Pôle emploi démystifie la «supposée» pénurie de main-d'oeuvre en informatique

Le marché de l'emploi informatique reste fortement soumis aux aléas de la conjoncture. La pénurie de compétences, avancée par la profession, ne dépendrait que de facteurs exceptionnels (l'an 2000, l'arrivée de l'euro).
Une étude de Pôle emploi sur les métiers de l’informatique arrive à point nommé alors que le chômage est reparti à la hausse et que les plans sociaux s’enchaînent – Logica hier, Alcatel-Lucent aujourd’hui – sur fond de récession.
Ce document rappelle que la profession reste soumise aux aléas de la conjoncture en dépit de la volonté des grandes SSII de se soustraire à ces effets de cycle en accroissant leur chiffre d’affaires récurrent (prestations au forfait, contrats d’infogérance pluriannuels).
Lors de la crise, en 2009, les offres recueillies par Pôle emploi dans l’informatique et les télécommunications avaient chuté de 37 %, soit le double de la moyenne tous secteurs confondus (-18 %).
En 2010, le secteur a bénéficié de l’amorce de la reprise, mais le rebond observé (+15 % contre +11 % en moyenne) laisse subsister un déficit de 27 % par rapport au niveau atteint en 2008.
Les SSII servent d'amortisseurs

Les perspectives d’embauche résolument optimistes évoquées courant 2011 laissent Pôle emploi circonspect. Pour l’agence, « les doléances récurrentes relatives à de supposées “pénuries de main-d’œuvre”, exprimées par certains employeurs, sont particulièrement fréquentes en période de reprise. »
C’est particulièrement vrai des SSII, qui comme d’autres sous-traitants, ont pour fonction de servir d’amortisseurs aux donneurs d’ordre. « Dans la mesure où il s’agit d’investissements souvent lourds, nombre de projets informatiques sont abandonnés ou reportés lorsque la vie économique se dégrade. »
La faible attractivité des emplois

Et quand il y a véritablement pénurie de compétences, elle est liée à des facteurs circonstanciels (l'an 2000, le passage à l’euro). Ces fortes tensions ont été résorbées en reconvertissant des diplômés d’autres filières de formation. Quitte ensuite que ces nouveaux venus viennent ensuite grossir les rangs des demandeurs d’emploi.
L’important turnover du secteur peut aussi être analysé comme la conséquence d’une faible attractivité des emplois. Entre autres facteurs, Pôle emploi cite la charge de travail importante – 73 % des ingénieurs informaticiens déclarent travailler plus de quarante heures par semaine –, l’adaptation permanente des compétences aux nouvelles technologies et la menace de l’offshore.
Les métiers de l'informatique. Pôle emploi
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