Prêt pour le .arnaque ?
Gilbert Kallenborn, chef de serviceCela vient d'être annoncé : l'Icann, le maître des clés du nommage d'internet, vient d'approuver la libéralisation totale des extensions de noms de domaine. Jusqu'à présent, il en existe une vingtaine, de type générique : .com, .net, .org… Et quelques centaines pour les pays : .fr, .de, .nz, etc. A partir du 12 janvier prochain, on pourra utiliser n'importe quel terme : .dupont, .coca, .voiture, .01business… Les possibilités sont infinies. Enfin presque, car en réalité cette utilisation sera réservée à une élite. Le document nécessaire pour remplir une demande compte à lui seul 352 pages, qui devront être digérées au préalable. En outre, pour chaque requête, il faudra s'acquitter de frais de dossiers d'un montant de 185 000 dollars ! Non remboursables, que la demande soit acceptée ou non. A cela s'ajouteront 25 000 dollars par an de frais de gestion, sans compter les factures pour payer les incontournables consultants sans lesquels il sera quasi-impossible d'arriver au terme du processus. Les nouvelles extensions seront donc l'apanage des grandes organisations qui ont les reins suffisamment solides pour s'offrir une présence de luxe sur la Toile. Autrement dit, il s'agit de “ plumer ” les grandes marques qui se sentiront obligées de déposer leur extension, de peur que quelqu'un d'autre ne le fasse. Reste qu'au niveau de la visibilité marketing, le bénéfice de posséder la sienne propre n'est pas démontré. Pour l'industrie du nommage internet, en revanche, c'est le jackpot. Peu d'entreprises ont les capacités techniques et juridiques de gérer une extension. L'Afnic, qui gère le .fr, emploie à lui seul 55 personnes. Les entreprises vont donc très probablement se tourner vers les professionnels du secteur, comme les bureaux d'enregistrement ou les hébergeurs, qui sont déjà en train de peaufiner leurs offres de service. Il y a quelques années, j'avais demandé à l'un de ces prestataires pourquoi on n'arrêtait pas de multiplier les extensions. Il m'a répondu : “ C'est simple : l'idée, c'est de créer du foncier. ”
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