Pierre Kosciusko-Morizet : « l’Europe doit être le marché des boîtes françaises »

Dans une interview accordée à Stéphane Soumier à l'antenne de BFM Business, le créateur de PriceMinister a donné sa vision de l'entreprenariat français et des obstacles qui restent encore à abattre.
En juin 2010, PriceMinister, réussite française de l’ecommerce, passait sous pavillon japonais. Rakuten, archi leader nippon, rachetait la société fondée, entre autres, par Pierre Kosciusko-Morizet. Hier, 28 avril 2014, ce dernier annonçait son intention de quitter sa société en compagnie de Pierre Krings, autre co-fondateur et directeur général de PriceMinister.
Un projet à définir
Aujourd’hui, Stéphane Soumier interviewait Olivier Mathiot, troisième créateur de l’entreprise de commerce en ligne, désormais président de la structure et Pierre Kosciusko-Morizet.
L’entrepreneur de 37 ans ne sait pas encore ce qu’il va faire. « Je veux remonter une boîte », mais « il faut me donner des idées », ajoute-t-il en guise de plaisanterie. « J’ai plein d’idées évidemment, mais je n’arrivais pas à me projeter dans l’aventure d’après quand j’étais chez PriceMinister/Rakuten ». On n’en sera pas plus, si ce n’est que sa prochaine entreprise sera « montée en France mais sera très mondiale ».
En revanche, sa vision et celle de son collègue Olivier Mathiot de l’état de l’entreprenariat français est beaucoup plus précise – et donc intéressante. Pour eux, il y a encore dix ans, il était impossible pour une entreprise française de se développer en visant immédiatement l’international. Le contexte, les outils, la technologie et surtout la mentalité des investisseurs ne permettaient pas à une entreprise française de voir au-delà du cadre hexagonal les premières années. « Les investisseurs croient rarement dans l’histoire mondiale d’une entreprise française », ajoutait Pierre Koscisuko-Morizet. « C’est le problème de la poule et de l’œuf, même s’il y a quelques exceptions comme Criteo, ou Business Objects ».

Un marché à refonder
Mais la mentalité des jeunes entrepreneurs et les technologies disponibles permettent désormais de penser directement son entreprise à l’international, expliquent les deux cofondateurs de PriceMinister, devenus également des business angels. « Un entrepreneur de 25 ans pense maintenant son entreprise de manière mondiale et mobile », a souligné Olivier Mathiot. Mais avant que la prochaine start-up française soit un consolidateur, une entreprise qui quand elle croît s’agrandit en achetant d’autres sociétés, il va falloir qu’un vrai marché unique européen se crée. Pour Pierre Koscisuko-Morizet, il faut une « Europe solide avec des boîtes françaises qui pensent que l’Europe est leur marché ». Une question essentielle : si on compare des start-up lancées au même moment aux Etats-Unis et en France, l’américaine grossit bien plus vite car elle a un grand marché d’emblée.
Mais les Etats-Unis ont un autre atout. En France, « il manque des investisseurs dans la tranche des 5/10 millions d’euros » a fait remarquer Pierre Koscisuko-Morizet. Ce qui explique sans doute que « la plupart des boîtes [françaises et européennes, NDLR] qui se développent à l’international sont financées par des boîtes US », avance le fondateur de PriceMinister.
Un marché trop fractionné, des fonds à trouver et des mentalités à faire évoluer, l’entreprenariat français a encore de nombreux obstacles à franchir ou araser. La bonne nouvelle, c’est que les choses changent…
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Source :
Interview de Pierre Koscisuko-Morizet