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Novell veut sortir Linux du carcan des utilisateurs techniciens. Au menu du prochain Suse : écran 3D, fonction plug and play...
Chaque année ou presque, c'est la même rengaine : les fiançailles entre Linux et le poste de travail sont annoncées. Stimulés par l'arrivée en 2007 de Vista, le prochain Windows, les partisans de l'open source se font de plus en
plus persuasifs. C'est au tour de Novell de monter au créneau, à l'occasion de la sortie cet été de Suse Linux Enterprise Desktop (Sled) 10, sa distribution maison. Seulement, si l'air est connu, les paroles diffèrent. ' Les
nouvelles fonctions de Sled 10 ne représentent pas un nouveau standard en termes d'excellence, affirme dans son blog Jeff Jaffe, directeur technique de Novell. Le but est simplement de proposer un système d'exploitation
suffisamment bon pour le plus grand nombre d'utilisateurs. ' Ce nouveau Linux pour poste de travail n'a qu'une prétention : rivaliser avec la concurrence en termes d'interface.
Séduire un public moins technique
Sur le poste de travail en entreprise, les Linuxiens se recrutent traditionnellement parmi une population d'ingénieurs et de techniciens. Habitués à Unix, ces utilisateurs sont d'ores et déjà acquis à la cause du système
d'exploitation open source. Pour Novell, il s'agit désormais de séduire le cadre supérieur, le directeur de division, le financier ou le commercial. ' Jusqu'ici, les distributions n'étaient pas assez
excitantes ', reconnaît Christophe Therrey, directeur général de Novell en France.Pour toucher ce nouveau public, l'éditeur cible en priorité les VIP de l'entreprise, ces cadres supérieurs le plus en contact avec le monde extérieur. ' Nous devons leur donner envie d'utiliser Linux sur leur
portable professionnel, qu'ils rapportent aussi chez eux ', insiste Christophe Therrey. Pour soutenir la comparaison avec Windows ou Mac OS X, Novell s'est résolu à rendre sa distribution plus attrayante. Pour la première
fois, des tests d'étude de comportement face au produit ont été menés, dans le cadre d'un projet nommé Better Desktop Initiative. ' Les utilisateurs doivent aimer travailler avec cette distribution ',
insiste Jeff Jaffe. Sled 10 emprunte donc aux effets visuels de Mac OS X et de Windows Vista.Des effets rendus possibles par l'intégration de XGL. Ce serveur X open source est une surcouche d'OpenGL, l'interface de programmation pour la conception d'applications générant des effets 3D. Dans Sled 10, il est utilisé avec
Compiz, un gestionnaire de fenêtres et compositeur d'images. XGL tire parti des performances des cartes graphiques 3D pour proposer diverses joyeusetés visuelles : plusieurs bureaux virtuels sur un cube effectuant des rotations, fenêtres
transparentes ou déformées lorsqu'on les déplace, vignettes des applications ouvertes mises à jour en temps réel lors d'une sélection... Futile ? Peut-être. Mais, pour Novell, l'objectif n'est pas tant d'accroître la productivité des
utilisateurs que de leur proposer une interface digne de Mac OS X ou du prochain Vista. L'ensemble fonctionne tant avec l'interface utilisateur Gnome, présente par défaut, qu'avec KDE. Novell a aussi intégré les travaux open source du projet Tango
sur un ensemble d'icônes pour les logiciels open source.Un environnement de travail familier implique aussi des fonctionnalités jusque-là peu courantes chez Linux. Il en est ainsi du plug and play, généralement associé à des besoins ludiques. Avec Sled 10, un lecteur iPod ou un appareil
photo est automatiquement reconnu. Par ailleurs, le système est livré avec un logiciel de gestion des musiques, Banshee, et un gestionnaire de photothèque, F-Spot Photo Management. Ce dernier s'apparente à iPhoto, le logiciel d'Apple intégré à Mac
OS X.Plus généralement, les fabricants tiers peuvent dorénavant fournir des pilotes pour Suse indépendamment des mises à jour de Novell. Un programme, Partner Linux Driver Process, a été mis en place dans ce but. L'intégration des pilotes
s'effectue via Yast (Yet Another Setup Tool), l'outil d'installation et de gestion de la distribution. Installer la distribution devient aussi simple qu'installer Mac OS. Pour la mise à jour du système, Yast se pose en équivalent de Windows Update
dans le monde de Microsoft.Les fonctions liées à la productivité n'ont pas été complètement oubliées. Beagle Desktop Search n'a rien à envier à Spotlight, l'outil de recherche de Mac OS X. Et, comme lui, il est intégré au système d'exploitation. La suite
bureautique Open-Office.org 2.0.2 est livrée en standard, et gère même les macros VBA (Visual Basic Application). Ce qui l'autorise, par exemple, à lire des tableaux Excel complexes. Côté internet, sont inclus dans la distribution un navigateur et
des clients de messagerie et de messagerie instantanée. Philippe Hemmel, directeur technique de StarXpert, SSII spécialisée dans les postes de travail open source, applaudit : ' Dans la conduite du changement, il est
essentiel de rechercher l'adhésion de l'utilisateur. Choisir la séduction, comme Apple, est intelligent. ' Un point de vue que ne partage pas Franz Meyer, directeur Europe du Sud, Moyen-Orient et Afrique de Red Hat.
' Novell recrée ce qu'a fait Apple avec Mac OS : une simple alternative au poste lourd Microsoft, qui séduit peu en entreprise. ' Sa société préfère se concentrer sur les serveurs. Les contrats
gagnés génèrent alors des installations de postes de travail sous Linux, destinés à des populations techniques. Sur le terrain, les entreprises semblent apprécier les efforts de Novell. ' Si l'utilisateur retrouve ses marques
sur son poste de travail, je pense que 90 % des cas d'usage sont résolus ', confie Michel Drouant, directeur de la maîtrise d'ouvrage, de l'architecture et de la sécurité du système d'information pour l'Unedic. Il
n'envisage pas pour autant une adoption massive à court terme. Un projet toutefois à l'étude dans quelques grands groupes français.redaction@01informatique.presse.frPour en savoir plus