Philippe Merville (Agrica) : “ bâtir une DSI de référence en moins de trois ans ”
Le nouveau DSI d'Agrica, groupe de protection sociale complémentaire des entreprises et salariés agricoles, a pour mission d'élaborer une stratégie des systèmes d'information (SI) ambitieuse pour l'entreprise.Après plus de vingt ans dans les services IT de grands comptes, vous êtes le DSI d'Agrica depuis quatre mois. Quels sont vos atouts pour ce poste ?Philippe Merville : Il s'agit en effet de mon premier poste de DSI, dans un secteur que je n'ai pas abordé jusqu'à présent. Agrica emploie 850 personnes, et les décisions se prennent en France. Ce qui me change profondément des groupes de centaines de milliers de collaborateurs aux décisions internationales. Production, architecture, développement, méthodes, stratégie, grands projets…, j'ai été responsable, au fil des années, de tous les domaines des SI auprès de grands DSI. Je connais tous les ressorts de la fonction. Je voulais évoluer vers celle de DSI et apporter mon savoir-faire issu des grandes organisations.Quels sont vos chantiers prioritaires ?PM : D'abord, prendre connaissance de l'existant : découvrir les briques du SI, rencontrer les grands partenaires externes, les principaux clients et les équipes informatiques internes. Il s'agit de poser un diagnostic objectif du fonctionnement actuel. Puis, nous étudierons comment l'informatique pourra accompagner les orientations stratégiques des diverses directions du groupe. En effet, nous arrivons à la fin d'un cycle d'évolution de nos systèmes et de notre organisation, il nous faut préparer le plan de stratégie informatique pour les trois à cinq ans à venir. Avec l'objectif de masquer la complexité à nos allocataires et utilisateurs.Avez-vous les moyens de ces ambitions ?PM : Oui et c'est tout l'intérêt de porter la fonction de DSI dans une organisation de la taille d'Agrica. Je fais partie du comité exécutif et suis reconnu comme partenaire indispensable au développement de la société. D'autant que les enjeux sont vitaux : nous devons évoluer tout en respectant des contrats d'objectifs stricts, imposés à tous les organismes de retraite complémentaire. Nous faisons l'objet régulièrement de benchmarks pour vérifier le respect de critères portant notamment sur la performance, les coûts et la qualité de service. Nous devons donc transformer nos organisations et SI en surveillant l'impact sur ces indicateurs. Mon expérience du Lean Management m'a appris à améliorer l'efficacité d'une organisation sans dégrader les coûts de fonctionnement. Elle m'a inculqué une culture de l'amélioration continue.Comment comptez-vous vous préparer ?PM : J'ai plus de dix ans d'expérience dans la transformation de grandes entreprises et l'adaptation de leur SI à des contraintes réglementaires fortes, comme la certification Sarbanes-Oxley. Je serai donc moteur en ce qui concerne les processus réglementaires, les normes Iso 20000 et Itil. Le plan stratégique que nous lancerons prochainement prendra en compte l'ensemble de ces exigences.Comment impliquez-vous l'équipe de la DSI ?PM : J'aime bâtir et entraîner les groupes, en obtenir la meilleure efficacité, changer les modes de fonctionnement pour atteindre des niveaux de maturité industrielle. Les 50 personnes de la DSI sont historiquement attachées à la maison. Beaucoup sont autodidactes. D'autres, issues des directions de l'entreprise, apportent leur expertise des métiers. L'équipe comporte peu d'ingénieurs informaticiens, et je veillerai à la renforcer de quelques experts. L'essentiel est que mes collaborateurs soient fiables et motivés, pour construire ensemble un nouveau SI.Comment imaginez-vous votre avenir ?PM : La DSI d'Agrica est petite, mais a les mêmes contraintes réglementaires, d'optimisation et de sécurité que les grandes, avec un budget sans commune mesure. Le défi qui m'attend réside dans la transformation de la DSI. Je le dis souvent pour plaisanter, en faisant allusion aux métiers d'Agrica, je ne suis pas venu me reposer et prendre ma retraite chez Agrica. Je me fixe pour objectif d'en faire une DSI de référence en moins de trois ans. Il reste encore du chemin à parcourir.
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