PS et UMP au coude à coude en matière d'initiatives numériques

En vue des présidentielles, les deux principaux partis avancent leurs propositions. Les entreprises innovantes et les PME sont au coeur des attentions.

En 2007, Facebook et le cloud émergeaient à peine. Quatre ans plus tard, l’informatique a beaucoup évolué, et la France dispose de tous les atouts pour faire beaucoup mieux dans le numérique. Ce n’est donc pas un hasard si le PS et l’UMP ont commencé à investir ce terrain en vue des élections présidentielles. Fin juin, Martine Aubry a présenté le programme numérique du projet socialiste mis au point par le laboratoire des idées du PS. Elle sera suivie, une semaine plus tard, par l’UMP.
A côté des choix de société comme la neutralité d’internet ou le déploiement du très haut débit, les deux partis avancent des propositions économiques liées à la filière numérique et aux PME. « Nous nous attendions à ce que les enjeux sociétaux soient bien appréhendés, commente Loïc Rivière, directeur général de l’Afdel (Association française des éditeurs de logiciels), mais nous avons eu la bonne surprise de voir que les problématiques des PME n’étaient pas laissées de côté. »
Favoriser les sociétés innovantes
Christine Balagué, présidente et fondatrice de Renaissance numérique, complète : « Les deux programmes se rejoignent sur certains points ; ils mentionnent tous les deux des aides au financement des sociétés innovantes. » Le PS propose ainsi le rétablissement du statut de JEI (Jeune entreprise innovante), l’UMP préférant la création d’un statut JEI spécifique aux PME du secteur numérique. L’accent est également mis sur l’importance de la notion d’usages : les financements attribués ne devraient pas tenir compte que des innovations technologiques. « De nouveaux modes d’utilisation des services web dans le cloud apparaissent, rappelle Adrien Schmidt, trésorier du Comité Richelieu. Et même s’ils utilisent des technologies existantes, ils transforment l’écosystème. » Loïc Rivière confirme : « Les innovations liées à l’usage sont parfois qualifiées de “marketing”, alors qu’elles sont cruciales dans le domaine du numérique. »
Pour aider à la constitution du capital des start up, le PS suggère en plus la création d’une Banque publique d’investissement (BPI) qui n’interviendrait pas dans la gouvernance.
UMP et PS proposent un Small Business Act
Parti socialiste et UMP proposent la mise en place d’un Small Business Act, limité toutefois aux achats dans le secteur des hautes technologies en ce qui concerne l’UMP. Ce mécanisme en vigueur dans des pays comme les Etats-Unis réserve l’accès de certains marchés publics aux PME. De fait, « il faut faciliter le développement industriel des PME. Et ce qui leur manque le plus, c’est de l’aide pour la commercialisation de leurs produits », explique Adrien Schmidt.
Ces systèmes vont cependant à l’encontre des accords de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Le think tank Renaissance numérique préconise du coup plutôt la mise en place d’un Business Innovation Act qui ajouterait des critères dans certains marchés publics pour privilégier les sociétés innovantes sans sortir du cadre de l’OMC.
En résumé, « si le numérique semblait perçu comme un outil de mobilisation électorale plutôt que comme un facteur de croissance économique lors des précédentes campagnes, les responsables politiques ont pris conscience de son importance dans le devenir économique et social du pays », se félicite Loïc Rivière. Les suites de la campagne permettront de vérifier cette prise en compte du numérique dans les programmes des partis.