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Orange Business Services lance une offre d'interconnexion de réseaux de stockage SAN à bas coût. Elle s'appuie sur l'Ethernet opérateur plutôt que sur la technologie optique DWDM. Une petite révolution qui va contribuer à l'essor des
PRA.
La bonne nouvelle vient d'Orange. L'opérateur lance cette semaine i-SAN, une offre d'interconnexion SAN (Storage Area Network) clés en main, qui s'appuie non plus sur la traditionnelle fibre, mais sur le protocole Ethernet. Jusqu'ici,
en matière d'interconnexion SAN sur de longues distances, les entreprises n'avaient guère d'autre choix que le DWDM (Dense Wave Division Multiplexing). Cette technologie de transmission optique, proposée par tous les opérateurs, tels Colt,
fonctionne à merveille, mais reste réservée aux portefeuilles bien garnis. Elle a l'avantage d'être robuste et complètement transparente. Le DWDM n'est toutefois pas adapté au stockage. Il n'offre ni compression, ni optimisation.Sous la pression de la réglementation, la plupart des grands comptes ont tout de même déployé leur plan de reprise d'activité (PRA) en s'appuyant sur ces technologies pour interconnecter leurs SAN à distance. Mais bon nombre de PME
restaient jusque-là paralysées par le coût prohibitif de ces réseaux et stoppaient leurs projets. Un vrai casse-tête à résoudre, puisque le PRA devient un élément critique et inévitable pour toute entreprise, riche ou non. L'iSCSI est venu combler
certains manques, surtout pour les petites entreprises qui peuvent ainsi répliquer leurs données sur un site distant à moindres frais. Mais le transport de données sur IP a ses limites, et ne garantit pas de classe de services pour le stockage.' C'est pourquoi nous avons cherché une nouvelle alternative. i-SAN affiche des performances tout à fait acceptables par rapport au DWDM ', explique Hervé Crétin, responsable marketing
Ethernet au sein d'Orange. De quoi faire pâlir la concurrence, surtout pour le prix d'entrée proposé. L'offre démarre, selon Orange, à 4 000 euros par mois avec un routeur à 2 ports Fibre Channel, maintenance comprise, soit un prix environ cinq
fois moins élevé que celui du DWDM. Cette démocratisation de l'interconnexion SAN pourrait donc bien donner un nouveau souffle au marché des PRA. D'autant qu'Orange envisage de proposer i-SAN en hébergement : le site de secours du client est
alors hébergé chez l'opérateur (Orange peut aussi faire appel à un hébergeur, comme IBM). En somme, i-SAN est une petite révolution dans le domaine, ce type d'offre étant, de surcroît, encore unique au monde.
Du ' super Ethernet '
L'interconnexion de deux baies ou de deux SAN sur de longues distances est très exigeante. Le réseau de transport doit faire preuve d'une latence faible et d'une qualité de service de bon niveau. Maîtrisant depuis longtemps les
réseaux métropolitains, Orange a finalement fait le choix d'un réseau Carrier Ethernet (Ethernet opérateur) avec des passerelles Fibre Channel issues du constructeur Brocade. Cela, avec une gestion et une administration du réseau et des passerelles
complètement intégrées. ' La maturité des solutions de réplication (comme SRDF de EMC ou True-Copy de HDS-NDLR) et l'arrivée du Carrier Ethernet dans le monde du WAN nous ont permis d'envisager une plate-forme dotée de classes
de service ', ajoute Hervé Crétin.Le Carrier Ethernet du MEF (Metropolitan Ethernet Forum) a effectivement bouleversé la donne. Bâti sur le standard IEEE 802.3, c'est, en quelque sorte, du ' super Ethernet '.
' L'Ethernet présent dans l'entreprise n'était pas assez robuste pour des applications longue distance. Il a fallu créer l'Ethernet opérateur ', rappelle Guil Yazdi, directeur des ventes de Atrica, qui
a fourni les briques Carrier Ethernet de l'offre d'Orange.Le MEF a donc travaillé à des enrichissements techniques définis autour de cinq axes : les aptitudes de protection (capacité à réagir en moins de 50 ms en cas de problème) ; la qualité de service ; le support des
services TDM (Time Division Multiplexing) ; la gestion des services ; et enfin, la capacité de montée en puissance. En sus, le MEF a planché sur l'interopérabilité des matériels Carrier Ethernet. De manière générale, ce protocole
représente un marché colossal. Certains parlent même du réseau du XXIe siècle. S'il existe depuis au moins cinq ans, il ne trouve ses applications qu'aujourd'hui. Le SAN en est une des plus significatives. Le Carrier Ethernet se
marie en effet très bien avec les réseaux de stockage. Sur Ethernet, il est possible d'avoir une topologie multisite ' any to any '. Une possibilité que le DWDM n'autorise pas, sauf s'il est maillé. Le
Carrier Ethernet, par ailleurs, se défend bien avec les technologies de réplication, qu'elles soient en asynchrone ou en synchrone. ' Le paramètre incompressible est le délai de transit. Le DWDM sera toujours meilleur sur ce
point, mais le Carrier Ethernet arrive à un très bon niveau. Les premières implémentations le démontrent ', souligne Hervé Crétin. Enfin, Ethernet a aussi l'avantage d'être flexible. Il est facile de déménager un site
rapidement, alors qu'en DWDM, l'opération est lourde est complexe. Orange annonce déjà une poignée de clients français en cours de déploiement, mais a préféré en taire les noms. Quoi qu'il en soit, les projets devraient se multiplier.k.frascaria@01informatique.presse.fr
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