Pourquoi Les Pages Jaunes sont si mal en point financièrement

L'éditeur d'annuaires s'est converti à Internet, mais traîne un fort endettement qui pénalise lourdement sa stratégie. Et largue ses actifs pour payer sa dette.

PagesJaunes a cédé 38,92 % de l'éditeur d'annuaires luxembourgeois Editus à P&T Luxembourg, l'opérateur local des postes qui en détenait déjà 51 %. Cette cession est justifiée par l'obligation dans laquelle se trouve l'éditeur d'annuaires papier et en ligne, de restructurer urgemment sa dette.
Cette situation financière très délicate est un paradoxe avéré pour l'éditeur d'annuaires. Depuis le début de 2012, il est l'une des lanternes rouges de la cote à Paris, son action ayant perdu 48 % alors qu'il est devenu un important acteur Internet en France. Pourtant, l'entreprise a été largement bénéficiaire en 2011, dégageant 197 millions d'euros de résultat net pour une marge brute opérationnelle de 44,8 %.
Ces bons résultats sont le fruit de son quadrillage commercial serré du territoire auprès d'annonceurs locaux, de l'importance prise par la géolocalisation de la publicité et de sa conversion réussie dans l'Internet. PagesJaunes a réalisé sur le Net plus de 58 % de son activité au premier semestre 2012, période durant laquelle sa marge opérationnelle fut de 44,2 %. L'entreprise s'est même renforcée sur le Web en rachetant Mappy (plans et cartographie), 123 People ou A vendre A louer (petites annonces immobilières).
Une entreprise étranglée par sa dette

En fait, l'entreprise traîne comme un boulet sa dette qui s'élevait, au 30 juin 2012, à 1,76 milliard d'euros ! Ce montant très élevé est directement issu du montage financier utilisé pour le rachat en 2006 des Pages Jaunes à France Télécom par le fonds d'investissement américain KKR. L'opération a consisté à financer cette acquisition par une importante dette portée par l'entreprise ainsi rachetée. Mais, l'éditeur a dû affronter une reconversion délicate sur Internet, le déclin des annuaires imprimés s'étant accéléré plus rapidement qu'anticipé par les actionnaires alors que la dette courait et court toujours !
L'entreprise a annoncé, fin septembre, avoir obtenu la nomination d'une personnalité indépendante pour l'assister dans ses discussions avec ses prêteurs. Le groupe veut notamment reporter à septembre 2015 le remboursement d'une dette bancaire arrivant à échéance en novembre 2013.
Pour un analyste de chez Gilbert Dupont, la cession d'Editus à P&T Luxembourg, confirme « la volonté de PagesJaunes de réduire son endettement, ce qui pourrait inciter certains prêteurs réticents à accepter le plan de refinancement du groupe ». Mardi, l'agence de notation financière Fitch a annoncé le placement de la note B de PagesJaunes sous surveillance négative, en raison de son endettement. Jusqu'où ira cette spirale ?
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Hansi68
Pourquoi se voiler la face ? Vous avez plus vite fait aujourd'hui de chercher une entreprise sur un moteur que de consulter PJ.
Qui plus est : dans un contexte économique difficile, les entreprises ont logiquement cessé ou réduit leurs investissements dans ce portail onéreux.
Il leur a manqué des partenariats clés avec d'autres prestataires, notamment ceux qui publient des informations de gestion. Dommage.
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