Philippe Delaunay* (DGA) : ' mon métier se rapproche de celui d'un alchimiste '
Passionné de sécurité, il travaille à la Délégation générale pour l'armement (DGA). Mais il ne veut pas rester collé à la technique.
Pourquoi la sécurité vous plait-elle autant ?Philippe Delaunay : C'est le domaine qui ouvre le plus de portes, même s'il est censé les fermer. Les spécialistes de la sécurité traitent de sujets plus ' sexy ' que les autres, comme les nouvelles architectures. Mais, ce qui m'intéresse le plus est de réduire la complexité de la sécurité et de la traduire en un service assimilable par les utilisateurs. Je suis pleinement satisfait quand j'y parviens. En ce sens, je rapproche le métier de celui d'alchimiste.Vous travaillez depuis quinze ans dans le domaine de la Défense. Vous avez la fibre militaire ?PH.D. : Un informaticien à la DGA bénéficie d'un environnement favorable. Les budgets sont confortables et les décideurs accordent une grande autonomie à leurs collaborateurs. Il est ainsi possible d'anticiper les évolutions technologiques et de bâtir des architectures avant tout le monde. Par ailleurs, la DGA est constituée d'ingénieurs qui ont la fibre technique. Ce qui facilite la compréhension avec les équipes informatiques.N'auriez-vous pas trouvé les mêmes conditions de travail chez un grand compte du CAC 40 ?PH.D. : Pas vraiment, car les sociétés privées ont tendance à externaliser au maximum leur informatique, alors qu'à la DGA nous sommes amenés à développer des fonctions difficiles à trouver sur étagère. De plus, les grands comptes ne sont plus en mesure de jouer les ' early adopters '. Ils attendent qu'un produit et son marché soient stabilisés avant de s'équiper.Pourquoi avoir pris le risque de fonder une start up en 2000 ?PH.D. : Dès les années 1990, j'ai commencé à me positionner sur les nouvelles technologies. J'ai monté un des premiers sites web d'information au sein du ministère de la Défense. Au fil des années à la DGA, j'ai pu faire le lien entre les problématiques technologiques et de communication et j'avais envie de proposer mon expertise au marché. J'ai rencontré des consultants de Bain & Company, et nous avons décidé de fonder ensemble une web agency ?" comme on disait à l'époque ?" que nous avions baptisé Stockho.Stockho ?PH.D. : Nous n'arrivions pas à nous entendre sur le nom. L'avocat chargé d'établir les statuts de la société a pris les choses en main. Il nous a demandé où la société serait domiciliée. Comme elle serait installée au 1, rue de Stockholm, il a donc décrété qu'elle s'appellerait Stockho.Pourquoi être parti ensuite à la Marine nationale ?PH.D. : Je suis resté un an chez Stockho, qui, à l'époque, ne se voyait confier que de petits projets, le temps de rendre l'équipe technique autonome. Puis, j'ai rejoint mon ancien directeur adjoint, fan de nouvelles technologies. Il voulait mettre en place un progiciel de gestion intégré à la maintenance de la flotte en service de la Marine. La proposition est bien tombée, car je voulais goûter à des projets plus ambitieux en termes d'enjeux technologiques et humains.Vous pilotez les systèmes d'informations. Les avions aussi ?PH.D. : J'ai effectivement passé mon brevet de pilote à Etampes dans le club aéronautique qui appartient à l'Armée de l'air (Gama). Mais je ne pilote plus. Je reprendrai sans doute un jour, dès que j'aurai gagné mon premier million.* Directeur de projet à la direction du développement international de la DGA
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