui doit être assoupli et de complexifier ce qui doit être simplifié.La SOA doit donc s'inscrire au c?"ur d'une approche visant à moderniser l'architecture de l'entreprise, et pas seulement sa mécanique informatique. Ainsi la SOA n'est-elle pas un projet informatique en soi, et bon nombre de DSI
devraient donc ' faire ' de la SOA sans le dire. D'ailleurs, il y a bien longtemps que l'on en fait sans lappeler ainsi. Rappelez-vous les architectures Tuxedo ou Corba...* Le modèle original de cette société de conseil se fonde sur une collaboration active avec le monde académique.
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