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Plus de vingt éditeurs, entreprises et laboratoires de R&D travaillent, au sein du projet IOLS, à la création des plates-formes et des outils de simulation de demain.
Avis aux sceptiques : les pôles de compétitivité ne sont pas des coquilles vides aux noms ronflants, uniquement destinées à recevoir des financements. Ils sont structurés autour de véritables projets, qui en constituent la
colonne vertébrale. System@tic Paris-Région, labellisé pôle mondial en juillet dernier, regroupe plus de 130 acteurs autour d'une douzaine de projets sur les systèmes complexes. Parmi ceux-ci, IOLS (Infrastructures et outils logiciels pour la
simulation) s'attelle à la conception d'une plate-forme et d'outils logiciels de simulation numérique, capables, à des échelles de taille très diverses (de l'atome aux cuves des centrales nucléaires), de coupler plusieurs grands domaines de la
physique (fluides, thermodynamique, etc. ). Les travaux de ce projet phare démarreront d'ici à la fin de l'année.IOLS rassemble 24 partenaires : 12 groupes industriels et éditeurs, neuf laboratoires et centres techniques, et trois PME. C'est la première fois en France qu'autant d'acteurs différents se fédèrent autour d'un tel projet.
' Il existait jusqu'ici une myriade de petits projets certes très intéressants, mais d'une taille insuffisante pour créer une réelle communauté ', explique Jacques Duysens, coordinateur du projet et
directeur de la division énergie et industrie de la société de services CS. Ainsi, grâce à IOLS, le CEA et EDF, déjà à l'origine de la plate-forme de simulation en open source Salomé, vont travailler de concert avec des éditeurs comme Dassault
Systèmes, ESI Group ou Samtech. ' Avec IOLS, nous côtoyons de nouveaux industriels et élargissons la communauté de Salomé-2, note Christian Chauliac, chef du projet simulation à la direction de l'énergie nucléaire
du CEA. Nous collaborerons ainsi davantage avec le domaine spatial, puisque le Cnes, Dassault Aviation, la Snecma et l'Onera font partie du projet. '
Un budget de 44 M d'euros sur trois ans
L'appel à projets sur les pôles de compétitivité, en septembre 2004, a provoqué un élan sans précédent : IOLS, comme les autres projets du pôle, s'est bâti en un temps record. De nombreuses réunions ont été menées ?" plus
d'une par semaine encore en septembre ?" pour définir un programme commun, les responsabilités de chacun, les plannings, etc. ' Nous avons réussi à créer une vraie dynamique entre les participants. Cette dernière ne
demande qu'à se développer, souligne Gérard Roucairol, directeur scientifique de Bull et responsable, pour System@tic, du groupe Outils numériques. Les projets ne sont pas des regroupements d'opportunité pour aller chercher une
manne publique. Ils sont au c?"ur de la stratégie des entreprises participantes. ' Cette implication se vérifie dans les budgets. Chaque partenaire détachera ingénieurs et chercheurs pour effectuer sa part du travail.
Traduits en budget, ces efforts représentent près de 10 millions d'euros pour le CEA, 7 millions pour EDF, 4 millions pour Dassault Systèmes, etc. Soit un total de 44 millions sur trois ans, auxquels s'ajouteront les subventions des pouvoirs
publics. Les membres d'IOLS bouclent actuellement les accords de propriété qui régiront l'exploitation des produits issus du projet.
Utilisateurs et éditeurs y trouvent leur compte
Conformément à la règle en vigueur au sein de System@tic, IOLS associe des utilisateurs avancés (EDF, EADS, Renault) aux fournisseurs de technologie. ' Avoir des utilisateurs autour de la table accélère les
temps de vérification et de validation ', estime Laurent Kott, délégué général au transfert technologique de l'Inria. Les intérêts particuliers de chacun servent le projet, et les entreprises s'impliquent d'autant plus
volontiers qu'elles ne trouvent pas de logiciels répondant complètement à leurs besoins. ' Avec IOLS, nous allons plus loin dans la simulation haute performance ', confirme Jean-Yves Berthou, chef du
groupe informatique scientifique appliquée d'EDF R&D. De leur côté, les éditeurs développeront des outils et des compétences qu'ils réutiliseront dans leurs produits. Les aides publiques accéléreront le mouvement. ' Sans
IOLS, nous devrions vendre les produits que nous avons conçus avant de continuer à développer notre offre ', note Mark Loriot, président de Distene. Cet éditeur, qui emploie sept personnes, a planifié deux embauches.
' Les fonds publics vont servir à recruter des chercheurs post-doctorat pour assurer le transfert des méthodes existant en laboratoire vers l'industrie ', souligne Olivier Allix, enseignant à l'Ecole
normale supérieure de Cachan. Il faut aussi qu'ils soutiennent de nouvelles actions de recherche pour préparer l'avenir.Pour démarrer, IOLS, comme d'autres projets labellisés, n'attend plus que le déblocage des aides publiques, prévu courant décembre. La multiplicité des financeurs (Etat, région, département, communautés d'agglomérations, etc. ) et
l'inexpérience de certains d'entre eux dans le domaine suscitaient toutefois quelques inquiétudes. Mais, en posant les premières règles de fonctionnement le 19 octobre dernier, la commission des financeurs publics les a calmées. Un projet ne
présentera qu'un seul dossier devant la commission, et non pas un dossier par bailleur potentiel. Les collectivités ne soutiendront pas le pôle, mais bien les projets de leur choix.
Les PME ont besoin d'être parrainées
Fin octobre, le montant des aides publiques faisait encore l'objet de pourparlers. Une fois ces problèmes financiers réglés, il restera un autre défi à relever : la meilleure intégration des petites entreprises. Aujourd'hui, si
les grands groupes sont bien représentés, ce n'est pas le cas des PME. Elles ne sont que trois au sein d'IOLS, et une trentaine dans System@tic. Pour les petites structures, participer à ce type de projet n'est pas simple : c'est un
investissement important en temps et en ressources. Et, souvent, elles n'ont pas le réseau nécessaire pour être parrainées. ' Pour vendre un projet aux financeurs publics, il faut être associé à de grands noms et ne pas trop
multiplier les partenaires ', explique Mark Loriot. Sa société Distene participe à IOLS grâce à ses liens étroits avec l'Inria et sa présence sur le site Ter@tec, pôle de calcul haute performance. L'ENS Cachan, elle, a eu
besoin de l'appui d'EADS, avec lequel elle a créé le groupe de recherche Inno'Campus. Pour continuer d'avancer, IOLS et tous les projets de System@tic devront se structurer afin d'être capables d'ouvrir et d'élargir leur communauté à de nouveaux
acteurs.Pour en savoir plus
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