Philippe Nieuwbourg
Blogger, consultant sur les PGI, analyste, ce passionné de l'informatique s'est trouvé une nouvelle marotte : créer un musée de l'informatique. En attendant, il organise une première exposition.
Quelle est votre profession ?C'est une bonne question... Aujourd'hui, je suis conservateur du musée de l'informatique ! [rires]. Plus sérieusement, j'anime des communautés professionnelles sur Internet sur les PGI, la GRC. Je suis dans l'informatique depuis vingt ans. Ma formation, c'est comptable. J'avais vocation à avoir des manchettes en lustrine et à griffonner des chiffres sur des cahiers ! Mais je me suis passionné pour l'informatique dès le collège. Pour moi, c'était de grandes armoires dans lesquelles tournaient des bandes comme on en voyait dans les films. Or, au travers des vitres du club informatique du collège, dans un local où on ne pouvait pas entrer, je voyais effectivement des armoires. Quand j'ai adhéré au club et que j'ai pu entrer dans la salle, j'ai vu qu'en fait, il s'agissait d'armoires classiques, et que les ordinateurs étaient des TRS-80 posés sur de petites tables. Au lycée, j'ai donné des cours à des personnes de l'âge de mes parents. Au début des années quatre-vingt, c'était le début de l'informatique professionnelle, le mythe de la femme au foyer qui allait gérer ses recettes de cuisine sur son ordinateur pendant que le père allait développer un programme pour gérer ses investissements en Bourse. Finalement, vous n'avez jamais été comptable...Non. J'ai travaillé cinq ans chez Concept, responsable de la mise en place des logiciels de comptabilité dans les entreprises. Ensuite, je suis entré au CXP, l'observatoire qui analysait les progiciels. C'est même son fondateur, Jean-Éric Forge, qui a inventé le terme progiciel. Depuis quand collectionnez-vous les objets informatiques ?Depuis cinq ans. Le déclic est venu alors que je donnais un cours dans une école de commerce. J'avais apporté un modem acoustique Anderson Jacobson, qui permettait, dans les années quatre-vingt, de se connecter aux BBS. Personne ne savait à quoi cela servait. Je me suis rendu compte que l'on était en train de perdre une partie du patrimoine de l'informatique. Les étudiants n'imaginaient pas la relation client sans Internet. Je voulais leur montrer que, pourtant, la relation client existait avant. Aujourd'hui, j'ai environ 700 pièces entreposées dans une grange, issues de dons et d'achats, notamment sur eBay. Beaucoup de gens avaient gardé des objets informatiques : ils cherchaient à s'en débarrasser, mais ils voulaient leur donner une destination. L'objectif de créer un musée les a convaincus. En attendant, nous montons cette exposition avec notre association, AntéMémoire, qui compte quinze membres. Nous avons deux sources de financement : des sponsors, tels Pivotal et Prosodie, et des mécènes. Pourquoi cette exposition et un musée dans le futur ?Connaître le passé pour comprendre le présent et imaginer l'avenir, c'est la devise de notre association. Je trouvais intéressant de mettre les choses en perspective et de ne plus s'enflammer pour de petites nouveautés qui paraissent révolutionnaires sur le moment, mais qui ne sont en fait qu'une étape dans une évolution plus globale. Par exemple, comme clin d'?"il à la fin de notre exposition consacrée à l'histoire de l'informatique, nous exposons Windows Vista. Avez-vous un objet préféré ?Ah oui ! C'est l'Osborne. C'est le premier portable professionnel. Il ressemble à une machine à coudre, pèse 15 kg, n'a pas de disque dur, pas de batterie, a un micro-écran cathodique de 11 cm de diagonale, mais il est mythique : il a été durant le début des années quatre-vingt le signe de reconnaissance des cadres dans les aéroports américains. Il illustre parfaitement le début de l'informatique professionnelle.
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